Ce sont deux mondes qui ne sont a priori pas habitués à se rencontrer : celui des universitaires et des chercheurs, et celui des artistes et créateurs. Pourtant de plus en plus de ponts se créent entre ces deux univers. Certes, des institutions culturelles comme le Vilar essaient d’attirer un maximum le public étudiant vers leurs spectacles et événements. Mais les liens ne se limitent pas à cela : "On est un théâtre de créations et dans les processus de création, des tas de metteurs en scène travaillent avec des chercheurs, des spécialistes. Quand j’ai par exemple mis en scène un spectacle autour du cerveau, j’ai travaillé avec un neurochirurgien pour être juste dans la proposition artistique. Du fait qu’on est au cœur d’une ville universitaire, on s’est dit qu’on pourrait en quelque sorte se spécialiser là-dedans pour que des ponts puissent être mis en place", témoigne le directeur du Vilar, Emmanuel Deconinck.
Une chorégraphe en résidence à l’UCLouvain
En témoigne, par exemple, la programmation du tout nouveau festival "Out of the Box", dédié aux spectacles qui sortent des sentiers battus, notamment par leur format. Il se tient toute la semaine prochaine à Louvain-la-Neuve. Il proposera notamment de découvrir "Kevin", une conférence spectacle basée sur le travail de chercheurs autour de l’éducation et de la formation. Le festival s’ouvre aussi avec "Mutante", une performance dansée de la chorégraphe Emmanuelle Vincent. Cette dernière est également l’artiste accueillie en résidence par l’UCLouvain pour toute cette année académique. Elle travaillera avec les étudiants de différentes facultés autour de la thématique de la relation entre l’homme et l’animal, dans le cadre d’un cours à option. "Il y aura une partie purement corporelle, où on travaillera autour du lâcher-prise, de l’exploration du mouvement et de vocabulaire chorégraphique, qui va ressortir de leurs personnalités. A côté de cela, on aura toute une phase d’observation de l’animal. On ira au bois de Lauzelle, ou encore observer des chevaux en troupeau", détaille la chorégraphe.
Développer la créativité des étudiants et surtout travailler autre chose que leur cerveau
Qu’on ne s’y trompe pas, il s’agit d’un vrai cours, pour lequel les étudiants inscrits seront notés à la fin de l’année. "On ne leur demande pas de savoir danser, on ne va pas coter leur qualité artistique, mais on leur demande surtout de s’investir dans ce cours, insiste Frédéric Blondeau, le responsable d’UCLouvain Culture. Cela leur permet de développer leur créativité, leur imaginaire, et surtout de travailler autre chose que leur cerveau. Travailler avec leur corps, leurs mains, quand il s’agit de collaborations avec des plasticiens, est très important dans le développement de nos étudiants". L’UCLouvain invite des artistes en résidence depuis une petite vingtaine d’années. Les frères Dardenne, François Schuiten, ou encore Wajdi Mouawad ont précédé Emmanuelle Vincent dans ce rôle. Depuis deux ans, l’université développe aussi un programme autour de la recherche et de la création. Un fonds permet d’associer des artistes à des programmes d’enseignement et de recherche. Il n’y a d’ailleurs pas que les créations artistiques qui se nourrissent du travail des universitaires. "C’est important aussi pour les chercheurs car les artistes leur apportent un autre regard, une autre vision du monde. Cela leur permet de sortir des sentiers battus et de parfois trouver d’autres pistes de solutions", ajoute Frédéric Blondeau.