L’erreur a fait perdre plus de 7% au titre d’Alphabet, la maison mère de Google, à la Bourse de New York mercredi. Le Guardian indique que cela correspond à une perte d’environ 100 milliards de dollars de valeur boursière.
L’entreprise n’a pas donné de précision sur la manière dont Bard serait intégré à son moteur de recherche ni sur le délai pour une version grand public, répétant que ce serait "dans quelques semaines".
Cette fuite massive des investisseurs révèle avant tout le décalage entre les énormes attentes générées aujourd’hui par le discours des Big Tech sur l’intelligence artificielle et les avancées réelles en la matière. C’est en tout cas ce qu’estime Katrien Beuls, qui développe elle-même des intelligences artificielles à l’UNamur : "Ils ont trop promis, c’est sûr. Depuis des années, ils disent qu’on arrive à un niveau d’intelligence artificielle comparable à l’intelligence humaine, mais c’est faux. On n’est pas encore au niveau d’un enfant de deux ans, on sait simuler, mais ces géants de la technologie jouent bien sûr sur ça pour attirer des investissements", détaille-t-elle.
Un lancement précipité alors que les risques sont présents
Microsoft a frappé un grand coup avec ce nouvel outil, mais cela s’est d’abord fait via OpenAI, une petite société de recherche et développement qui a lancé ce "chatbot" (robot conversationnel) tout en admettant qu’il était encore à perfectionner.
Mais le succès de cette expérience collective a été tel que Microsoft a soudain décidé de l’intégrer à son propre moteur de recherche.
Une décision avec "effet boule de neige", tous les géants de la tech se retrouvant sous pression pour sortir de leur chapeau une IA du même genre, comme le constate Benoît Frénay, spécialisé en machine learning à l’UNamur : "On a mis sur le marché cette solution, alors que d’autres sociétés étaient un peu frileuses à le faire précisément parce qu’elles étaient conscientes des risques aussi bien pour elles-mêmes que pour le grand public. Et là, quelque part, OpenAI a forcé la main à tout le monde et tout le monde est en train de s’emballer, toutes les sociétés, que ce soit Alibaba, Baidu ou Google. Elles sont en train de s’aligner dans les starting-blocks pour démarrer avec leur IA. Et ces IA ont évidemment été améliorées dans les mois et les années qui ont précédé, mais elles restent entachées des mêmes problèmes."
Si l’IA peut accomplir des miracles pour des tâches précises, un robot qui aurait la réponse à toutes les questions finira toujours par se faire prendre. Facebook s’y était d’ailleurs déjà cassé les dents l’année dernière en retirant son programme phare, Galactica, au bout de cinq jours sous la pression de scientifiques médusés.