Economie

Maroc : à Rabat, la Wallonie se positionne sur le prometteur marché de l’énergie renouvelable

Drapeaux marocain et wallon (illustration)

© Getty

L’Agence marocaine pour l’Énergie durable (MASEN) et le ministre-président wallon Elio Di Rupo ont lancé officiellement, jeudi à Rabat, un projet-pilote de réduction des émissions CO2 dans l’industrie et le transport, nouveau signe d’un empressement marqué des autorités de Belgique envers la politique d’énergie verte du royaume chérifien.

Le projet SOLHEATAIR, dont le démonstrateur est appelé à voir le jour d’ici moins de 36 mois sur le complexe solaire de Ouarzazate, s’appuie sur un consortium d’entreprises wallonnes et l’expertise marocaine. De l’air, porté à très haute température par des sources d’énergies renouvelables (ici le solaire concentré par des miroirs sur une tour de captation) est appelé à remplacer la combustion gazière dans certaines productions industrielles comme celles de ciment, d’acier ou d’engrais, avec possibilités de stockage via des céramiques ultra-performantes.

L’entreprise John Cockerill (Seraing), déjà connue pour son expertise dans l’électrolyse de l’hydrogène, œuvre ici avec les céramiques de Prayon (Engis) pour le stockage à haute température (1200 °C), les capteurs à fibre optique B-Sens (start-up du giron de l’UMONS) pour le contrôle, ainsi que le centre de recherche INISMA (Mons), formant un consortium wallon labellisé par le pôle de compétitivité Mecatech.

Sur un budget total de 4 millions d’euros, le gouvernement wallon finance à hauteur de 2 millions d’euros, auxquels s’ajoutent les contributions des partenaires wallons (1,6 million d’euros) et marocains (400.000 euros).

Stratégie énergétique marocaine

Le projet est dans les cartons depuis un certain temps. Il a été "poussé, accéléré par la situation géopolitique et énergétique actuelle", convient Jean-Luc Maurange, le CEO de John Cockerill.

Le Maroc possède à ses yeux la maturité et l’expertise, lui qui a adopté en 2009 une stratégie énergétique basée essentiellement sur les énergies renouvelables (biomasse, hydrogène vert, dessalement et énergie marine), avec l’objectif de porter leur part dans la production d’électricité à plus de 52% en 2030.

"Il nourrit aussi une forte ambition vers le nord : avec son solaire et son éolien extrêmement qualitatifs, il est idéalement placé pour satisfaire l’appétit de l’Union européenne", indique Jean-Luc Maurange, quelques jours après la signature par la Commission européenne d’un premier "Partenariat vert" avec un pays tiers, qui est le Maroc. "Mais ce pays a aussi une forte orientation sud, pour devenir leader énergétique au moins sur l’Afrique de l’Ouest".

Avec son solaire et son éolien extrêmement qualitatifs, il est idéalement placé pour satisfaire l’appétit de l’Union européenne

Devant la presse marocaine, le ministre-président wallon a souligné le "rôle global" qui échoit au Maroc en matière d’énergie verte. "Dans les relations avec l’Union européenne, et notamment via le Partenariat vert, nous entendons, nous en Belgique, et en particulier en Wallonie, être parmi le premier cercle d’amis coopérants du Maroc. Nous comptons aussi beaucoup sur le Maroc dans sa dimension africaine, notamment avec les pays de l’Ouest", a-t-il ajouté.

Sahara occidental

La visite de travail du chef du gouvernement wallon fait suite à d’autres visites belges ces derniers mois, dont celle du ministre-président bruxellois Rudi Vervoort en septembre, du bourgmestre d’Anvers Bart De Wever (pour le port) en octobre, ou encore de la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib il y a trois semaines.

À cette dernière occasion, la cheffe de la diplomatie belge avait reprécisé la position de la Belgique concernant le territoire du Sahara occidental, où le Front Polisario nourrit une volonté d’indépendance. Ce message diplomatique, favorable à Rabat, a été répété jeudi par Elio Di Rupo face à la presse locale, à la demande de la partie marocaine.

La Belgique considère en effet le plan d’autonomie présenté en 2007 comme un effort sérieux et crédible du Maroc et comme une bonne base pour une solution acceptée par les parties.

"La dernière déclaration conjointe signée à l’occasion de la visite de la ministre des Affaires étrangères belge a ouvert une étape nouvelle dans nos relations bilatérales", a confirmé le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, dans la foulée.

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