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Malgré de nouvelles mesures, prendre la route reste un danger pour les usagers faibles

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Les chiffres du dernier baromètre de la sécurité routière, publié par l’Institut Vias, parlent d’eux-mêmes : la route est de plus en plus dangereuse pour les usagers vulnérables, notamment les piétons, les cyclistes et les utilisateurs de trottinettes. Ils recensent au total 179 décès sur l’année 2022, ce qui représente pratiquement un décès tous les deux jours. Pour Benoit Godart, porte-parole de Vias, ce triste constat peut s’expliquer par trois raisons :

  • La première semble logique car les piétons et les utilisateurs de vélo et trottinettes sont plus nombreux depuis ces dernières années. Et donc leur nombre augmente par la même occasion dans les statistiques des accidents de la route.
  • Il y a des de plus en plus de vélos électriques que de vélos traditionnels. Étant donné que ces derniers sont plus lourds et plus rapides, les dégâts sont proportionnellement plus importants. Les chiffres indiquent que 4 tués sur 10 roulaient avec un vélo électrique.
  • Troisième explication : la population vit plus longtemps et les séniors aussi se mettent à la mobilité douce. Mais les dégâts qu’ils subissent sont plus importants car statistiquement les personnes âgées se remettent moins bien de leurs blessures que des personnes plus jeunes et donc souvent en meilleure forme. D’ailleurs, la moitié des cyclistes décédés avait plus de 65 ans.

Ce qui ressort également du baromètre c’est que toutes les provinces wallonnes (hormis le Brabant wallon) et Bruxelles ont vu leurs chiffres de décès sur les routes augmenter, tandis que la tendance est à la baisse pour la Flandre. Notons que la Flandre promeut l’utilisation d’autres moyens de transport que la voiture depuis plus longtemps que la Wallonie et Bruxelles. Les infrastructures ont donc été aménagées à cet effet.

La zone 30 à Bruxelles constitue l'une des mesures instaurées pour améliorer la sécurité routière.
La zone 30 à Bruxelles constitue l'une des mesures instaurées pour améliorer la sécurité routière. © Tous droits réservés

Les mesures actuelles sont-elles insuffisantes ?

Des mesures sont pourtant mises en place pour faire baisser ces chiffres et inciter de plus en plus de citoyens à délaisser leur voiture au profit de moyens de mobilité plus douce, tout en conservant l’aspect "sécurité". C’est par exemple l’un des objectifs de la "zone 30 km/h" instaurée il y a peu à Bruxelles. Pourtant, il n’y a jamais eu autant de tués parmi les cyclistes sur les dix dernières années. Néanmoins, le porte-parole de Vias apporte une précision : la grande majorité de ces cyclistes a été victime d’un accident mortel sur des grands axes, où la vitesse est plus élevée. Ce qui rend ces axes logiquement plus dangereux pour les usagers dits vulnérables. En effet, ce n’est un secret pour personne : plus la vitesse s’accroît, plus les dégâts sont importants en cas d’accident et plus le risque de décès augmente également. Pour lui, la zone 30 à Bruxelles est totalement justifiée et utile. Même son de cloche du côté du cabinet d’Elke Van Den Brandt, ministre bruxelloise de la Mobilité, des Travaux publics et de la Sécurité routière. La situation sur les routes bruxelloises est évaluée tout au long de l’année et de nouvelles mesures ont été ajoutées, comme l’explique Marie Thibaut de Maisières, porte-parole de la ministre :

En juillet, le cadre législatif pour les trottinettes a été rendu plus strict, la zone 30 a encore été étendue et la ministre Van den Brandt a demandé à l’administration d’accélérer la résolution des ZACA (Zones à concentration d’accidents en région de Bruxelles-capitale, autrement dit les endroits à haut risque d’accidents, ndlr). Nous avons déjà terminé l’ancienne liste et commencé à résoudre une nouvelle liste d’endroits dangereux.

 

Benoit Godart déplore également le manque de pistes cyclables en Wallonie. Et quand il en existe, elles sont souvent inadaptées. Elles sont parfois mal entretenues, trop étroites ou pas suffisamment sécurisantes. Certaines sont collées à une grand-route où les véhicules circulent à une vitesse de 90 km/h, rendant ainsi dangereux le trafic des vélos ou de tout autre moyen de transport doux.

Une formation approfondie pour les cyclistes serait une piste à explorer.
Une formation approfondie pour les cyclistes serait une piste à explorer. © Tous droits réservés

Alors, quelles solutions mettre en place ?

Des actions sont nécessaires pour faire baisser ces terribles chiffres. Benoit Godart en pointe plusieurs :

  • Plus de sensibilisation : des efforts doivent encore être fournis afin de sensibiliser le grand public à se montrer respectueux envers tous les modes de transport, et particulièrement les usagers vulnérables.
  • Une meilleure formation pour les cyclistes : le respect doit être mutuel et les cyclistes devraient également recevoir de précieux conseils pour prendre la route en toute sécurité pour eux-mêmes et autrui.
  • Amélioration des infrastructures : les installations déjà existantes devraient être mieux adaptées à la situation, quand cela est nécessaire. Il faudrait aussi que l’espace laissé aux vélos soit mieux séparé de celui pour les véhicules motorisés.
  • Plus de répression : les automobilistes en cause dans des accidents devraient être punis plus sévèrement. Actuellement, le problème qui se pose c’est que ces fautifs paient l’amende et peuvent ensuite recommencer. En ce sens, le permis à points représente une solution efficace car une fois tous les points retirés, la sanction serait plus conséquente. Pour l’instant, aucun pays l’ayant adopté n’est revenu en arrière.

Cette liste de solutions est loin d’être exhaustive et d’autres pistes pourraient être explorées. Il est certain que si tout le monde y met du sien, le trafic pourrait devenir plus agréable pour tous.

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