Il n’est pas possible de prédire individuellement quels patients développeront de façon importante la fameuse protéine ROJH. Mais, explique le professeur Cédric Blanpain, il existe un certain nombre de cancers pour lesquels "ROJH est plus régulièrement exprimé". Parmi ceux-ci, les cancers très agressifs du sein, du pancréas, de l’endomètre, de certains mélanomes… "Il y a une panoplie de cancers qui ont cette capacité à développer plus facilement des résistances au traitement et dans laquelle ROJH est exprimé."
A présent, les chercheurs peuvent envisager deux voies pour améliorer les traitements. "Diminuer l’expression de ROJH" ce qui semble plus compliqué, analyse le directeur du laboratoire "Cellules souches et Cancer" de l’ULB, ou "empêcher ROJH d’agir". Cette dernière option étant une voie plus classique du développement d’un médicament. "En général on développe un médicament qui bloque la fonction d’une protéine."
Mais il s’agit de ne pas brûler les étapes. Des vérifications doivent être faites avant de pouvoir proposer un médicament. "Peut-on enlever ROJH partout dans le corps et que ce soit compatible avec la survie." Ensuite, il faut identifier et valider la cible, c’est ce qu’a réalisé l’équipe de chercheurs avec ROJH. A présent, il faut produire des médicaments qui peuvent empêcher ROJH d’agir. Des centaines de molécules doivent être triées et classées, ce qui prend "un certain temps". Puis, trouver la molécule qui sera efficace et stable dans le corps. Et enfin, montrer l’absence de toxicité de la molécule avant de pouvoir l’administrer à un patient et vérifier sa réponse à la chimiothérapie et si son état s’améliore.
Il faut en moyenne 4 à 5 ans de recherche, explique le spécialiste, avant de pouvoir traiter le premier patient avec un nouveau médicament.