Vous dites que l’histoire de Close était en vous depuis longtemps, mais que vous ne vouliez pas en faire le sujet de votre premier film, car c’était trop proche de vous… dans quel sens ?
Lukas Dhont : J’étais un enfant très solitaire, j’avais le sentiment de n’appartenir nulle part : ni dans les groupes de filles ni avec les garçons. A un certain moment des personnes, dont des garçons, ont essayé d’être proches de moi. Mais j’avais peur du regard des autres, des insultes, du jugement, alors j’ai choisi de rester distant. Je me suis éloigné, et c’est une blessure encore aujourd’hui. Ce film est un hommage aux amis que j’ai perdus.
Le thème du cœur brisé, c’est fort traité en relation avec l’amour romantique, et pas beaucoup en amitié
Close raconte une amitié dans ses joies mais aussi ses difficultés…
Le thème du cœur brisé dans la création artistique, c’est quelque chose qui est fort traité en relation avec l’amour romantique, et pas beaucoup dans l’amitié. (NDLR : on pense à L’Année Prochaine (2014) de Vania Leturcq (Pandore) qui raconte une rupture entre deux amies). Dans ma vie, j’ai perdu des amis, et ça m’a brisé le cœur aussi. Les amitiés, ce sont des relations fondamentales dans notre vie. On sort d’une pandémie qui nous a isolés, et on a senti l’importance du lien, de la connexion. Moi, ça m’a d’autant plus fait ressentir l’importance de l’amitié dans une vie. Les relations amicales, pouvoir compter sur quelqu’un et être là pour quelqu’un, c’est universel. J’avais envie de créer une expérience de cinéma qui pouvait traduire tout ça.
►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici
Que vouliez-vous raconter sur cette amitié entre garçons ?
J’avais envie de montrer une amitié fusionnelle, intime, entre deux garçons, parce que j’ai le sentiment que ce sont des représentations plus rares. Nous sommes davantage habitués à voir une amitié, disons sensuelle, tactile, entre filles. Pour des garçons, pour des hommes, c’est différent. Et j’avais envie de montrer la beauté et la fragilité de deux garçons l’un à côté de l’autre dans un lit, comme Léo et Rémi. Mais aussi comment le fait de tout vouloir enfermer dans des cases peut casser cette pureté.
Avec l’arène du hockey sur glace et ses combats, je voulais évoquer la masculinité, mais aussi le sentiment de culpabilité