Week-end Première

Luthier : une vocation pour être à l'unisson entre créativité et Histoire

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Métiers d’art et d’artisanat, à la croisée des mondes de la matière, de la musique et de la science des sons, le métier de Luthier résiste à grand coup de patience et de talent à l’usure du temps. Un métier qu’on explore en compagnie d’Olivier Marchal, sociologue et directeur de la Cité des Métiers de Charleroi.

Pour parler du métier de luthier, on aurait pu choisir d’évoquer cette ville chinoise d’Huangqiao entièrement dédiée à la production de violon. Et de la Chine qui produirait 70% du marché mondial. Mais l’angle des artisans, locaux et produisant des instruments de qualité, a retenu notre attention.

Luthier, une histoire d’instruments et de mode

Pour explorer l’histoire de la Lutherie, qui consiste en la fabrication d’instrument de musique en bois, à cordes pincées comme la guitare, la mandoline, le luth ; ou à cordes frottées tels que violons, violoncelles et compagnie. Il faut remonter le temps et croiser quelques joyeux ancêtres aux noms d’oiseaux : Ravanastron en Inde ; Rabab en Irak, Routh, Fiddle, Lyra, plus au Nord, et le Vuelha de l’Espagne Arabo-Andalouse qui donnera plus tard Vièle, la Viole et le Violon.

Plus sociologiquement, on le sait à présent, durant l’Histoire, un métier n’apparait que lorsque la société en a besoin. Par conséquent et par le passé, lorsque les musiciens n’avaient pas de fonction sociale reconnue, leurs instruments ne méritaient guère d’attention et étaient produit à la marge. Les tourneurs sur bois, entre deux charpentes, faisaient des flutes, et les chaudronniers entre casseroles et armures, quelques trompettes.

Sauf qu’à la Renaissance, les choses vont changer. Jusque-là deux stars absolues : dans l’église, l’Orgue et les facteurs chargés de la fabriquer, entretenir, réparer. Et chez les princes : le Luth.

Soudain ! Changement de monde et de mode. L’époque s’éprend de musique d’ensemble réalisée avec des instrument à cordes frottées. Et les cours, les princes, les rois,  tout le monde se met à aime ça. Il faut alors produire, réparer, entretenir violes et violons. Et qui mieux que les fabricants de Luths tout juste tombés en désuétude, pour assumer tout ça, en continuant, ironie de l’Histoire, à se faire appeler : Luthier.

Luthier aujourd’hui

L’essor du passé étant passé, l’éducation musicale, les niches que sont les musiques classiques ou folk, et surtout l’omniprésence des orchestres symphoniques dans le cinéma et les jeux vidéo, ont cependant solidement ancré les instruments à cordes dans la modernité et continuent donc d’alimenter le secteur de la lutherie.

Et des luthiers (hommes et femmes) qui chaque jour, créent, entretiennent des violons, des violoncelles et réalisent pour ce faire des plans, des croquis, des esquisses, sélectionnent les bois, les vernis, et les colles et travaillent de leurs mains sur des instruments d’études ou des commandes sur mesure. Parfois aussi, plus rare et leur procurant une joie intense, ils ou elles restaurent un instrument ancien, rare, ou d’exception.

Dans ces journées bien chargées qui sont l’apanage des métiers à vocation, on pourrait isoler 4 moments clés : la relation clients, le conseil dans sa boutique ; la comptabilité et la gestion d’entreprise ; et ensuite, et surtout les deux suivants qui forment ensemble, le véritable cœur du métier de Luthier : le temps de la recherche, dans les archives, dans l’histoire des techniques et des secrets de famille de grands luthiers, sur le traitement des bois, les essences, les vernis, les courbures, les volumes propres produire chaque fois un instrument à la sonorité unique au monde ; puis le temps passée face de l’instrument qui prend forme. Véritable unisson entre la matière, le geste créatif et le silence de la création (au sens littéral et mystique). Comme un instant suspendu. La grâce d’un artisan façonnant le corps de toute Musique.

© RubberBall Productions / Getty Images

L’artisanat, entre passion et vocation

Luthier est un métier qui nait d’une émotion, d’une rencontre. À écouter celles et ceux qui ont opté pour ce métier, on comprend rapidement qu’il ne s’agit pas d’un job qu’on choisit parce qu’il est en pénurie, à la mode ou bankable, mais parce qu’on suit une vibration intérieure. Ce genre de métier rare, à protéger des assauts de la concurrence chinoise. Mais aussi d’un péril plus grand : l’abandon progressif de la musique et de son apprentissage dans la culture pédagogique et scolaire francophone. La faisant passer d’une pratique essentielle au développement des jeunes, au rang de hobby entre le Foot, le Poney, la Zumba.

De quoi interpeller qui de droit : la musique n’adoucit que les mœurs. Pour tout le reste, elle renforce : la créativité, l’intelligence et la sociabilité. De là à dire que la Musique serait donc d’utilité publique, commençons déjà par être pragmatique, en soutenant plus encore sa pratique et les métiers qui vont avec !

 

Plus  d’infos sur ce métier (et sur tant d’autres), c’est, du lundi au vendredi, de 9h à 12h, sur Miti : la plateforme d’orientation en ligne entièrement gratuite de la Wallonie et de Bruxelles, ou bien, en présentiel avec ou sans rendez-vous, dans vos Carrefours et Cités des Métiers préférées : Bruxelles, Charleroi, Liège et Namur.

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