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Cinéma - Interviews

Michelle Fairley, de Game of Thrones à Bouli Lanners, l’interview intégrale

L'interview de Michelle Fairley pour "Nobody has to know"

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L’actrice britannique Michelle Fairley a été révélée par la série "Game of Thrones" où elle jouait le rôle de Catelyn Stark, rôle qui a lancé sa carrière à l’international, avec des participations aux séries "Suits" ou "24h Chrono". Et quand Bouli Lanners a voulu l’engager pour jouer Millie dans l’histoire d’amour intimiste qu’il voulait tourner sur une île écossaise, elle a voulu en savoir plus sur son personnage.

Phil, Belge célibataire, a laissé son passé derrière lui et s’est installé sur l’île de Lewis, au nord de l’Ecosse. Dans cet espace sauvage dominé par l’Église presbytérienne, il effectue des travaux manuels pour un fermier local, jusqu’au jour où il est victime d’un AVC. Lorsqu’il sort de l’hôpital, Millie l’attend et lui révèle qu’ils étaient ensemble avant son accident. Pieux mensonge : Millie, vieille fille amoureuse en secret de Phil, profite de son amnésie partielle pour nouer une relation avec lui. Jusqu’à quand ce subterfuge pourra fonctionner ?

Comment l’actrice britannique et irlandaise (elle a la double nationalité) a-t-elle vécu cette expérience avec ce réalisateur belge qu’elle n’avait jamais rencontré à part via une visioconférence Zoom ? Les réponses dans son interview intégrale en version originale.

 

Michelle Fairley dans "Nobody has to know"
Michelle Fairley dans "Nobody has to know" © Versus Productions Brian Sweeney

La traduction

C’est un film très spécial pour nous, le public belge, parce que c’est le premier film de Bouli en Ecosse, et en langue anglaise. Il y a cette rencontre, ce couple à l’écran.. Comment avez-vous sauté dans l’aventure, parce que je suppose que vous ne connaissiez pas Bouli Lanners auparavant ?

Michelle Fairley : au début, ça a été à la lecture du scénario, que j’ai vraiment aimé. Il y a eu des allers retours sur le projet, avec la dernière version où Bouli jouait dedans. Je ne connaissais pas Bouli, c’est lui qui l’avait écrit, et au début, il devait le réaliser, mais dès le moment où il allait jouer lui-même, il avait senti qu’il avait besoin de quelqu’un pour l’aider. C’est ainsi que Tim Mielants a intégré le projet, et le scénario a dû être adapté à la nature de Bouli : il l’avait écrit avec une autre personne en tête, d’une autre nationalité. Donc, il y avait certains aspects qui devaient être peaufinés et ajustés pour lui convenir en tant qu’acteur, et à la fin nous avons fait une visio conférence Zoom tous les deux pour discuter tous les deux. L’idée était de voir si nous étions compatibles, si nous serions capables de communiquer et de nous entendre. Puis il y a eu un contact avec mon agent, et c’était fait, en route pour l’Ecosse !

Quel aspect vous a le plus séduit dans le scénario ?

Michelle Fairley : Ce que j’ai aimé, c’est la frustration qui existe chez Millie et sa famille, le fait qu’elle se débat pour s’en sortir dans sa vie mais elle n’en a pas le courage. J’ai senti qu’elle avait été amoureuse de cet homme depuis très longtemps mais n’avait jamais eu le courage de l’avouer. Et le fait qu’il ait frôlé la mort lui donne le courage de l’assumer, et que l’on soit d’accord ou pas avec ce qu’elle fait, ça ouvre des portes pour elle, émotionnellement et physiquement. Et lui donne le courage de continuer à avancer. Et retrouver un peu de vie en elle. Pour moi, c’est un véritable réveil, émotionnellement, physiquement, et pour les deux personnages, en fait.

Bouli m’a expliqué que vous et les acteurs britanniques posiez des milliers de questions concernant leur personnage, et il devait connaître la biographie complète de ces rôles. Quelles étaient les questions que vous vouliez poser à Bouli, quelle était la clef de ce personnage ?

