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Cinéma

Lukas Dhont ("Close") en quête de l’Oscar du meilleur film étranger : "J’espère que ce film rendra la Belgique fière"

L'invité de Matin Première : Lukas DHONT

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Quatre ans après son premier long-métrage, le jeune réalisateur belge Lukas Dhont a remporté le Grand Prix du jury au festival de Cannes pour son film "Close", qui sortira ce 1er novembre. Grâce à cette pellicule, Lukas Dhont, 31 ans, représentera la Belgique aux Oscars en mars 2023. Pour Matin Première, il revient sur les spécificités de son film, sur les masculinités et sur ce que représente, pour lui, le cinéma.

Depuis le mois d’août, le réalisateur d’origine flamande fait le tour des Etats-Unis pour présenter le film. Aller aux Oscars, "c’est un rêve d’enfant. J’en rêve depuis mes 12 ans et que ma maman était fan de Titanic. J’ai grandi avec le cinéma américain, qui reste très important pour moi."

Avec Close, le réalisateur met en scène l’histoire d’une amitié entre garçons où Léo finit par s’éloigner de son ami Rémy. Le personnage de Léo éprouve de la culpabilité après la perte de cette amitié sincère qu’il a pour Rémy, et se ferme sur lui-même (d’où le titre du film).

(Les Oscars) c’est un rêve d’enfant

Bande-annonce de "Close"

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Bilinguisme

A 31 ans, le réalisateur d’origine flamande revendique le cinéma bilingue, à savoir francophone et néerlandophone à la fois : "Pour "girl" (son film précédent, ndlr), je me suis rendu compte à quel point c’était beau d’avoir les deux langues dans un film. Rare aussi, parce que notre secteur culturel est très divisé. J’ai donc eu ce désir de continuer et de m’identifier comme réalisateur belge qui peut travailler avec les deux côtés de notre pays".

Je me suis rendu compte à quel point il était beau d’avoir les deux langues dans un film

Le film "Close" est-il tiré d’une expérience personnelle ? Pour le film, Lukas Dhont dit avoir été interpellé par une recherche américaine faite parmi 150 garçons de 13 à 18 ans et qui portait sur le sentiment d’amitié. "À 13 ans, leurs témoignages sont pleins de tendresse. Ils parlent des amis comme des histoires d’amour. Plus tard, vers 15-18 ans, on voit que ces garçons n’osent plus utiliser un langage d’émotion à propos des autres garçons. Ils ont comme perdu ce vocabulaire". Cela a touché le jeune réalisateur. Celui-ci s’est souvenu du même sentiment qu’il avait éprouvé dans sa jeunesse. La peur de l’intimité avec des garçons de son âge. Mais le film, va au-delà, dit-il, de son expérience personnelle : "ça parle masculinité et de cette société où on apprend aux garçons dès leur plus jeune âge à ne pas cultiver la tendresse, la vulnérabilité et finalement aussi la connexion".

 

Le regard des autres

Il s’agit donc là pour le talentueux réalisateur d’un film sur importance de connexion entre les êtres humains -"écrit en période de pandémie où j’étais confronté au manque de mes amis", se souvient-il. "C’est très universel, la force de l’amitié. Mais aussi la fragilité de cette amitié. Ça peut nous briser le cœur ". "Nous sommes conditionnés à regarder l’intimité et sensualité entre garçons comme quelque chose de sexuel. C’est une chose très explorée dans le monde sensuel féminin sensuel. Mais dans la représentation de l’imagerie masculine on voit bien plus la guerre que la sensualité".

(L’amitié) peut nous briser le cœur

 

Lukas Dhont à Cannes

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Chorégraphie

Le film ne parle pas d’homosexualité ni d’homophobie, pour Lukas Dhont. Il s’agit d’un film sur la masculinité et l’amitié. "Mais on ne parle pas de la sexualité des deux garçons dans le film. Moi, comme scénariste, je m’en fous".

Le thème du "non-dit" est exploré dans le long-métrage. "Pour moi, le contraste entre l’intérieur et l’extérieur est très important". Et le cinéaste de se souvenir de sa jeunesse : "je ne pouvais pas communiquer sur les choses qui se passent à l’intérieur. Le cinéma était mon plan B : je voulais être danseur et puis j’ai arrêté à 12 ans pour poursuivre mon rêve de réalisateur". Et le cinéaste de se confier :" parce que je commençais à comprendre que ma manière de bouger, de danser gênait les personnes autour de moi. Parce que c’était très féminin et maniéré. C’est une blessure pour moi d’avoir arrêté la danse si tôt. Parce que j’aurais aimé continuer ce rêve". Mais pas question pour autant pour le réalisateur de renier ce passé : "quand j’écris un scénario, j’écris comme un chorégraphe. J’écris des costumes, des mouvements, des regards plutôt que des mots". Des décors des images et les mouvements sont au centre.

Il y a une vraie liberté (dans le cinéma belge)

Emilie Dequenne, qui joue dans le film, ne tarit pas d’éloge sur le réalisateur de 35 ans. Et celui-ci de lui rendre la politesse en la comparant à Kate Winslet. "C’est l’actrice qui m’a appris le plus sur le fait de jouer, d’être comédienne". Lukas Dhont dit aussi être très honoré d'"être parmi des réalisateurs et réalisatrices (belges, comme les frères Dardenne) qui tous et toutes font des choses différentes. Il y a une vraie liberté (dans le cinéma belge). Nous ne sommes pas très grands mais il y a cette idée qu’on va montrer qu’on peut faire du cinéma".

Close sortira dans les salles mercredi prochain.

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