Belgique

Manifestation nationale, Covid Safe Ticket et vaccin obligatoire pour tous ou pour personne, les combats de Myriam Delmée

Par Estelle De Houck, d'après l'invité de Matin Première de Thomas Gadisseux

Le syndicat socialiste organise ce vendredi une manifestation nationale à Bruxelles pour protester contre "la loi de 1996 sur la compétitivité". Pour le monde patronal, cette loi protège les emplois des travailleurs. Mais pour la FGTB, il n’en est rien. Pour quelles raisons ?

Cette loi de 1996 sur la promotion de l’emploi et la sauvegarde de la compétitivité encadre l’évolution des salaires. Pour rappel, cette loi vise, entre autres, à maintenir les salaires dans des marges acceptables par rapport à nos pays voisins. L’objectif : ne pas compromettre la compétitivité des entreprises belges.

Quitte à appliquer une loi et à dire qu'elle est bonne, j'aimerais bien qu'on l'applique dans tous ses aspects ou dans rien

Mais, comme le souligne Myriam Delmée, présidente du SETCA, "la loi de 1996 n’est pas qu’une loi sur l’évolution salariale." La présidente d’une des plus grandes centrales de la FGTB tient tout d’abord à rappeler qu’il existe deux autres volets de la loi : l’emploi, ainsi que l’innovation et la formation.

"Quitte à appliquer une loi et à dire qu'elle est bonne, j'aimerais bien qu'on l'applique dans tous ses aspects ou dans rien."


►►► À lire aussi : Pourquoi la FGTB organise-t-elle une manifestation nationale à Bruxelles ce vendredi 24 septembre ?


Alors pourquoi la FGTB ne veut-elle plus de cette loi de 1996 ? Parce que, selon eux, cette loi les empêche de négocier puisqu'elle limite la marge salariale. "On est dépossédé parce que ce cadre nous est imposé et qu’on ne sait plus rien faire."

Pour illustrer ses propos, Myriam Delmée prend l'exemple de la réduction collective de temps de travail ou du quart d'heure payé. "Je voudrais négocier une réduction collective du temps de travail ou réintroduire un quart d’heure payé dans les entreprises. Mais si je veux les réintroduire maintenant, la marge salariale ne me le permet pas. Cela veut dire que je ne pourrai rien avoir en argent ni en bien-être. Puisque dans l'article 10 de la loi, il y a peu de choses exclues de la marge salariale"

0,4% sur un salaire de 2000 € brut, ça fait huit euros. Cela fait cinq euros net en main. De qui se moque-t-on ?

"Pour s’asseoir à la table des négociations, il faut quelque chose à négocier", répète donc la présidente du syndicat des employés, techniciens et cadres. "Or, vu la manière dont la loi est appliquée pour l’instant il n’y a plus matière à négocier."

A noter que la marge salariale est calculée à 0,4% par le Conseil central de l’Économie. "0,4% sur un salaire de 2000 € brut, ça fait huit euros. Cela fait cinq euros net en main. De qui se moque-t-on ?"

"Quand on voit les dividendes versées aux entreprises, quand on voit les bénéfices qui ont progressé… De 1996 à 2017, les salaires ont augmenté de 98%, indexation comprise. Les bénéfices de 151%. Et les dividendes, de 216%." Selon Myriam Delmée, si on ne cadre pas bénéfices et dividendes, alors il doit en être de même pour les salaires.


►►► À lire aussi : Manifestation nationale : "très peu, voire aucun" bus, métro et tram ce vendredi à Bruxelles


 

Quant à la compétitivité, la comparaison avec nos voisins serait rendue plus difficile depuis la crise du covid. "Les aides ont été tellement différentes de pays à pays que le corona a complètement pipé les dés."

Les comparaisons des coûts salariaux tiendraient donc difficilement la route. Par contre, Myriam Delmée insiste sur le fait qu'hors période corona, la Belgique ne tiendrait pas assez en compte de toute une série de subsides et de réduction de cotisations. Du tax shift et du saut d'index, par exemple.

Jobs, jobs, jobs

Selon la présidente de la SETCA, le tax shift et le saut d'index ont profité ont profité aux employeurs. "Et nous sommes à plus de 4% de différentiel par rapport à d'autres pays."

"Le tax shift était fait pour que l'enveloppe publique passe vers les entreprises, et qu'elle soit synonyme de création d'emplois.Mais en pratique, "la majeure partie du bénéfice est allée vers les actionnaires, et pas vers la création d’emploi. Le fait de diminuer les charges de travail."

Il n’y a pas de paix sociale en Belgique tant qu’il n’y a pas eu d’AIP relatif au salaire

A Myriam Delmée de conclure sur ce sujet : "il n’y a pas de paix sociale en Belgique tant qu’il n’y a pas eu d’AIP relatif au salaire."

La présidente de la SETCA se dit tout de même ouverte au dialogue. "Moi quand j’entends qu’on prévoit 5,5% de croissance d’ici la fin de l’année, je me dis qu'il faudrait un de dialogue."

Mais les relations avec le front patronal restent tendues. Vous l’aurez compris, la manifestation nationale à Bruxelles n’est peut-être que la première d’une longue série.

Qui des règles sanitaires dans les entreprises ?

Quant au pass sanitaire, Myriam Delmée n’y est pas favorable. La présidente de la SETCA préfère centrer le débat sur l’obligation vaccinale. D’après elle, s’il n’y a pas d’obligation, alors les travailleurs doivent pouvoir être libres de se rendre sur leur lieu de travail sans être contrôlés.

"Je ne dis pas que la FGBT est pour ou contre, je dis que si la vaccination devient obligatoire, c’est pour tout le monde ou pour personne. A un moment, venir en coinçant les gens va devenir intenable sur le terrain."

Manifestation et loi sur la marge salariale de 1996 : sujets dans le JT de 19h30 (24 septembre 2021)

Loi 1996 compétitivité : journée de manifestation nationale

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