Tu as appelé cet EP “Prosaïque”, ce n’est pas forcément un nom hyper enchanteur. Dans le dictionnaire, le mot est même défini comme “sans poésie, terre à terre”, et pourtant tu as dit que le disque était comme un autoportrait. Pourquoi ce nom ?
Je ne dirais pas que ce n’est qu’un autoportrait. Je dis ça dans le sens où forcément, quand on écrit, on s’inspire du vécu, donc de nous-même et du monde qui nous entoure. Dans le morceau “Prosaïque”, je dis “un têtard dans une marmite, dans un monde prosaïque”, parce que justement, dans ma démarche et dans mon style d’écriture, j’essaye de développer un côté un petit peu poétique. Donc c’est un personnage qui essaie d’évoluer dans un monde qui au final est assez terre à terre, assez brut, implacable. Et donc c’est ce contraste-là que je voulais mettre en avant, “prosaïque” c’est surtout le monde qui entoure le personnage.
Ce qui t’inspire pour écrire, c’est ta vie, tes expériences au sein d’une société un peu malade. Est-ce que tu veux avoir cette sorte de posture de chroniqueur de la société ?
Ce serait peut-être paradoxal de te dire non parce que j’aime bien faire des portraits dans mes morceaux, j’aime bien décrire les choses. Donc oui, indirectement c’est ce que je fais. Après, je ne me dis pas spécialement que j’endosse cette posture de chroniqueur. Mais dans ma façon d’appréhender l’écriture et ce que j’ai envie de raconter, forcément, ça dépeint des situations. Après, est-ce qu’on ne peut pas dire ça de tous les auteurs, de tous les artistes ?
Tu as eu l’occasion de faire pas mal de belles dates suite à ton premier opus déjà, est-ce que ça t’a apporté quelque chose ? Une expérience que tu as pu réinjecter dans cet EP ?
C’est sûr. Déjà tout ce qui m’est arrivé au niveau des dates et de la reconnaissance professionnelle, ça donne de la confiance. C’est quelque chose que tu peux réinjecter après dans ton travail. Quand tu te remets derrière tes machines ou derrière ton texte, tu as acquis une certaine confiance en toi que tu n’avais peut-être pas au début. Tu peux te trouver plus facilement. Évidemment, il y a eu un avant et un après. Peut-être que tous les artistes te diront ça, mais c’est vrai que quand je finis un projet et que je me dis que je dois en commencer un nouveau, mon objectif c’est de me dire je me suis amélioré dans tout, que ce que je vais produire sera mieux que ce que j’ai fait. Je ne dis pas que j’y arriverais toute ma carrière parce que c’est très compliqué, forcément le renouvellement, mais en tout cas, c’est ce que j’essaie de faire.