Cinéma

Marilyn Monroe : il y a 60 ans, la disparition d’une icône bien plus complexe qu'un Boop-boop-a-doop

Marilyn Monroe

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Par Africa Gordillo et Daphné Van Ossel

Soixante ans après sa mort, Marilyn Monroe reste une légende, un sex-symbol, une comédienne inoubliable malgré sa réputation de star capricieuse, entre son rôle de musicienne ingénue dans Certains l’aiment chaud de Billy Wilder, de célibataire irrésistible dans Sept ans de réflexion du même Wilder ou de jeune divorcée dans les Désaxés de John Houston, son dernier film. Une épaisse couche de mystère pèse sur sa mort elle-même, survenue le 4 août 1962, alors que le clan Kennedy avait décidé de rompre avec elle peu de temps auparavant.

En août 1962, la presse titre sur le suicide de celle qu’on appelait par son prénom. La nuit du 4 août, Marilyn est retrouvée sans vie dans son lit, dans sa maison située au 12.305 Fifth Helena Drive à Los Angeles. C’est son psychiatre Ralph Greenson qui, alerté par la gouvernante, découvre l’actrice. Selon le médecin légiste, Marilyn Monroe est morte la veille au soir d’une surdose de barbituriques. La thèse du suicide est privilégiée.

Photo du lit où Marilyn Monroe fut retrouvée morte le 5 août 1962, dans sa maison de Brentwood, à Los Angeles.
Photo du lit où Marilyn Monroe fut retrouvée morte le 5 août 1962, dans sa maison de Brentwood, à Los Angeles. © AFP or licensors

Le bref rapport d’autopsie réalisé laisse perplexe le procureur de district et ce dernier évoque pour la première fois l’éventualité d’un assassinat. Encore aujourd’hui, certains s’interrogent sur le caractère accidentel de sa mort, lui préférant un complot impliquant de près ou de loin la CIA, le FBI voire les frères Kennedy : le président John Fitzgerald lui-même dont Marilyn Monroe est l’une des maîtresses, voire son frère Robert. Ces allégations n’ont jamais été prouvées à ce jour, malgré des demandes d’enquêtes complémentaires. De quoi alimenter les suspicions.

Suspicions

Le contexte de la mort de Marilyn inspirera de nombreux auteurs en recherche de "la" vérité. Les livres et les documentaires sur le sujet sont nombreux, chacun essayant de percer le mystère, comme en atteste le dernier documentaire "Le mystère Marilyn Monroe : conversations inédites" réalisé sur base de bandes audios inédites de la star d’Hollywood. Mais il n’y a pas que la mort de l’artiste qui a fasciné, sa vie et sa carrière à Hollywood aussi.

Norma Jeane, pin-up de magazine, forgera Marilyn, l’actrice mythique tant à coups de films, qu’à coups de scandales. Tant grâce à sa subjuguante beauté, sa démarche féline, sa sexualité vaporeuse, qu’à son intelligence vive et fine.

Sur le tournage des Désaxés, avec Arthur Miller
Sur le tournage des Désaxés, avec Arthur Miller © 2010 Ernst Haas

Alcool, dépression et films à succès

Dans la vie, elle enchaîne les mariages (3, dont un avec Joe DiMaggio, ex-champion de baseball, et un avec le dramaturge Arthur Miller), les divorces (3), les amants (innombrables, dont Yves Montand, ou Marlon Brando). Elle accumule les épisodes de dépression, les problèmes d’alcool, la dépendance aux somnifères. Tombe, se relève, brille et trébuche à nouveau.

Sur les plateaux, elle connaît le succès dans les années 50. On a déjà cité Certains l’aiment chaud, Sept ans de réflexion et les Désaxés. Ajoutons encore Les hommes préfèrent les blondes, ou Rivière sans retour. Autant de titres de légende, qui sont presque devenus des formules consacrées.

Marilyn, c’est aussi la fragilité et l’instabilité qui se traduisent par des retards sur les tournages et des caprices de star.

Marilyn Monroe dans Sept ans de réflexion, avec Tom Ewell
Marilyn Monroe dans Sept ans de réflexion, avec Tom Ewell © Tous droits réservés

"Happy birthday Mr President"

Et il y a ces scènes, mythiques. Celle, dans Sept ans de réflexion, où sa robe blanche (s’)affole, sur une bouche de métro. Celle, du fameux Boop-boop-a-doop, de la chanson I Wanna Be Loved By You dans Some like it hot (Certains l’aiment chaud).

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Et d’autres, comme celle où elle chante “Happy birthday Mister President” à John Fitzgerald Kennedy. Sauf que, là, on est dans la vraie vie. Avec comme star de la fête d’anniversaire, un président des États-Unis au physique de jeune premier, et, au micro, une créature si bombesque qu’elle en est irréelle, la frontière avec le cinéma s’efface.

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Iconographie

Ces scènes, réelles ou fictives, ont forgé toute une iconographie autour du personnage de Marilyn, amplifiée encore par la sérigraphie réalisée par Andy Warhol en 1964. Le portrait intitulé “Shot Sage Blue Marilyn" a été vendu 195 millions de dollars chez Christie’s à New York, en mai dernier. Il est ainsi devenu l’œuvre d’art du XXe siècle la plus chère jamais vendue lors d’enchères publiques.

Le portrait "Sage Blue Marilyn" d’Andy Warhol
Le portrait "Sage Blue Marilyn" d’Andy Warhol © AFP or licensors

Marilyn continue de faire rêver aujourd’hui. Kim Kardashian vient de tenter de lui emprunter une part de son pouvoir de séduction, un morceau de sa légende, en arborant sa célèbre robe en strass portée à l’anniversaire de JFK, lors du gala du MET à New York (scandalisant au passage au vu des dégâts possible sur ce bout de tissu qui est aussi un bout de l’Histoire américaine).

Livres, documentaires, séries, films lui sont inlassablement consacrés ("Blonde", sort en septembre sur Netflix). Pourquoi ? Bien sûr, il y a cette mort mystérieuse et intrigante, bien sûr il y a ce talent d’actrice, le show-business, et les liaisons dangereuses, bien sûr il y a ce sex-appeal inégalé. Mais ses fins connaisseurs soulignent aussi la fragilité qu’elle dégageait. Une fragilité universelle, exprimée avec brio dans ses “Fragments” (Seuil, 2010) que l’on ne peut que vous conseiller pour mieux la rencontrer.

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