10 heures du matin. Yassine Bendada enfile ses gants de boxe et commence son entraînement. Un entraînement qui durera huit heures. La salle où il tape sur son punching-ball a tout d’une salle de boxe habituelle. Sauf que, entre les accessoires sportifs, on remarque une installation vidéo, des photos et des dessins. Parce que nous ne sommes pas dans un club de sport, mais dans un musée.
Jusqu’au 28 mai, le MIMA, le musée d’art urbain situé dans les anciennes brasseries Belle-Vue, sur le canal, à Molenbeek, accueille "Local Heroes", une exposition qui mêle art et boxe. D’ailleurs, on n’est pas sûr que le terme "exposition" soit vraiment bien choisi : "Je ne dirais pas que c’est une exposition, affirme Raphaël Cruyt, un des responsables du musée. C’est plutôt une expérience, la re-création du gymnase grec. L’idée, c’est de retrouver le lien qui existe dans toutes les cultures entre sport rituel et art. Aussi bien art plastique que musique ou design." Car, dans l’antiquité, le gymnase accueillait non seulement les sportifs, mais aussi les artistes.
Le Noble Art
La visite est une expérience assez unique. C'est probablement une des premières fois que boxe et art se retrouvent aussi intimement mêlés. Au deuxième étage du musée, un vrai ring de boxe vous attend. Quand il n’accueille pas de match, il est occulté par deux voiles, sur lesquels une installation vidéo montre deux boxeurs (évidemment !) qui s’entraînent seuls contre leur ombre. Le tout au cœur d’une ambiance sonore plus vraie que nature.
Pour Yassine Laabidi, médaille d’argent 2022 de la Vlaamse Boksliga, ce mariage entre art et boxe est tout à fait naturel : "La boxe est aussi appelée le Noble Art. Sur un ring, on ne voit pas que la frappe, on voit aussi le mouvement, la danse. Ce n’est pas forcément celui qui frappe le plus fort qui remporte le match, mais celui qui bouge le mieux."
Si artistes et boxeurs sont réunis sous l’expression "Local Heroes", ce n’est pas par hasard : les boxeurs appartiennent à des clubs situés à quelques centaines de mètres du musée. Et les artistes sont tous bruxellois. "D’ailleurs, reprend Raphaël Cruyt, des matches sont organisés régulièrement sur notre ring. A cette occasion, toutes les familles du quartier débarquent au musée pour voir la rencontre qui oppose leurs jeunes." Une manière de faire entrer au musée des gens qui, peut-être, n’auraient pas spontanément poussé ses portes.
MIMA : 39-41 quai du Hainaut, à Molenbeek. Expo ouverte du mercredi au dimanche.