L’attachement de Michel François au théâtre transparaît dans la scénographie de son exposition Contre nature, ainsi les noms qu’il a donné à certaines salles sont autant de références explicites au 6e art comme "Théâtre des opérations" ou "Scène des abandons".
J’ai toujours considéré que les salles d’un musée ou d’une galerie étaient comme un décor et que, bien que les conventions ne soient pas les mêmes qu’au théâtre, on y trouve déjà quelque chose qui n’est pas neutre. J’ai essayé de tenir compte de cette théâtralité proposée par un musée. Les éléments que j’y amène sont comme des éléments de décor, de scénographie en quelque sorte.
Pour construire la scénographie de Contre nature, Michel François a pris comme fil rouge l’architecture de Bozar elle-même qui est bâtie sur un schéma de pièces en enfilade familière aux Bruxellois, un système auquel Horta a participé. "Cette enfilade de pièces fait qu’on perçoit quasiment de la première à la dernière salle ce qui va se passer dans la salle suivante, car il y a une visibilité de l’une à l’autre pièce. Cela nous oblige à créer comme une espèce de phrase dont on va percevoir les bribes à chaque étape", explique Michel François.
Dans les différentes salles d’exposition se trouvent des pièces choisies par l’artiste lui-même dans son atelier de Saint-Gilles. Contre nature est la rétrospective de quarante années de travail d’un artiste obsédé par les doubles sens et les transformations à l’œuvre. Dans la troisième salle intitulée Jardin contre nature, un bloc de sel gemme déposé sur un socle d’asphalte se décompose sous nos yeux par l’action de gouttes d’eau qui, en ruisselant sur le sel, le creuse. Un rappel salutaire que rien n’est éternel.