Si un appel d’offres pour un marché public comporte des conditions trop restrictives, c’est d’abord aux entreprises susceptibles de participer à l’appel d’offres de s’en rendre compte et d’agir. "On peut attaquer en justice, on peut attaquer le marché public en tant que tel", explique Me Cyrille Dony.
Par exemple, un fournisseur qui n’aurait pas pu participer à un marché parce que les conditions étaient trop restrictives sans être objectivement justifiées peut se tourner vers la justice. "Vous avez des opérateurs économiques qui introduisent des recours en suspension ou en annulation, où on essaye de casser le marché pour pouvoir y participer", explique Me Dony. Ces fournisseurs tentent alors de convaincre la justice que rien ne justifie objectivement les conditions techniques d’un appel d’offres si ce n’est de réussir à restreindre le nombre de candidats.
L’autorité qui organise le marché public est alors amenée à justifier les critères qu’elle a inscrits dans l’appel d’offres.
Ces recours en annulation ou en suspension sont les recours les plus fréquents. Ils ont des chances d’aboutir, mais il faut les tenter dans les délais, c’est-à-dire avant que le marché soit attribué. Après, c’est trop tard.
Une fois le marché attribué, un fournisseur peut encore tenter la voie judiciaire pour demander une indemnisation au prétexte qu’il n’a pas pu participer à l’appel d’offres en raison des conditions restrictives. Ce type d’action en justice est plus rare, "simplement parce que c’est compliqué d’obtenir gain de cause", selon Me Dony. "On doit réussir à convaincre un juge qu’on aurait pu participer au marché et que si on avait participé on aurait sans doute eu une bonne chance de l’obtenir", explique Me Dony en précisant que "c’est évidemment fort compliqué".
A part les recours en annulation ou en suspension avant l’attribution du marché et les demandes d’indemnisation de prestataires lésés une fois le marché attribué, la justice a peu d’emprise sur les marchés publics. Sauf s’il y a des malversations de la part des organisateurs du marché public avec, par exemple, un enrichissement personnel ou la perception de pots-de-vin.
La Cour des comptes pourra, peut-être, dans le cadre de ses audits, se pencher sur un marché public et rendre un avis négatif mais celui-ci n’entraînera pas forcément des sanctions.
Il semble qu’il faut davantage compter sur les règles internes à l’autorité qui a organisé le marché public. C’est à ce niveau-là qu’éventuellement des sanctions pourraient tomber. Telle ou telle personne impliquée dans le marché public pourrait se voir reprocher des responsabilités et subir des sanctions disciplinaires, voire un licenciement.