Santé & Bien-être

Lutte contre le cancer : une découverte belge permet de comprendre les mécanismes de résistance à la chimiothérapie

L'invité dans l'actu : Cédric BLANPAIN

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Il existe différents traitements pour lutter contre le cancer. Parmi ceux-ci, le plus utilisé pour traiter les patients à des stades avancés est la chimiothérapie. Or, certaines personnes réagissent bien dans un premier temps, mais après un moment, les cellules cancéreuses commencent à résister. Sachant cela, une équipe de chercheurs de l’Université libre de Bruxelles (ULB) a tenté de comprendre et a découvert comment des cellules cancéreuses pouvaient résister à la chimiothérapie. L’étude a été publiée dans la revue Nature cette semaine.

Cette équipe est menée par le chercheur et professeur Cédric Blanpain, directeur du laboratoire "Cellules souches et Cancer" en Faculté de Médecine. Il étudie le rôle de ces cellules souches au cours du développement du cancer.

La protéine RHOJ, un régulateur important de la résistance à la chimiothérapie

Que se passe-t-il dans les cellules sensibles à la chimiothérapie et a contrario dans celles qui résistent ? Voilà le point de départ de cette recherche, explique le professeur Cédric Blanpain. "Et on a découvert qu’il y avait une protéine qu’on appelle RHOJ qui était très fortement exprimée dans les cellules qui étaient résistantes à la chimiothérapie. On s’est dit que, peut-être, cette protéine RHOJ est importante pour médier (jouer le rôle de médiateur, ndlr) cette résistance."

L’équipe de chercheurs a par la suite "diminué l’expression RHOJ dans les cellules résistantes" et s’est rendu compte que les cellules cancéreuses devenaient à nouveau sensibles à la chimiothérapie. A l’inverse, "augmenter l’expression RHOJ" les rendait résistantes. "Clairement RHOJ était un régulateur important de cette résistance à la chimiothérapie"

Comment améliorer le traitement

Il n’est pas possible de prédire individuellement quels patients développeront de façon importante la fameuse protéine ROJH. Mais, explique le professeur Cédric Blanpain, il existe un certain nombre de cancers pour lesquels "ROJH est plus régulièrement exprimé". Parmi ceux-ci, les cancers très agressifs du sein, du pancréas, de l’endomètre, de certains mélanomes… "Il y a une panoplie de cancers qui ont cette capacité à développer plus facilement des résistances au traitement et dans laquelle ROJH est exprimé."

A présent, les chercheurs peuvent envisager deux voies pour améliorer les traitements. "Diminuer l’expression de ROJH" ce qui semble plus compliqué, analyse le directeur du laboratoire "Cellules souches et Cancer" de l’ULB, ou "empêcher ROJH d’agir". Cette dernière option étant une voie plus classique du développement d’un médicament. "En général on développe un médicament qui bloque la fonction d’une protéine."

Mais il s’agit de ne pas brûler les étapes. Des vérifications doivent être faites avant de pouvoir proposer un médicament. "Peut-on enlever ROJH partout dans le corps et que ce soit compatible avec la survie." Ensuite, il faut identifier et valider la cible, c’est ce qu’a réalisé l’équipe de chercheurs avec ROJH. A présent, il faut produire des médicaments qui peuvent empêcher ROJH d’agir. Des centaines de molécules doivent être triées et classées, ce qui prend "un certain temps". Puis, trouver la molécule qui sera efficace et stable dans le corps. Et enfin, montrer l’absence de toxicité de la molécule avant de pouvoir l’administrer à un patient et vérifier sa réponse à la chimiothérapie et si son état s’améliore.

Il faut en moyenne 4 à 5 ans de recherche, explique le spécialiste, avant de pouvoir traiter le premier patient avec un nouveau médicament.

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