Il est venu sur nos antennes, comme à son habitude, pour essayer de décrypter les mesures du dernier Comité de concertation. Mais pour la première fois, l’épidémiologiste de l'ULB Marius Gibert a eu du mal à contenir ses larmes et son bouleversement.
"La rupture de confiance est totale", a-t-il exprimé à propos des règles fermant une grande partie du secteur culturel. "Elle est totale à un moment où, justement, on en a besoin (de cette confiance) parce qu’Omicron est à nos portes", dit-il avant de s’interrompre, la voix cassée par l’émotion, sortant de sa réserve habituelle.
"Je suis ému parce que je ne pense pas qu’ils se rendent compte. Je ne pense pas qu’ils se rendent compte du marchandage politique qui a lieu lors des Codeco."
Des conséquences délétères sur la cohésion sociale
Pour le chercheur de l’ULB, le gouvernement doit revoir sa copie au risque de mettre en place le terreau fertile aux extrémismes. "Il faut peut-être réfléchir à une autre manière de penser cette crise. (Le comité de concertation) est occupé à avoir des conséquences délétères sur la confiance et au final, sur la cohésion sociale."
Aux côtés de l'extrême-droite, des acteurs du culturel, du personnel soignant
"Il ne faudra pas être étonné dans une semaine, si aux côtés de l'extrême-droite, on retrouve les acteurs du culturel, du personnel soignant, tous les secteurs de la population qui se sentent maltraités par la manière dont la crise est gérée."
Des propos tenus avec émotions. Une posture inhabituelle pour le scientifique qui a toujours analysé cette crise avec une certaine réserve mais aussi clairvoyance et humanisme.
L'apparence de l'arbitraire complet
À l'écoute de la colère du secteur culturel, Marius Gilbert réagit : "On se retrouve dans une mesure qui a toute l'apparence de l'arbitraire complet. Je ne suis donc pas étonné que, dans le billet qu'on entend juste avant, on considère qu'on est face à un gouvernement maltraitant, qui ne joue plus son rôle et qui, je trouve, perd de semaine en semaine, de sa légitimité dans la gestion rationnelle de cette crise."
Des absurdités dont tout le monde a conscience
"La rupture de confiance est marquée par rapport au citoyen mais aussi par rapport aux experts. De semaine en semaine, les experts essayent de dessiner une politique sanitaire cohérente avec un ensemble de mesures cohérentes. De semaine en semaine, leurs rapports sont détricotés par du marchandage politique qui aboutit à des absurdités dont tout le monde a conscience.