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Microsoft avec Bing ChatGPT, Google avec Bard… Les géants de la tech déploient leurs intelligences artificielles malgré les risques de ratés

Le marché matinal

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Par Lavinia Rotili et Thomas Deschamps avec AFP

En pleine bataille contre son rival Microsoft, Google a dévoilé mercredi 8 février une série de fonctionnalités enrichies par l’intelligence artificielle, mais une erreur dans une publicité pour "Bard", son tout nouveau robot conversationnel, lui a coûté cher. Selon les informations des médias étrangers, Google a perdu près de 100 milliards de dollars de valeur boursière après un "flop" de Bard.

Parmi les nouvelles fonctionnalités présentées, il y avait les tests pour intégrer de l’intelligence artificielle (IA) dite "générative" à la recherche en ligne. Comprenez, le géant de la tech vise à se positionner face à son rival Microsoft, qui a massivement investi dans ChatGPT, alors que Microsoft vient de présenter une nouvelle version test de son propre moteur de recherche, Bing, avec ses algorithmes et ceux du robot conversationnel ChatGPT.

Mais la présentation a été quelque peu… ratée, à cause d’une erreur de Bard. Lors de la conférence, cette question lui a été posée : "Quelles dernières découvertes de la Nasa issues du télescope James Webb puis-je expliquer à mon enfant de 9 ans ?"

Bard a donné quelques réponses mais, sur Twitter, des astronomes ont relevé une erreur : l’IA a affirmé que le télescope avait été le premier à prendre des photos d’une planète hors du système solaire, alors que le télescope géant européen l’avait en réalité déjà fait, en 2004.

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L’erreur a fait perdre plus de 7% au titre d’Alphabet, la maison mère de Google, à la Bourse de New York mercredi. Le Guardian indique que cela correspond à une perte d’environ 100 milliards de dollars de valeur boursière.

L’entreprise n’a pas donné de précision sur la manière dont Bard serait intégré à son moteur de recherche ni sur le délai pour une version grand public, répétant que ce serait "dans quelques semaines".

Cette fuite massive des investisseurs révèle avant tout le décalage entre les énormes attentes générées aujourd’hui par le discours des Big Tech sur l’intelligence artificielle et les avancées réelles en la matière. C’est en tout cas ce qu’estime Katrien Beuls, qui développe elle-même des intelligences artificielles à l’UNamur : "Ils ont trop promis, c’est sûr. Depuis des années, ils disent qu’on arrive à un niveau d’intelligence artificielle comparable à l’intelligence humaine, mais c’est faux. On n’est pas encore au niveau d’un enfant de deux ans, on sait simuler, mais ces géants de la technologie jouent bien sûr sur ça pour attirer des investissements", détaille-t-elle.

Un lancement précipité alors que les risques sont présents

Microsoft a frappé un grand coup avec ce nouvel outil, mais cela s’est d’abord fait via OpenAI, une petite société de recherche et développement qui a lancé ce "chatbot" (robot conversationnel) tout en admettant qu’il était encore à perfectionner.

Mais le succès de cette expérience collective a été tel que Microsoft a soudain décidé de l’intégrer à son propre moteur de recherche.

Une décision avec "effet boule de neige", tous les géants de la tech se retrouvant sous pression pour sortir de leur chapeau une IA du même genre, comme le constate Benoît Frénay, spécialisé en machine learning à l’UNamur : "On a mis sur le marché cette solution, alors que d’autres sociétés étaient un peu frileuses à le faire précisément parce qu’elles étaient conscientes des risques aussi bien pour elles-mêmes que pour le grand public. Et là, quelque part, OpenAI a forcé la main à tout le monde et tout le monde est en train de s’emballer, toutes les sociétés, que ce soit Alibaba, Baidu ou Google. Elles sont en train de s’aligner dans les starting-blocks pour démarrer avec leur IA. Et ces IA ont évidemment été améliorées dans les mois et les années qui ont précédé, mais elles restent entachées des mêmes problèmes."

Si l’IA peut accomplir des miracles pour des tâches précises, un robot qui aurait la réponse à toutes les questions finira toujours par se faire prendre. Facebook s’y était d’ailleurs déjà cassé les dents l’année dernière en retirant son programme phare, Galactica, au bout de cinq jours sous la pression de scientifiques médusés.

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