Michelle Fairley : Parfois, vous avez envie de garder cela privé parce que la nature de Millie est très discrète, mais l’idée était d’écouter beaucoup Bouli, parce que Bouli adore l’Ecosse, en particulier les îles de Lewis et Harris, et il adore cet environnement. Et en l’écoutant parler de cet environnement, de ce qu’il aime chez les gens qui habitent là, de ce qui le fascine là-bas, l’omniprésence de la religion, le fait qu’il y ait tellement d’églises, il ne pouvait pas comprendre cela. Et les plages, alors que la religion est basée sur la répression, vous avez ces gigantesques plages, si larges, et vous avez la mer, la terre, et le ciel, et la liberté ! Mais ces gens ne sont pas libres du tout ! Le contraste et l’opposition de ces éléments, créent des personnalités très spéciales. Un insulaire est quelqu’un de très différent de celui qui habite sur une grande surface de terre : soit vous avez envie de partir, soit vous n’avez qu’une envie, celle de rester. Et pour Millie, il y a un déchirement, il y a une part d’elle qui n’a pas le courage d’aller nulle part ailleurs et l’autre part lui crie : va-t’en d’ici ! Emotionnellement, j’avais envie de reconstruire son passé et j’en ai parlé avec Bouli, de quoi ça parle, et la relation avec son père, et qu’est-ce qui est arrivé à sa mère, tous ces aspects de la vie, c’est quoi son boulot ? depuis quand ? est-ce qu’elle a une voiture ? de quelle marque ? Toutes ces petites choses se rassemblent pour créer une vraie vie. Et pour moi, c’est important de les mettre en place.

Est-ce que le jeu est différent pour vous dans une histoire intimiste comme celle-ci ou dans une grande fresque avec autant de personnages que Game of Thrones ? C’est la même méthode de jeu ou vous vous adaptez ?

Michelle Fairley : Ça dépend. Ça commence toujours avec le scénario, et si vous vous connectez à l’histoire, la première question est toujours : qu’est-ce qui fait que je me connecte à cette histoire ? est-ce que ça m’intéresse, est-ce que ça attise ma curiosité ? est-ce que j’aime ça, est-ce que je les aime ? mais le processus de travail est pratiquement le même. L’environnement et les conditions de travail peuvent changer, et vous devez vous y adapter. Mais le processus de travail et ce que j’ai aimé dans le projet de Bouli, est que tout n’était pas noyé dans les dialogues. Il y avait des regards, et vous devriez être capable de lire dans leurs pensées : c’est le non-dit qui est important.

Bouli est francophone, mais il est très Belge. Une très grande différence entre la Belgique et la France, est que nous aimons les images et les sous-entendus, et pas tant de dialogues. La France est le pays du Verbe. Et vous avez dû découvrir cela en travaillant avec Bouli.

Michelle Fairley : Oui, et Bouli n’arrêtait pas de s’excuser pour son mauvais accent. Et je lui disais : Ton anglais n’est pas mauvais ! Tu es en fait sacrément bon ! Mais ça, c’est l’humilité de Bouli, et il était également l’auteur du scénario, c’était son "bébé", tiré de son expérience en Ecosse, et il voulait travailler là, donc il a créé une histoire qui allait s’intégrer naturellement dans cet environnement, honnêtement et organiquement. Ce n’est pas du tout tape-à-l’œil, c’est une histoire d’amour et de douceur, dans un endroit particulièrement rude…

Après ce type de projet, avez-vous maintenant la curiosité de continuer à travailler avec des réalisateurs étrangers ?

Michelle Fairley : Oui, j’ai envie et j’ai adoré ! J’ai eu la chance de travailler dans une série qui s’appelle "Gangs of London", et ils engagent régulièrement des réalisateurs internationaux, et j’adore travailler avec eux ! Ils travaillent différemment, ils sont curieux, ouverts, ils sont libres et ils aiment expérimenter, et j’apprécie vraiment de travailler comme ça.

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