Les Grenades

MàD, l’engagement féministe résonne au Théâtre National

KOKO SLAM GANG.

© Tatjana Henderieckx

Le nouveau festival MàD, pour "Mots à Défendre" débarque à Bruxelles. Pour cette première édition, durant deux week-ends, du 10 au 12 et du 17 au 19 mars, les artistes associées Caroline Lamarche et Joëlle Sambi nous convient à une célébration transdisciplinaire pour honorer la puissance des voix.

Au départ du MàD, des questions : Pourquoi nous battons-nous ? Ou encore, pour quoi nous battons-nous ? Pour qui nous battons-nous ? Dans quel monde dans les débris du monde ? Quelles promesses dans la réponse des corps et des voix ? Pour y répondre : des histoires, des contes, des performances, des expos, du slam, de la poésie, de la danse, du théâtre, des concerts, des ateliers…

Un programme intense qui ouvre les imaginaires et invite à penser la société sous le prisme du féminisme, de l’antiracisme et de l’égalité. Des festivités signées Caroline Lamarche et Joëlle Sambi, autrices associées du Théâtre National dont les cartes blanches témoignent d’engagements puissants.

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Sous le regard de Caroline Lamarche du 10 au 12 mars

Romancière, poétesse, chroniqueuse, Caroline Lamarche ouvre le bal avec son week-end dédié aux questions de justice climatique et sociale, mais aussi de sororité. "Nous sommes devenu·es des madistes nous défendons cette triangulation entre le texte, la voix et le public", introduit-elle. Sa programmation éclectique se révèle d’une grande richesse. Parmi les treize belles propositions, voici nos cinq coups de cœur :

Caroline Lamarche.
Caroline Lamarche. © Colin Delfosse

Parmi les treize belles propositions, voici nos cinq coups de cœur :

  • Patua Nou : une déambulation autour de récits d’exil

L’artiste Dominique Roodthooft s’empare d’un récit imagé sous la forme d’une déambulation en plusieurs stations pour dessiner de nouvelles histoires reliées à l’exil. Celles-ci sont mises en musique par Pierre Kissling et chantées par des jeunes acteur·ices. Un spectacle qui plaide pour une compréhension éclairée de l’exil comme mouvement vital et universel vers l’ailleurs.

Patua Nou
Patua Nou ©lecorridor

Pour la scientifique canadienne Rebecca Elson (1960-1999), la poésie était un aspect nécessaire de la recherche, une pratique cruciale pour comprendre le monde et la place qu’on y occupe. Les éditions L’Arbre de Diane proposent une performance radio live du podcast De pierres en étoiles, entre observation des astres et poésie, adaptée de son recueil Devant l’immense.

Rebecca Elson – De Pierres en étoiles
Rebecca Elson – De Pierres en étoiles © Angelo di Cintio

Seule en scène, la comédienne Anne Alvaro interprète l’autoportrait en malade mentale de Unica Zürn (1916-1970). Une superbe occasion de (re) découvrir l’œuvre de cette femme artiste, autrice et peintre allemande : "Quelqu’un qui voyage en moi me traverse, je suis devenue sa maison".

© Isabelle Gabrielli

Pour cette création sororale, l’actrice Jeanne Balibar s’est entourée des historiennes Charlotte de Castelnau-L’Estoile, Anne-Emmanuelle Demartini et Emmanuelle Loyer. Seule sur scène, elle porte les voix de l’esclave Páscoa Viera dans le Brésil esclavagiste du XVIIe siècle, de la parricide Violette Nozière dans la France des années 1930, ainsi que de l’actrice et militante Delphine Seyrig dans le monde de l’art post-68.

Les Historiennes – Jeanne Balibar
Les Historiennes – Jeanne Balibar ©Mathilda Olmi

Pendant dix mois, la romancière Caroline Lamarche et la photographe Françoise Deprez ont réalisé une immersion dans les vallées de l’Ourthe et de la Vesdre. Sous la forme d’un diaporama mis en voix, elles portent le vécu des rescapé·es des inondations de juillet 2021 en Belgique.

Sous le regard de Joëlle Sambi du 17 au 19 mars

Poétesse, slameuse, féministe, activiste LGBTQIA+, Joëlle Sambi présente pour ce deuxième week-end une programmation en trois mots-clés : queer, engagement et urgence. Une curation qui se veut aussi résolument festive, car "l’engagement, ça passe aussi par le corps, par la danse, par la fête", confie-t-elle.

