Cinéma

Matt Damon : Jason Bourne n'était jamais allé à Marseille

Matt Damon devant l'affiche de "Stillwater"

© TIMOTHY A. CLARY / AFP

Dans "Stillwater", Matt Damon incarne Bill, un "roughneck", un ouvrier foreur dans l’industrie du pétrole en Oklahoma. Il franchit l’Atlantique et aboutit à Marseille, ville où sa fille est en prison pour un meurtre qu’elle clame ne pas avoir commis. Faute de nouveaux éléments apportés à l’enquête, ses avocats n’envisagent pas une révision de son procès. Pour tenter de se rapprocher de cet enfant qu’il connaît mal, Bill décide de rester à Marseille afin de mener lui-même l’enquête. Sans parler un mot de français, perdu dans une vie citadine dont il ne connaît pas les codes, Bill va rencontrer Virginie (Camille Cottin), mère célibataire, actrice de théâtre, qui va essayer de l’aider tant bien que mal…

L'interview intégrale de Matt Damon (en version originale)

L'interview de Matt Damon pour "Stillwater"

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L'une des affiches de "Stillwater"

Bill est un "rough neck" d’Oklahoma, c’est un personnage fort loin de vous, donc, comment avez-vous construit ce rôle ?

Matt Damon : je suis allé en Oklahoma et j’ai passé du temps avec ces gens, et c’est ça qui a fait tout : c’est un boulot très particulier, et une culture très spécifique, plus que ce que je ne pensais. J’ai passé beaucoup de temps dans cette région du pays, mais jamais dans cette partie précise, et jamais avec ces gens qui font ce métier pour vivre. Et ça m’a ouvert les yeux de passer du temps avec eux : ils ont été vraiment charmants, ils m’ont emmené avec eux pour me montrer leur job, les plateformes de pompage, leurs maisons, j’ai rencontré leurs familles, j’ai passé du temps avec eux, je me suis assis dans leurs jardins, ils avaient parfois leur guitare, certains ont commencé à chanter des chansons d’églises, c’était important de passer du temps avec eux pour essayer de les comprendre et faire du bon travail de mon côté en donnant une image exacte dans mon personnage.

Qu’est-ce que vous avez le plus aimé dans le scénario ? le choc des cultures entre Bill et Virginie ?

Matt Damon : Oui, c’était une énorme partie du scénario, imaginer ces deux personnes ensemble, ce n’est pas une rencontre qu’on imaginerait pouvoir arriver. La relation de Virginie avec sa fille, et la relation de Bill avec sa propre fille, cette idée de personnes meurtries qui essaient de faire du mieux qu’elles peuvent pour réparer la relation mais qui en même temps font toujours des erreurs, j’ai trouvé tout cela très puissant.

Avec la franchise des Jason Bourne, vous avez déjà tourné dans de grandes capitales européennes mais c’est la première fois que vous restez longtemps dans une ville (européenne), comment pouvez-vous décrire cette expérience ?

Matt Damon : ça dépend de la ville, j’ai travaillé dans différentes villes européennes, et je suis resté à chaque fois 3 ou 4 mois, Marseille est une ville très particulière et j’ai vraiment aimé travailler là. Je n’y avais jamais mis les pieds alors que Jason Bourne est supposé avoir été tiré hors de l’eau sur la côte pas loin de Marseille, et c’est une très belle ville, avec une énergie incroyable, et elle joue un rôle important dans le film.

STILLWATER

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Il y a une scène dans le film où un ami de Virginie demande : "Vous avez voté pour Trump ?" et vous répondez : "non, je n’ai pas pu voter parce que j’étais en prison". Comment comprenez-vous la relation entre les Etats-Unis et l’Europe parce que pour de nombreux Européens, Trump était vraiment le diable ?

Matt Damon : je pense, dans le contexte du film, à propos de ces "rough necks", on ne se pose même pas la question de pour qui ils vont voter. Ils voteront toujours Républicains, parce qu’ils travaillent dans l’industrie du pétrole, et qu’ils sont inquiets pour leur boulot. Et ils n’en sont pas gênés, comme Bill répond qu’il n’a pas voté Trump, ses interlocuteurs sont soulagés, mais il tient à clarifier : je n’ai pas voté, parce que je ne pouvais pas, et ce qui est sous-entendu, c’est que j’aurais tout à fait voté pour lui ! mais quand vous rencontrez ces gens, que vous passez du temps avec eux, et que vous parlez avec eux, ça a du sens. Ce n’est pas à moi de les juger, j’ai ma propre opinion, comme vous. Mais c’était l’une des choses agréables en allant dans cette région d’Oklahoma, pour moi, parce que quoi que disent les médias sur la division du pays, quand on peut se rencontrer, on peut dépasser nos différences, et passer du bon temps ensemble pour avancer.

Vous avez tourné dans de nombreux block busters, mais vous essayez aussi de trouver des projets très originaux, comment faites-vous parce que c’est difficile de nos jours ?

Matt Damon : c’est de plus en plus dur, mais pour moi ce qui importe, c’est QUI réalise le film, c’est la meilleure manière... si jamais j’ai une stratégie de carrière, c’est de choisir le réalisateur, et si vous travaillez avec un bon réalisateur, il y a des chances que le film soit très bon.

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