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L’origine du Temps : la dernière théorie de Stephen Hawking, avec son collaborateur belge Thomas Hertog

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Thomas Hertog, physicien, cosmologiste, Professeur de physique théorique à la KU Leuven, ami et collaborateur de Stephen Hawking, était l’invité des émissions Les Éclaireurs et Tendances Première. Il vient de publier L’Origine du temps. La dernière théorie de Stephen Hawking (éd. Odile Jacob).

Thomas Hertog, 20 ans d'amitié avec Stephen Hawking

Thomas Hertog est cosmologiste et Professeur de physique théorique à la KU Leuven. Il raconte dans l’émission comment il fut d’abord le doctorant, puis l’ami et le collaborateur de Stephen Hawking pendant 20 ans. "Ce fut vraiment une vie commune, sans aucune séparation entre la vie privée et professionnelle". Une proximité qui a permis l’aboutissement de leurs travaux. "C’est cette sorte d’intimité dans la recherche et dans la relation professionnelle qui fait qu’on pense si librement. Nous étions confrontés à des problèmes fondamentaux dans la cosmologie. Et pour résoudre ces problèmes, il faut repenser les fondements, donc il faut une sorte de relation très proche avec votre collaborateur dans la physique théorique. Et ça se développe petit à petit."

Thomas Hertog s’est formé à la physique à la KU Leuven puis a effectué un second master, en Mathématiques Tripos Part III à l’Université de Cambridge. C’est à la fin de ce master qu’il a eu l’occasion de rencontrer Stephen Hawking. "Hawking était le premier scientifique je rencontrais qui se laissait vraiment guider par les grandes questions que l’on se pose tous. Il ne voulait pas faire de la philosophie, il l’a dit clairement à plusieurs occasions. Mais en fait, il faisait de la philosophie en faisant de la physique quantique." Thomas est devenu son doctorant et a rédigé sa thèse sur l’origine de l’expansion cosmique. Il a ensuite poursuivi sa collaboration avec Stephen Hawking sur l’inflation cosmique, une branche de la théorie du Big Bang. "Avec Hawking, j’ai dû penser 'out of the box' dans la physique théorique."

Thomas Hertog et Stephen Hawking à Cambridge.
Thomas Hertog et Stephen Hawking à Cambridge. © Libre de droits

Thomas Hertog vient de publier, cinq ans après la mort du célèbre physicien, L’Origine du temps, La dernière théorie de Stephen Hawking aux éditions Odile Jacob. Le livre raconte leur amitié et leur recherche qui a abouti à une nouvelle théorie quantique du cosmos. "J’ai raconté ce voyage scientifique dans ce livre en mettant les grandes questions existentielles au centre. Il faut savoir que normalement, dans notre recherche scientifique, ces questions sont plutôt en arrière-plan, et, ce qui est central, ce sont les formules, le cadre mathématique. J’ai inversé les rôles. Je n’ai pas l’impression que j’ai dû simplifier mon histoire, notre voyage, notre découverte. Non. Je raconte simplement cette histoire d’un point vue humain."

Cette théorie aboutit à une façon inédite de penser nos origines et une nouvelle compréhension de l’univers : "La découverte du Big Bang par le belge Georges Lemaître s’est passée en 1931 mais je pense que l’on n’est toujours pas prêt à vraiment comprendre la profondeur de cette découverte. La théorie que j’ai développée avec Hawking est vraiment un pas vers : ça veut dire quoi l’origine du temps ?"

La théorie du duo Hawking-Hertog ne présuppose pas le temps. "On a presque toujours considéré que les lois de la physique sont des vérités éternelles mais quand on arrive au big bang, un problème se pose. Les lois de la physique ont-elles un rôle transcendant ou sont-elles nées avec l’univers ? Et si oui comment ? Le cœur de notre théorie, c’est un modèle quantique de l’origine du big bang. Et ce modèle nous a montré que […] les lois de la physique ont commencé à évoluer et disparaissent avec le temps. Ça mène à un recalibrage existentiel. Les lois de la physique sont quelque part des phénomènes contingents."

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L'héritage de Stephen Hawking bien prolongé

Thomas Hertog relate aussi les années de réflexion et de collaboration qui ont mené à leur théorie scientifique. Et ce, malgré la dégradation de l’état de Stephen Hawking, devenu à la fin de son existence, incapable de communiquer, même par logiciel. Thomas trouvait alors dans la lueur des yeux de Stephen les réponses à ses questions. "À la fin je pouvais détecter plusieurs niveaux de non et plusieurs niveaux de oui […] grâce à la communication et l’entente que nous avons développée pendant 20 ans."

Outre son travail aux côtés de Stephen Hawking à Cambridge (Département de Mathématiques appliquées et Physique théorique), Thomas Hertog a aussi été chercheur à l’Université de Californie à Santa Barbara et à Paris VIII. Depuis 2005, il est membre du prestigieux laboratoire du CERN à Genève. Il est aussi membre du conseil de la Faculté des Sciences, du conseil du département de Physique et Astronomie et membre du Comité pour la Recherche de la KU Leuven.

Thomas Hertog s’intéresse à la vulgarisation scientifique et souhaite rendre ces théories du cosmos accessibles au public non spécialisé. En 2021, il a ainsi parié sur le monde artistique. Il fut le curateur de deux expositions, " Imaginer l’univers " au musée M et à la bibliothèque université à Louvain et " Cosmos " au Centre d’Innovation et de Design au Grand Hornu, en collaboration avec Hannah Redler Hawes, spécialiste de l’art contemporain. L’exposition au Grand Hornu rassemblait des objets et des formes créées par des designers sur le thème de la beauté du cosmos. Cet intérêt s’est aussi concrétisé au sein du livre Big Bang, Imagining the universe, publié en 2022, qui combine les apports de scientifiques et d’artistes offrant un large panorama des représentations de l’univers à travers le temps.

Actuellement, Thomas Hertog dirige l’Institut de Physique théorique du département de Physique et Astronomie de la KU Leuven. Il y étudie les liens entre la théorie du big bang et la théorie des cordes, en se basant sur l’idée que plus on remonte aux origines de l’univers, moins l’espace et le temps n’ont de sens.

Consultez ses publications sur ORCID.

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