Ici, à nouveau, pléthore de découvertes. Parmi les 16 propositions qui s’annoncent franchement vivifiantes, voici notre sélection de cinq rendez-vous à ne surtout pas manquer.

Joëlle Sambi.
Joëlle Sambi. © Tous droits réservés

Un spectacle intergénérationnel mêlant chant, danses, contes et mémoire porté par les deux poétesses Joëlle Sambi, Raissa Yowali et les Kokos (grand-mère en lingala). Que savent les grands-mères que les plus jeunes ne savent pas encore ? Quels sont leurs secrets, ceux qu’on garde toute une vie ? Leurs amours ? Leurs luttes ? Pour qui lèvent-elles le gant ? Que transmettent-elles de leur terre natale ? La Belgique, le Congo, petite et grande histoire ; le Koko Slam Gang les érige en fête populaire avec humour et audace.

Des poétes·ses s’emparent du ring pour un texte improvisé, en face-à-face. Avec Alice Coffin, Camille Pier, Marie Darah, Christine Aventin, King Baxter, Do Nsoseme et Sihame Haddioui. Les catcheur·ses auront trois minutes pour écrire une poésie à partir d’un un mot tiré au sort et convaincre le public… Une soirée qui s’annonce mémorable !

Une lecture performance dans laquelle l’autrice Aurélie Olivier examine ce que l’industrie agro-alimentaire et les fermes disent du monde. Catholicisme, genre et sexualisation des corps, consommation, elle dissèque l’enfance rurale qui a été la sienne.

Les quatre contes - Les deux sœurs, La fée cassée et le mauvais génie, La fée Kai et Le renard plat -, sortent de la plume de Claire Olirencia Deville. Son urgence : raconter des histoires qui mettent au centre de l’action "des personnages racisés, queer, porteurs de handicap, aux corps ne correspondant pas aux normes du diktat médiatique." À noter, lors d’un atelier, l’autrice proposera également aux enfants d’écrire leur propre conte de fées. Chouette !

Avec Wendy Delorme, Rébecca Chaillon, Claire Finch, Élodie Petit et Etaïnn Zwer pour écrire l’irreprésentable, l’explicite, le tendre, le brut et l’érotique. Une pièce de théâtre participative dans laquelle le public est invité à choisir entre plusieurs options pour déterminer le déroulement du récit. Une exploration collective à vivre…

Multiplier les horizons et ouvrir l’institution

À travers le MàD, le Théâtre National entend se décloisonner. "Les regards de Caroline Lamarche et Joëlle Sambi aident l’institution à sortir du cadre. Leurs visions, leurs choix nous libèrent, nous animent et nous amènent sur le terrain. Le devoir d’une institution est de faire preuve d’humilité responsable. Avec le MàD, nous combattons la culture patriarcale", avance Pierre Thys, directeur général et artistique. Résolument ouvert sur les publics, l’événement invite chacun·e à s’exprimer autour ces questions Pourquoi nous battons-nous ? Ou encore, pour quoi nous battons-nous ? Pour qui nous battons-nous ?

Les réponses composées d’une à dix lignes en mentionnant prénom, âge et fonction sont à envoyer à sbotella@theatrenational.be pour le 30 mars au plus tard 2023. Toutes les infos par ici.

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En attendant de découvrir ce nouveau festival, on vous invite à lire la réponse de la poétesse Joëlle Sambi : "Tout est violence. Il y a une certaine indécence à demander la paix, à baisser les armes, à brandir le drapeau blanc et appeler à l’apaisement quand tout est violence. Nous nous battons hors et sur les scènes, petites et grandes, à coups de dents, à coups de mots, à tournures de phrase, en rangs serrés. Je, nous, certain·es, la plupart d’entre nous n’a pas eu de réparation. Ni réparation, ni pardon, ni justice. Alors la plupart, certain·es, je, nous, nous battons. Parce que le respect s’exige et s’arrache, comme on déchire les pages d’une histoire écrite trop longtemps sans et contre nous, je, certain·es, la plupart…"

Pour retrouver l’ensemble de la programmation du MàD, rendez-vous sur : https://www.theatrenational.be/fr/

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.

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