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Manifestations dans les hôpitaux publics Iris à Bruxelles : pourquoi cette colère ?

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Par Bruno Schmitz

Des hôpitaux bruxellois qui tournent en service minimum, comme un dimanche, alors que nous sommes un mardi. Le personnel et les syndicats du réseau hospitalier Iris à Bruxelles ont une nouvelle fois exprimé leur mécontentement. Les travailleurs de l’hôpital Saint-Pierre, de Brugmann ou encore l’hôpital des Enfants ou de celui d’Ixelles se disent en pénurie, exténués et au bord de la rupture.
Alors ce genre de malaise, on le retrouve dans presque tous les hôpitaux belges, surtout publics en ce moment. Mais à Bruxelles, il serait encore accentué.

Un financement qui fait grise mine…

D’abord, à cause de la pénurie d’infirmiers et d’infirmières notamment, on a dû réduire le nombre de lits dans pas mal d’hôpitaux, faute de pouvoir garantir des soins corrects aux patients. Or, en Belgique, les hôpitaux sont surtout financés en fonction du nombre de lits justement qu’ils proposent. Moins de lits, c’est donc moins d’argent reçu. Mais l’hôpital il faut bien le chauffer, payer l’électricité, l’eau, le nettoyage. Et ces frais fixes, ils ne changent pas ou presque. Certains ont même largement augmenté ces derniers mois avec l’explosion des prix de l’énergie. Premier problème.
Pour compenser tout ça, les hôpitaux pourraient demander aux patients de débourser un peu plus. Mais à Bruxelles, nombre de ces patients sont pauvres ou sans moyens. Par exemple, 60% des bénéficiaires de l’AMU (aide médicale urgente – notamment les sans papiers donc) qui passent à l’hôpital en Belgique le font à Bruxelles. Or, Bruxelles serait loin de toucher 60% du financement fédéral pour ce genre de service rendu aux plus précarisés. Deuxième problème.

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… qui entraîne un cycle infernal

Et ces problèmes financiers s’ajoutent donc à la pénurie de personnel. Un cocktail plus que problématique. Cela amène encore plus pression sur celles et ceux qui restent et continuent à travailler dans les hôpitaux bruxellois. Et qui dit plus de pression, dit aussi des burn-out, des absences et des départs.
Donc, moins de personnel. Et moins de personnel, ça veut dire une suppression à terme de lits et donc une diminution du financement. Ce qui va à son tour remettre encore plus de pressions sur ceux qui continuent à travailler, etc… C’est le cycle infernal.

Parmi les pistes envisagées pour enrayer le phénomène, les syndicats demandent un refinancement du secteur hospitalier de la part du fédéral. "Par exemple, en maintenant le financement constant, même si on diminue le nombre de lits parce qu’on manque de personnel. Cela soulagerait au moins ceux qui restent et dégagerait peut-être des marges pour pouvoir à nouveau attirer des jeunes et engager", explique Carine Rosteleur du syndicat CGSP.

Autre piste : demander un effort à la Région bruxelloise. Le réseau Iris étant public, ce sont des communes bruxelloises qui se trouvent derrière les hôpitaux qui le composent (Bruxelles-Ville, Ixelles, Saint-Gilles…). Ces dernières années, ces hôpitaux ont fini l’année avec des déficits. Et ces déficits ils doivent être compensés par les CPAS des communes en questions. Pour l’instant, la Région propose une enveloppe de 10.000 000 euros chaque année pour y faire face. "Mais c’est aujourd’hui largement insuffisant", explique Jean Spinette, bourgmestre de Saint-Gilles et administrateur du réseau Iris. "Ce montant n’a pas été adapté ni augmenté depuis de nombreuses années. C’est quelque chose qu’il faut envisager. Sinon, il y a un vrai risque à terme aussi pour les communes et leurs finances. Et comme c’est la Région qui devra intervenir pour aider les communes si elles coulent au niveau financier, autant intervenir directement maintenant pour augmenter cette enveloppe d’aide aux hôpitaux".

Le temps de s'habiller ne serait plus du temps de travail aux hôpitaux Iris

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D’autres gains plus rapides peuvent être réalisés pour soulager le personnel, indique Carine Rosteleur du syndicat CGSP. "Par exemple, en considérant à nouveau que le temps que les infirmiers et aides-soignants mettent à s’habiller en tenue médicale au début de leur service soit à nouveau considéré dans leur temps de travail, comme c’était le cas il y a quelques années. Idem pour retirer ses vêtements médicaux une fois son shift de travail terminé".

Le personnel des hôpitaux Iris et les syndicats promettent d’autres actions à venir si rien ne bouge pour eux dans les semaines qui viennent.

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