Attention : certaines images dans cet article peuvent être choquantes.
© L214
Attention : certaines images dans cet article peuvent être choquantes.
Un peu plus de deux mois après avoir incriminé un élevage de porcs de l’Yonne, le collectif de défense animale L214 fait de nouvelles révélations sur la maltraitance animale.
Sans compétence, ni formation, Thomas Saïdi, enquêteur de l’association L214 s’est fait embaucher durant 4 mois au sein des services vétérinaires d’un abattoir Bigard (marque Charal et Socopa) en Saône-et-Loire. Il a été témoin d’importants dysfonctionnements au sein des services de l’État et de nombreuses infractions non sanctionnées, entraînant des souffrances terribles pour les animaux.
"La seule question qu’on m’a posée, c’était 'ça va, est-ce que tu as peur du couteau ? Est-ce que tu as peur du sang ?' Et j’ai compris que c’était l’un des seuls critères d’embauche."
Pas besoin d’études supérieures, de grands diplômes, ou même de formation au bien-être animal pour intégrer le service vétérinaire d’un abattoir Bigard. Il faut tout simplement avoir l’estomac bien accroché.
Dans la vidéo diffusée par L214 aujourd’hui, Thomas Saïdi, enquêteur, témoigne de son expérience traumatisante dans l’entreprise. L’enquêteur de l’association, s’est fait embaucher très facilement via une annonce internet en tant que contrôleur à l’abattoir Bigard de Cuisseaux (Saône-et-Loire, France), sans aucune qualification.
L’homme explique dans son témoignage qu’il devait, pendant 4 mois, "réaliser des inspections relatives à la santé et la protection des animaux vivants, au contrôle sanitaire des carcasses et des abats et au respect des règles d’hygiène."
Dans cet abattoir, 500 bovins sont tués chaque jour.
Thomas Saïdi raconte que, malgré ses non-compétences à exercer ce poste, il n’a reçu aucune formation. Une semaine après son embauche, l’homme de 28 ans était déjà seul pour surveiller l’abattage rituel. Après seulement deux mois, il a pu former une nouvelle personne employée.
Les images sont choquantes mais son infiltration permet à l’association de constater "les défaillances des services vétérinaires". A l’aide d’une caméra cachée, Thomas a tout filmé.
Sur un tapis, des fœtus de veau défilent. Ici, on abat des vaches en pleine gestation. On l’apprend ici : "le sérum de veau fœtal ou sérum fœtal bovin est utilisé en laboratoire pour la culture de cellules et de tissus in vitro", explique l’enquêteur.
Dans cette vidéo, on peut voir des vaches entassées dans des enclos à peine plus grands que leur corps, attendre "jusqu’à 48 heures sans manger" ou encore "avec la patte cassée". Des bovins encore conscients, mal égorgés, suspendus par une patte à la chaîne d’abattage sans qu’aucun étourdissement d’urgence ne vienne épargner leurs souffrances.
Les animaux vivants observent leurs congénères se vider de leur sang, les yeux remplis de panique. Dans la cour de l’abattoir, une vache blessée mais bien vivante est soulevée avec un élévateur. Coups de bâton dans les yeux, aiguillon électrique pour que les bêtes avancent plus vite. A de nombreuses reprises, Thomas Saïdi rapporte des infractions à la réglementation.
On peut voir la panique et la détresse dans leurs yeux. Les vaches meuglent, elles crient, elles bavent, elles se débattent. Et ensuite, le piège se retourne à 180 degrés. L’animal est égorgé, conscient.
Thomas Saïdi, enquêteur L214
"Au bout de trois mois, ils se sont rendu compte qu’on m’avait mal expliqué comment découper un animal pour détecter la tuberculose" dénonce Thomas Saïdi.
L’enquêteur rappelle qu’un contrôle de toutes les opérations est normalement nécessaire mais qu’ici, seuls 1 à 2% des abattages l’étaient. Face à ce problème, le vétérinaire officiel de l’établissement met en avant le manque de personnel et les mauvaises conditions de travail auxquelles les employés sont confrontés. "Il n’y a pas assez de personnel, c’est vrai que si on doit suivre le règlement, il faut qu’on regarde tous les animaux au moment de l’abattage, mais ce n’est pas ce qu’on fait dans la réalité."
L214 rappelle que la réglementation exige pourtant, selon l’arrêté du 12 décembre 1997, que les opérations d’immobilisation, d’étourdissement, d’abattage et de mise à mort des animaux soient placées sous la surveillance continue des agents du service d’inspection.
Interrogé le ministère de l’Agriculture, dont dépendent les services vétérinaires de l’Etat reconnaît "un certain nombre de non-conformités manifestes". Il précise : "le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie, a ordonné une enquête approfondie des pratiques de cet abattoir. Cette inspection complète de l’établissement sera réalisée sans délai avec le soutien de la Force d’intervention nationale en abattoir, récemment créée pour venir en appui aux Préfets dans de telles situations. Elle sera réalisée le jeudi 28 octobre. Le ministre prendra toutes les mesures, et notamment les sanctions, qui s’imposent selon les conclusions de cette inspection, en lien avec la Direction Générale de l’Alimentation."
Face à ces négligences, l’association L214 porte plainte pour sévices graves et annonce déposer un recours en responsabilité contre l’État pour manquement à sa mission de contrôle de l’application de la réglementation.
Propriétaire des marques Charal et Socopa, Bigard (4,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires) est le premier industriel européen en viande de bœuf et pilote 29 abattoirs.
Nous avons contacté l’abattoir concerné, qui n’a pas donné de suite à nos demandes.
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