Maxime Bonaert a eu le projet fou de vivre en tiny house en plein cœur de Bruxelles. Pour lui, cet habitat alternatif était la meilleure solution afin d’être plus connecté à la nature et d’avoir une empreinte carbone la plus neutre possible. Le tout en étant proche de son travail et de ses racines. Bien qu’aujourd’hui, il ait été expulsé de son terrain, il continue à œuvrer pour un monde plus durable et plus juste via le projet ‘Module Sweet Home’, des logements innovants, qualitatifs et écologiques qui ont pour but l’insertion sociale.

L’histoire commence en 2017, lors d’un voyage en Australie. Maxime et sa compagne Sabine Daibes y vivent une aventure hors normes. "Durant une année complète, on a voyagé avec un cirque itinérant. On avait notre propre caravane. C’était une première pour nous. On a découvert la vie dans un très petit espace, mais où tout était à portée de main. On a rapidement été conquis par ce type d’habitat !" Au moment de replier bagage et de bondir dans l’avion direction Bruxelles se pose la question de leur future habitation… Un logement qui doit correspondre à leurs valeurs écologiques et à leur réalité économique. C’est à ce moment-là, comme une évidence, qu’apparaît l’idée de tiny house. "Nous avons tous les deux une fibre écologique et tous les principes de la tiny house nous parlaient ! Ne pas avoir d’emprise au sol, réduire au maximum notre consommation énergétique et puis nous n’avions pas la possibilité d’acheter et voulions être le plus indépendants que possible financièrement."

Maxime Bonaert et Sabine Daibes lors d'un voyage en Australie.
Maxime Bonaert et Sabine Daibes au début de la construction.

De retour à Bruxelles, après des mois de recherches et de discussions, Maxime et Sabine se lancent dans la construction de leur propre tiny house. Les travaux dureront plus d’un an, pour un coût total de 30.000€. Mais en bout de course, ils ressentent tous les deux une immense fierté d’avoir créé leur propre nid. En septembre 2019, ils s’installent sur un terrain à Woluwe-Saint-Pierre. Home sweet home ! Quelques mois plus tard, ils accueillent leur premier enfant, Jibril. L’histoire est superbe, sauf que… "Contrairement à la Wallonie, l’habitat léger n’est pas reconnu à Bruxelles. On était donc en infraction urbanistique et on pouvait être expulsé du jour au lendemain. On vivait avec une épée Damoclès au-dessus de la tête. Finalement, on ne se sentait pas réellement chez nous, pas réellement accepté. Et ça, c’était épuisant psychologiquement."

Leur tiny house installée à Woluwe-Saint-Pierre.
Leur tiny house installée à Woluwe-Saint-Pierre.
Leur tiny house installée à Woluwe-Saint-Pierre.

La douloureuse expulsion

Le couple voulait prouver que la tiny house avait sa place à Bruxelles, une ville où les bâtiments sont extrêmement énergivores. Mais les règlements urbanistiques auront eu raison de leur rêve. C’est finalement en octobre 2021 que le couple jette l’éponge. "On ne parvenait pas à régulariser notre tiny house. La surface était trop petite (16m2). La hauteur sous plafond ne correspondait pas aux normes. Et enfin on n’était pas raccordé aux égouts. On a reçu une lettre de la région qui nous disait que si on ne quittait pas rapidement le terrain, on devrait payer une première amende de 5.700€. On a vraiment eu du mal à s’en séparer, mais on l’a finalement vendue."

Désormais, la petite famille rénove son futur nid douillet, un appartement du côté d’Evere, toujours dans l’idée d’avoir l’empreinte carbone la plus faible possible. " Mais ça ne sera jamais aussi vert qu’une tiny house... "

Poursuivre le « combat »

Malgré leur expulsion, Maxime décide de ne pas définitivement tourner la page ‘tiny house’. Car si pour l’habitation privée les mentalités évoluent très lentement, dans le milieu associatif ce type de logements se développe rapidement.

Par exemple du côté de l’ASBL Infirmiers de rue, une organisation médico-sociale convaincue que la fin du sans-abrisme à Bruxelles et ailleurs est possible. L’ASBL pratique le ‘Housing first’, c’est-à-dire qu’elle essaye de sortir les sans-abri le plus rapidement de la rue en leur offrant un logement pour les sécuriser et ensuite les aide dans la remise en ordre de leur situation médico-sociale.

Projet 'Module Sweet Home' de l'ASBL Infirmiers de rue.
Projet 'Module Sweet Home' de l'ASBL Infirmiers de rue.

C’est ainsi qu’en 2017 naît le projet ‘Module Sweet Home’, des logements qualitatifs et écologiques, semblables aux tiny houses, à destination d’un public très précarisé. Depuis, quatre modules ont déjà été installés et six autres verront le jour en 2022. Et c’est précisément dans ce projet que Maxime a décidé de s’engager. " Mon rôle est notamment d’activer un terrain à Forest où seront placés 6 modules. J’apporte à ce projet toute mon expertise sur la question de l’habitat léger. Je suis en contact direct avec le service urbanistique de la commune. Je facilite les démarches administratives car pour eux, souvent, c’est tout nouveau. Ils sont complètement perdus. " Cette expertise acquise grâce à sa propre expérience en tiny house donne un vrai coup d’accélérateur dans l’élaboration des projets de l’ASBL. " J’en suis très fier. Ça me permet de continuer le combat vers une acceptation de l’habitat léger à Bruxelles. "

Car si ce projet permet de reloger et d’accompagner un public plus fragilisé, il a également engendré une remise en question des règles urbanistiques. " Au début, il était impossible d’obtenir un permis. Mais aujourd’hui, on y parvient. Les logements répondent aux réglementations urbanistiques. Tout est légal. Et ça, ça nous ouvre toutes les portes. Ça rassure nos partenaires, notamment le CPAS ou citydev.brussels avec qui nous développerons, on l’espère de nombreux projets à l’avenir. "

C’est ainsi que des zones urbaines " abandonnées " reprennent vie, pour la bonne cause tout en respectant l'environnement !

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