Le problème de l’hyper-connexion, ce n’est pas le passage par la technologie, mais plutôt la prétention d’une poignée de compagnies à façonner, à une échelle inédite, nos manières d’être-au-monde et de nous connecter aux autres et à la terre elle-même. "Ils leur faudra bien choisir ce qui mérite d’augmenter notre perception du réel, ou ce qu’il est important de faire exister dans les univers virtuels où nous pourrons nous mouvoir" prévient Florence Caeymax.
Qui décide et décide quoi, et pour qui ? Qu’est-ce qui sera pris en compte, dans cette intensification de nos connexions ?
Pour Florence Caeymax, "les crises écologiques et sociales dans lesquelles nous sommes aujourd’hui entrés attestent que les manières d’être-au-monde héritées de la modernité industrielle sont de mauvais arrangements, fondés sur la non-prise en compte de ce qui compte vitalement pour nombre d’humains et non-humains et sur l’oblitération de ce qui faisait sens culturellement pour des tas de sociétés humaines, engendrant des usages du monde destructeurs."
Il est donc significatif que le métavers se vende comme un projet d’améliorer les connexions du monde humain, passant sous silence les gigantesques ressources naturelles et infrastructures matérielles nécessaires à sa réalisation. "Il se pourrait bien que, piloté par quelques-uns, le Métavers ne soit que la réplique d’une façon d’être-au-monde marquée par l’ignorance et la réduction au silence de ce qui compte pour les autres formes d’existence, auxquelles nos vies sont pourtant liées. La question est de savoir si nous avons voix au chapitre", conclut Florence Caeymax.