Pourquoi une entreprise frappée de plein fouet par la crise du Covid-19 continue à investir dans le développement durable ? L’entreprise en question, c’est Sodexo dont l’activité a chuté dans les restaurants d’entreprise avec les mesures sanitaires et la hausse massive du télétravail. Des centaines d’emplois vont être supprimées, et pourtant Sodexo Belgique maintient, et accélère même, ses investissements dans le développement durable.
L’époque des slogans est révolue.
Michel Croisé, le président de l’entreprise Sodexo Belgique, explique que cela faisait déjà partie de l’agenda au quotidien : "C’était déjà imbriqué dans notre stratégie et dans notre ADN, et il est clair qu’avec tout ce qui se passe pour le moment, il est fondamental de se réinventer. C’est un mot assez galvaudé pour le moment, mais il faut vraiment se réinventer, dans le sens où notre offre doit absolument changer pour correspondre à la nouvelle réalité. L’ensemble des consommateurs, ainsi que des travailleurs de Sodexo veut absolument travailler pour des projets qui ont sens".
Si l’on veut éviter le greenwashing, ou l’opération de comm’, il faut mesurer et formaliser les objectifs.
Des projets qui ont du sens, mais des projets qu’il faut financer, alors que 2020 a été une année extrêmement difficile pour l’entreprise. Mais au-delà de leur utilité sociale, ces projets, ces investissements peuvent aussi être financièrement rentables. Michel Croisé confirme que cela coûte de l’argent. Mais il ajoute que : "le retour sur investissement est excessivement rapide. Et sur toutes les initiatives que nous avons initiées, le retour sur investissement se fait dans une période de moins d’un an".
Ça veut-il dire que pour Sodexo, réduire le gaspillage alimentaire, se tourner vers des fournisseurs plus locaux en matière de légumes, par exemple, c’est rentable ? Pour le président de l’entreprise la réponse est " oui " et il pense que c’est le cas dans l’entièreté des domaines qui touchent à la durabilité.
Objectif, réduire de 50% le gaspillage alimentaire générés par nos activités de restauration pour 2022.
Rentable, et concrètement, le volume des déchets de restauration est un dossier prioritaire chez Sodexo. Ce volume de déchets de restauration a déjà sensiblement reculé. Dans les endroits où le programme a été mis en place, le gaspillage alimentaire a déjà aujourd’hui été réduit de 36%, précise Michel Croisé. Un gros tiers de déchets alimentaires en moins, ce sont donc des matières premières qu’il n’a pas fallu acheter et ce sont donc de vraies économies.
Effet de mode ?
Cela semble donc fonctionner pour l’entreprise Sodexo. La question est si on analyse cela avec du recul, on a finalement l’impression que le développement durable dans les entreprises est quand même parfois un effet de mode ou de slogans ? Il est évident que certaines entreprises ont des pratiques, disons, qui ne correspondent pas à leurs discours sur le développement durable. Une minorité, tranche Michel Croisé, qui appuie cette conviction sur les contacts nombreux qu’il a au sein des organisations patronales. Les slogans, dit-il, c’est fini.
Si trois quarts d’une assiette valse à la poubelle, ce sont des coûts moraux.
"L’époque des slogans est révolue. Aujourd’hui, je crois vraiment, quand je vois ce que font les entreprises en Belgique, qu’il y a pas mal de business bashing — je n’aime pas utiliser les mots anglais". Et Michel Croisé précise : "Des critiques faciles des entreprises. Moi, je dirais clairement que la grande majorité des entreprises se veut volontariste dans ce domaine, et chacun, bien entendu, suivant ses moyens et suivant la réalité de ce à quoi elles sont confrontées, ce dont tout le monde ne se rend pas toujours compte".
Celles qui ne seront pas durables ne seront pas
Pour Michel Croisé, une entreprise qui n’intégrerait pas la logique du développement durable dans son fonctionnement risque tout simplement de ne pas être durable elle-même, et donc de ne pas s’inscrire dans la durée. "Celles qui ne seront pas durables ne seront pas", conclut Michel Croisé.