La décision du Codeco qui a mis le feu aux poudres ce 22 décembre, c’est la fermeture annoncée des salles de spectacles, théâtre, concert et cinéma dès Noël, provoquant la colère du secteur culturel et événementiel. D’entrée de jeu, comme dans toute bonne salle de concert, le ton est donné :"Je ne comprends pas pourquoi on ne peut pas continuer, dans des lieux sécurisés, où il y a de la pulsion, de l’extraction et de la purification de l’air… où tous les lieux de culture se sont adaptés à la réalité de cette crise sanitaire… parce que les spectateurs et les artistes en ont besoin… parce que la santé mentale est en jeu. Je ne comprends pas cette décision sur tout un secteur… une décision sans mesures, sans tenir compte de la réalité. Je suis dans une colère noire", témoigne le directeur du théâtre Le Public, Michel Kacenelenbogen.
A l’incompréhension d’un homme de théâtre succède celle des deux scientifiques. Pour l’épidémiologiste Marius Gilbert tout d’abord, ces mesures ne sont ni proportionnées, ni nécessaires maintenant comme l’a précisé le groupe d’experts qui conseille le Comité de concertation (GEMS). "Sur la proportionnalité, et c’était déjà le cas dans les semaines précédentes, cette espèce d’uniformité des mesures, de 200 personnes, n’a pas beaucoup de sens. La jauge de 200 personnes, quelle que soit la taille du lieu, quel que soit le protocole, quels que soient les dispositifs mis en place : c’est une mesure qui a toute l’apparence de l’arbitraire complet".
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Même réaction ensuite de l’infectiologue Charlotte Martin à propos des salles culturelles. "Les gens sont assis, se taisent et ont un masque. Qu’est-ce que vous voulez qu’il se passe ? Comment voulez-vous faire comprendre aux gens qu’un virus se transmet quand on parle et quand on n’est pas masqué quand vous décidez de ce genre de mesures ?", questionne Charlotte Martin. Et la scientifique poursuit : "Depuis des semaines maintenant, on crie dans le vide et on a ce genre de réponses qui font que la perte de confiance est totale, tant en termes de terrain qu’en termes de population. On est quand même très interpellé par le fait que ça fait deux ans maintenant que les politiques auraient pu apprendre à travailler avec les scientifiques et qu’ils ne font en fait que s’éloigner du scientifique. On est donc triste de voir qu’il y a une partie de la population qui se tourne vers l’anti-science, mais je pense que malheureusement, le politique, cette fois-ci, a fait la même chose".