Tel un conte des Mille et une nuits, Argentine-Croatie oppose mardi deux génies du football, Lionel Messi et Luka Modric, désireux d’aller au bout de leur histoire inachevée avec la Coupe du monde lors d’une première demi-finale du Mondial 2022 qui a tout pour devenir légendaire.
Au stade de Lusail, ce ne sera pas la mille et unième nuit de Messi, mais bien le mille et deuxième match de son immense carrière (790 buts), couronnée de tous les trophées possibles… sauf le titre planétaire.
Le septuple Ballon d’Or, finaliste en 2014, va trouver sur sa route au Qatar une autre légende de ce jeu, lui-même Ballon d’Or (en 2018) et lui-même finaliste, il y a quatre ans : Modric.
Pour que le sésame de la finale de dimanche s’ouvre devant l’un, il faudra forcément que l’autre passe à la trappe. Lequel sortira de la lampe ? Lequel obtiendra d’affronter soit la France, soit le Maroc, opposés mercredi dans l’autre demi-finale ?
"Ça va être un match très dur", a estimé Messi. "La Croatie a prouvé qu’elle était très bonne […] et on a vu que, si on les laisse jouer, ils ont de très bons joueurs qui savent prendre le ballon, surtout au milieu de terrain".
L’Argentine évolue comme à la maison sous les dorures du stade de Lusail où elle dispute son quatrième match, portée par ses milliers de supporters, et où elle espère revenir dimanche pour la finale. Mais pour y parvenir, il faut que Messi, n°10 de l’Albiceleste, domine Modric, n°10 des Vatreni.
Messi "a toujours été un gagnant et un orgueilleux", a fait valoir lundi son sélectionneur Lionel Scaloni. "Quant à Modric, c’est un plaisir de le voir jouer. […] Quand on aime le football, on est heureux de voir ces joueurs sur le terrain."
"Trop chétif"
Entre ces deux géants qui culminent à 1,70 m, il y a eu de nombreux rendez-vous brûlants au fil de leurs carrières respectives, notamment les clasicos Barça-Real quand l’attaquant argentin du Paris SG portait encore le maillot blaugrana. En Coupe du monde, sur leur seule confrontation, la Croatie avait largement battu l’Argentine en phase de poules en 2018 (3-0).
Mais la fin de l’histoire reste à écrire.
L’échec de 2014 contre l’Allemagne (1-0 après prolongations) avait été vécu avec amertume par "Leo", sacré meilleur joueur d’un tournoi qui s’achevait si mal pour lui. Le petit attaquant argentin avait même cru un temps être maudit en sélection, jusqu’à atteindre en 2021 la consécration d’un premier trophée majeur avec la Copa America.
Même désillusion en 2018 pour "Lukita", battu par la France en finale à Moscou (4-2) mais consolé quelques mois plus tard avec le Ballon d’Or. "Un sentiment indescriptible" pour le Croate, qui a toujours eu une petite revanche à prendre sur ses détracteurs.
"Il y a toujours beaucoup de scepticisme à propos de moi, à propos de mes qualités, de mon style de jeu et de mon physique", déclarait-il dans un entretien à l’AFP en 2020. "On a dit que j’étais trop chétif pour atteindre le haut niveau, mais cette adversité ne m’affecte pas, cela me motive encore plus."