Economie

Louer un objet plutôt que de l’acheter : est-ce vraiment intéressant ?

Une formule d’abonnement qui permet de presque tout louer chez Decathlon

© David Wathelet

Par Jean-Christophe Willems

Habitations, voitures, trottinettes, livres, vêtements, outils, vaisselle… La liste de biens et objets que l’on peut louer est longue comme un jour sans pain. S’ajoute à présent la quasi-totalité du catalogue de Decathlon.

Dans les magasins d’Alleur et d’Anvers, une phase de test portant sur 1000 clients vient d’être lancée. Moyennant un forfait mensuel de 25, 50 ou 95 euros, chaque participant pourra emprunter du matériel à hauteur de 400, 1000 ou 2000 euros. Une formule qui évite d’investir dans un équipement sportif qui ne servira peut-être que quelques fois, car les enfants grandissent ou parce que le sport ne plaît plus.

À l’instar des voitures partagées, on paie donc pour l’utilisation, et non plus pour la possession.

La location avantageuse ? Cela dépend

Vaut-il mieux louer à 15 euros une tronçonneuse pour abattre le vieil arbre du jardin de votre tante ou en acheter une petite à 100 euros "parce que cela servira bien un jour ou l’autre" ? Beaucoup optent pour la seconde solution, même si elle est moins économique et moins écologique.

Selon Xavier Marichal, l’administrateur délégué de la coopérative Usitoo, spécialisée dans la location d’objets : "Les gens se disent que s’ils empruntent l’outil de leur voisin et qu’ils l’abîment, ils devront quand même le repayer pour éviter tout conflit. L’acheter permet d’être rassuré. Pour la location, il y a trois barrières importantes : le prix, la distance ou le temps passé pour aller chercher et ramener l’objet et enfin le dépôt de garantie parfois élevé. Nous avons fait tomber ces barrières, mais ce n’est pas pour cela qu’on remarque un engouement."

La coopérative existe depuis 5 ans et "se développe malheureusement moins vite" que prévu. "La période Covid était catastrophique et on est passé d’un millier d’objets à louer à un peu près 350 actuellement. Très largement en tête des locations, ce sont les outils pour des grands entretiens annuels de jardin (nettoyeurs haute pression, scarificateurs…) et de la maison (nettoyeurs vapeur, nettoyeurs de tapis…). Ce sont ceux qu’on utilise très épisodiquement et pour lesquels la location est plus intéressante. Ensuite viennent les objets pour les loisirs et vacances, du jeu de fléchettes au porte-vélos en passant par les ustensiles de camping. Quasi à égalité, on trouve les articles pour les fêtes et réceptions. Les outils de bricolage arrivent loin derrière", relève Xavier Marichal.

Le calcul de rentabilité est plus complexe pour la mobilité par exemple. Les formules de leasing pour particulier attirent de plus en plus de monde, car on a la certitude de payer un prix fixe pendant une période donnée, sans risques de mauvaises surprises. Mais dans la plupart des cas, un achat est plus avantageux sur le long terme. Un leasing peut convenir à des jeunes, pour qui la prime d’assurance est souvent impayable (alors qu’elle est incluse dans le leasing), pour des personnes désireuses de changer fréquemment de voiture, ou pour celles qui font peu de kilomètres car le leasing impose souvent un nombre limité de kilomètres par an. Les gros rouleurs, ceux qui veulent garder longtemps leur véhicule ou les bons négociateurs (lors de la revente), auront tout intérêt à acheter.

En fait, la question de base à se poser, avant tout achat, est : est-ce que je vais le rentabiliser ? Vaut-il mieux louer une tente pour s’essayer au camping ou en acheter une dans le cas où on en ferait à nouveau ? Vais-je acheter une raquette de tennis pour le stage de mon enfant ou en louer une en attendant de voir s’il continue ce sport ?

Pour Xavier Marichal : "quand on en parle, tout le monde est convaincu par le principe de la location. Il y a une adhésion intellectuelle au concept. Mais dans les faits, cela ne se vérifie pas vraiment : le Belge achète beaucoup."

Louer est plus écologique… Souvent

La plupart des enseignes proposant la location se considèrent comme un maillon de l’économie circulaire. Un objet fabriqué une fois sert à de nombreuses reprises dans les mains de plusieurs personnes. "C’est idéal de prolonger la durée de vie des objets car l’impact environnemental est créé principalement lors de leur fabrication. On loue à présent des gobelets réutilisables, ce qui distille l’impact de cette fabrication." C’est Renaud De Bruyn qui le dit, lui qui est chargé d’expertises en déchets à l’asbl écoconso.

Mais ce qui paraît évident ne l’est pourtant pas toujours. "Avec les objets qui doivent être nettoyés fréquemment, on amortit moins vite l’impact de la fabrication. Une étude suédoise a aussi montré que pour les petits outils de bricolage, la distance qui sépare le domicile du lieu de location est déterminante. Au-delà de 30 km, il vaut mieux acheter l’objet que le louer car le trajet est plus générateur de CO2. Sauf si on va le récupérer en véhicule électrique ou en transports en commun. C’est la même chose avec les bouteilles consignées en verre : si elles traversent l’Europe pour être nettoyées avant d’être réutilisées, autant en acheter en plastique !"

Enfin, entre aussi en jeu l’aspect émotionnel. Il est évident que c’est économiquement et écologiquement plus avantageux de louer sa robe ou son costume de mariage que de l’acheter puisqu’a priori, on ne les utilisera qu’une fois. Mais seriez-vous prêts à le faire ?

Sur le même sujet : extrait du JT du 18 mai 2023

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