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Michel François, Contre nature, Bozar expo

Michel François, portrait.

© Pascal Goffaux

Michel François est un artiste belge, né à Saint-Trond, en 1956. Il vit et travaille aujourd’hui à Bruxelles. Il a représenté la Belgique à la Biennale de Venise en 1999 avec Ann Veronica Janssens. Il est un artiste multimédia : sculpteur, créateur d’installations, photographe et vidéaste. L’œuvre questionne le vivant par une approche phénoménologique. La beauté et la fragilité du vivant sont mises à mal par des forces antagonistes au cœur d’une œuvre plurielle qui s’appréhende de manière sensible.

Rétroprospective

L’exposition brasse quarante années de création et convoque des pièces du passé en dialogue avec des œuvres nouvelles. Contre nature est un titre polysémique. Contre désigne la proximité et l’opposition. L’artiste tout contre la nature voit s’exercer à son encontre des forces de destruction. Le vent qui met en mouvent un drapeau blanc est produit par une lourde machinerie. Un élément naturel et un corps artificiel scellent une union contre nature. Un parcours se fait à travers les pièces en enfilade du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Les salles portent des noms en relation avec six thématiques récurrentes que l’œuvre décline : Panoptique (Blind Spot), Théâtre des opérations, Jardin contre nature, Hétérotopies, Scènes des abandons et Pièces à conviction.

Michel François. Contre nature. Catalogue.
Michel François. Contre nature. Catalogue. © Tous droits réservés

Panoptique (Blind Spot)

L’oeuvre est une tour haute de quatre mètres recouverte de miroirs qui réfléchissent l’image des spectateurs. Le panoptique est une architecture de l’enfermement ; sa fonction permet de voir sans être vu. Le concept est forgé par le philosophe Michel Foucault, l’auteur de Surveiller et punir. L’installation de Michel François offre une paradoxale illustration de la tour de contrôle dans le contexte carcéral

Michel François, Panoptique, Blind Spot.
Michel François, Panoptique, Blind Spot (2).
Michel François, Panoptique, Bulles de gaz.

Théâtre des opérations

Un dessin abstrait oppose les forces armées en conflit dans la guerre en Syrie. Les camps adverses sont figurés par un ensemble de droites qui se croisent. L’illisibilité du schéma est une dénonciation de l’absurdité de la guerre. Le drapeau banc flotte au centre du champ de bataille, mu par un énorme dispositif technique.

Michel François, Contre nature, Drapeau blanc.
Michel François, Contre nature, Théâtre des opérations, Diagramme des forces armées.

Jardin contre nature

Un boc de sel gemme est en décomposition lente sous l’effet de gouttes d’eau qui ruissellent à sa surface. Le socle d’asphalte noirâtre se tache de blanc au fil du temps long de la transformation.

Michel François, Jardin contre nature, feuille séchée.
Michel François. Jardin contre nature, Bloc de sel gemme.

Hétérotopies

Des espaces concrets nourrissent des récits imaginaires. Une photo prise en Inde dévoile le décor d’une scène sans personnage. Un ensemble de maquettes reproduit les éléments de la scénographie générant de possibles actions sorties de l’imagination de l’artiste. La porte murée dans un coin devient une porte de prison qui s’est fait la malle.

Michel François, Hétérotopies, maquette 3 D.
Michel François, Hétérotopies, porte de prison évadée.
Michel François, Hétérotopies, porte de prison évadée (2).

Scènes des abandons

La matière échappe à l’autorité du créateur. Elle opère sans contrôle extérieur. Le bronze en fusion se répand sur le sol et crée des splashes de toute beauté, sans artifice, cependant. L’artiste établit le protocole de l’expérience, mais il aspire à intervenir le moins possible dans la réalisation. L’abandon peut être envisagé comme processus de création.

Michel François, Scènes des abandons, Splashes de bronze.
Michel François, Scènes des abandons, bâilleur.
Michel François, Scènes des abandons, Bâilleur (2).

Pièces à conviction

La messe de saint Grégoire est une œuvre du 15e siècle attribuée au Maître de Flémalle. La transsubstantiation, la conversion du pain en corps du Christ, est mise en doute par la boulangère qui a cuit le pain. Le tableau rassemble telles des pièces à convictions les éléments de la Passion du Christ. L’accumulation de traces d’existence agit de pareille façon dans l’œuvre d’un créateur qui moule des fragments de corps et qui brosse un autoportrait à partir de sculptures qui sont des assemblages de matériaux banals et d’objets trouvés.

Michel François, Pièces à conviction, La messe de saint Grégoire, Maître de Flémalle.
Michel François, Pièces à conviction, La messe de saint Grégoire, Maître de Flémalle. © Pascal Goffaux

Michel François au micro de Pascal Goffaux.

Michel François, Contre nature, Bozar expo

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