Jam

Marie Davidson & l'Œil Nu : une collaboration qui fait sens

© Jocelyn Michel

Temps de lecture
Par Diane Theunissen

Mardi soir, les montréalais Marie Davidson & L’Œil Nu étaient de passage au Botanique pour défendre Renegade Breakdown, leur premier album sorti en 2020 sur Ninja Tune. Une bière dans chaque main et le sourire aux lèvres, on a passé la soirée à danser sur des beats saccadés, envoutés par les guitares psyché et les paroles sombres, drôles et engagées d’une frontwoman libre et déjantée. 

Loading...

Il est loin le temps de la techno et des club nights à gogo. L’année dernière, la musicienne et productrice canadienne Marie Davidson balançait un tout nouveau projet avec un band tout frais : L’Œil Nu. Accompagnée de son ami de longue date Asaël R. Robitaille et de son mari Pierre Guerineau – avec qui elle forme également le duo Essaie Pas –, l’artiste s’est émancipée de sa techno existentielle pour se concentrer sur des chansons plus pop, tout en refusant la conformité.

Dans l’ambiance intime et enfumée de la Rotonde, le concert commence sur l’incontournable “Renegade Breakdown”, l’un des titres phares de l’album. Au rythme des beats et synthés à l’intersection parfaite de Justice et Kraftwerk, Davidson chante à la façon Mylène Farmer des paroles teintées d’humour noir, et étale avec franchise les déboires de la vie d’artiste. “Denied my application? I'm not a slave of your institution. You want a weapon of mass distraction, I’ll give you a demonstration. Oh by the way, there are no money makers on this record. This time, I'm exploring the loser's point of view. Never mind the term. It’s a renegade breakdown,” débite-t-elle d’un ton assuré, fixant la foule subjuguée.

Loading...

On a ensuite droit à une interprétation fiévreuse et intrépide de “C’est parce que j’m’en fous”, un titre engagé qui confirme les prises de position féministes de l’artiste, ayant elle-même longtemps évolué dans une industrie dominée par les hommes. La température augmente, les gens dansent, applaudissent, et se régalent des guitares électriques et psychédéliques de “Persona”, la dernière sortie du groupe. Après quelques titres plus expérimentaux, on arrive sur “Back To Rock”, un morceau en anglais qui démontre encore une fois la versatilité musicale du groupe : après 5 bonnes minutes de rock à l'ancienne, Robitaille nous livre un solo de guitare comme on n'en voit plus.

Loading...

En plus d’être une bête de scène, Davidson parvient à créer une connection sincère avec son public, et profite des moments de battement pour partager certaines de ses expériences passées. Alors que retentit la dernière note de son célèbre tube "Work It” – véritable must du dance floor paru sur son dernier album solo – l’artiste nous regarde droit dans les yeux et raconte avec une solidité sans égale la genèse de cette chanson : l'envie de combattre son anorexie, et de ne jamais rien lâcher. Tout de suite, le morceau prend tout son sens.

Avec ce projet, Marie Davidson et ses acolytes de L’Œil Nu ont eu envie de suivre leur instinct afin de proposer une musique nouvelle, variée et délicieusement honnête. Une chose est sûre, c’est très réussi. 

Inscrivez-vous à la newsletter Jam

Recevez chaque semaine toutes les actualités musicales proposées par Jam., la radio "faite par des êtres humains pour des êtres humains"

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous