17 juillet 1918. Le fort de la Chartreuse, bâti par les Prince-Evêques sur les hauteurs de Liège au 19e siècle, sert de prison pour les patriotes belges depuis l’arrivée des Allemands.
Dans la cour intérieure, deux prisonniers russes rejoignent le commandant allemand Bloemer, avec des pelles : ils sont chargés de planter des poteaux et de creuser des fosses. Au même moment, deux officiers déchargent deux cercueils d'un camion et les déposent, ouverts, dans la cour. Nul doute : une exécution se prépare. Louis et Antony Collard, originaires de Tintigny, seront fusillés demain.
Ces deux hommes sont des héros nationaux oubliés de la Grande Guerre. Edith Cavell, Gabrielle Petit, Philippe Baucq et Joseph Ferrant ont eu droit à des récits hagiographiques dès l’immédiat d'après-guerre, quand il s’est agi de célébrer la grandeur de leur sacrifice. On a raconté leur martyr, leur grandeur face à la mort, quand ils ont avancé, sans faiblir, vers les pelotons d’exécution. On a crié à l’injustice et dénoncé la barbarie des 'boches'. On a élevé des monuments à leur nom. À propos des frères Collard en revanche, la mémoire collective est moins généreuse. Pourtant, ils n’ont rien à envier aux plus grands résistants.
Qui étaient les frères Collard ? Quelles actions ont-ils entrepris pour lutter contre l'occupant ? Comment ces patriotes ont-ils été arrêtés ? À travers cette histoire méconnue, L'Heure H lève le voile sur la guerre de l'ombre, celle qui opposa les réseaux de renseignements, dont la Dame Blanche, qui ont fourmillé en Belgique occupée.