Sacré cet été champion d’Europe de trail, ce Bruxellois vivant en Suisse est aussi un excellent ski-alpiniste, qui rêve des Jeux olympiques d’hiver de 2026. Pour lui, pas question de choisir, juste de savourer.
Qu’on le veuille ou non, la Belgique regorge d’incroyables – et parfois inattendus… - talents sportifs. Parmi eux, certains sont très connus, d’autres, comme Maximilien Drion, gagnent à le devenir. Jugez plutôt : né à Uccle il y a un quart de siècle mais vivant depuis de nombreuses années à Vercorin, un petit village haut perché en plein cœur de la superbe région du Val d’Anniviers, dans le Valais suisse, ce jeune homme débordant d’énergie parvient à briller au niveau international non pas dans une mais bien dans deux disciplines différentes et complémentaires à la fois qui se disputent en montagne. Le comble pour un représentant de notre plat pays ! Traileur en été, Maximilien Drion pratique en effet le ski alpinisme en hiver avec pour objectif ultime de se qualifier pour les Jeux d’hiver de Milan Cortina en 2026 où cette dernière discipline intégrera pour la première fois le programme olympique. Alors qu’il a récemment disputé les championnats du monde de trail récemment en Thaïlande, où il a terminé à la 30e place au kilomètre vertical et 27e de la course up&down, l’occasion était belle de prendre un peu de hauteur afin de découvrir les secrets de cet athlète infatigable.
" Je présente la particularité de faire deux sports au niveau professionnel, explique-t-il avec son enthousiasme communicatif. L’hiver, je fais du ski-alpinisme, sport dans lequel j’ai déjà remporté une manche de Coupe du monde et dans laquelle j’ai terminé 3e des Championnats d’Europe alors que l’été je pratique plutôt la course de montagne ou le trail, ce qui m’a permis de remporter les championnats d’Europe à la surprise générale – même la mienne – cet été. Glaner deux médailles européennes dans deux sports différents et à six mois d’intervalle (NDLR : à chaque fois en Espagne), c’est quelque chose qui est particulier. Et qui me rend très fier. "
Des conditions souvent dantesques
Également champion de Belgique de trail et de course de montagne, Maximilien Drion est tombé dans les sports de montagne un peu grâce aux hasards de la vie, qui ont poussé ses parents à s’exiler en Suisse alors qu’il venait d’avoir 10 ans. " Mon père était passionné par la Suisse et mes parents souhaitaient aller y habiter non pas pour le boulot mais pour améliorer leur qualité de vie, se remémore-t-il. Une fois arrivé à Vercorin, un village situé à 1.300 mètres d’altitude, j’ai très tôt été initié aux sports de montagne, pour lesquels j’ai découvert et développé de belles aptitudes. Au cours de gym, on avait des petits parcours dans le village, qui empruntaient les sentiers situés aux alentours alors que l’hiver, on allait skier avec l’école. J’ai tout de suite adoré tout cela. En réalité, les deux sports que je pratique aujourd’hui sont très complémentaires. Le but, c’est de se déplacer par ses propres moyens en montagne. En hiver, on grimpe avec des skis sur lesquels on appose des peaux de phoque puis on redescend sur nos lattes. En été, on passe aux mêmes endroits, baskets aux pieds cette fois. Même si cela nécessite beaucoup d’énergie, on profite des paysages grandioses qui atténuent quelque peu nos souffrances. Ma saison d’hiver me prépare pour la saison estivale et vice-versa. En hiver, les efforts que je pratique sont assez longs puisqu’il s’agit de travailler son endurance dans des conditions dantesques. Parfois vous êtes sur des parties trop raides pour les skis. Il faut alors s’arrêter pour les mettre sur son sac et escalader via des chemins escarpés. Certaines courses nous font monter à plus de 4.000 mètres d’altitude, parfois de nuit, et nécessitent une acclimatation délicate aux conditions extrêmes : la neige, le vent, les températures extrêmes qui peuvent atteindre moins 20 ou moins 25 degrés ! "
Encore tellement de choses à découvrir »
Témoin comme tout le monde du changement climatique (" l’état du glacier de Zermatt a un impact sur nos sensations et nos conditions d’entraînement, et on n’a pas pu monter au Cervin ou au Mont-blanc par exemple "), Maximilien Drion se dit heureux et bien dans sa peau, grâce à ses sports. Financé par l’ADEPS et des sponsors privés, il vit de sa passion, qu’il fait découvrir par procuration à ceux qui le suivent et l’admirent. " Il y a quelques années, le trail en était encore à ses balbutiements, sans athlètes sponsorisés. C’est en train de changer et certaines organisations ont pris une ampleur démentielle. Après, libre à chacun de trouver sa voie, ses épreuves de prédilection. Le trail est tellement varié. Il y a des courses techniques, plus sauvages. On peut prendre énormément de plaisir en prenant part à une course de 20 bornes mais il en existe d’autres, comme le Thor des Glaciers, qui proposent des dénivelés de fous sur 450 kilomètres (32.000 m de D+). On parle beaucoup de l’UTMB, par exemple. Personnellement, cela ne me tentait pas jusqu’il y a six mois mais j’ai des amis qui y participent et qui me racontent leurs émotions. J’ai encore tellement de choses à découvrir. J’ai la chance de côtoyer des champions comme François D’Haene, avec qui j’ai pu courir cet hiver. Sur des formats de 40 kilomètres et moins, je suis meilleur que lui mais il est au-dessus sur des formats plus longs. Kilian Jornet, lui, m’impressionne parce qu’il peut performer sur tous les terrains, sur toutes les distances, pour des courses allant de 30 minutes à 20 heures. Il est largement le meilleur du monde. "