Cinéma

"Midsommar" : cauchemar ensoleillé

"Midsommar", cauchemar ensoleillé

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Par Adrien Corbeel

L'obscurité, c'est bien connu, est le terrain privilégié de l'épouvante. C'est dans les recoins sombres que la plupart des films d'horreur triomphent, leurs frayeurs tapies dans le noir, guettant les victimes que nous sommes.

Livrant son inquiétant spectacle sous le plus éclatant soleil, "Midsommar", le nouveau long-métrage d'Ari Aster ("Hereditary"), prend indéniablement le contre-pied de cette tendance. C'est dans un lieu baigné de lumière que nous emmène le film, au sein d'une harmonieuse communauté tout de blanc et de fleurs habillée, qui accueille à bras ouverts les touristes américains venus célébrer en leur compagnie les festivités suédoises du Midsommar. Les images sont magnifiques, le cadre bucolique et les autochtones pittoresques. Bien sûr, il ne fait pas le moindre doute que quelque chose ne tourne pas rond.

Dans le groupe d'américains d'abord, où les tensions abondent entre Dani (Florence Pugh, grandiose) et son compagnon très distant, Christian (Jack Reynor, moins convaincant), mais surtout dans ce collectif religieux aux étranges rituels. Inspiré de nombreuses traditions païennes, leur folklore est foisonnant, rempli de symboles, de coutumes et de dessins magnifiques mais profondément perturbants, nous laissant présager le pire. Ce qui, inévitablement, survient.

L'ambition de "Midsommar" n'est cependant pas d'offrir au spectateur un traditionnel "slasher". Son horreur se vit au grand jour, visible de tous, quitte à rendre le film moins effrayant. L'angoisse bien sûr n'est jamais très loin de ce long-métrage enclin aux effets gores, mais l'inconfort, la fascination et le rire sont les réactions les plus souvent suscitées par les événements. On se surprend ainsi à glousser face à la tournure sordide que prennent les festivités pour les malheureux personnages du film, amusé et repoussé par leurs aventures.

Ambitieux par son ton, par son propos, mais également par sa durée (presque 2h30), "Midsommar" est un film trop abrasif pour ne pas perdre une bonne partie de ses spectateurs en chemin. Mais sa singularité est aussi ce qui fait son intérêt. Il ressemble à un mauvais rêve, qui même achevé ne semble pas terminé, tant ses images marquent l'esprit de leur étrangeté. Une expérience de cinéma saisissante. 

MIDSOMMAR - Bande Annonce #1 VOSTFR HD (2019) | CLIPDEFILM

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