Le réalisateur Cacoyannis a adapté Iphigenie en 1977 pour le cinéma. Une époque où Theodorakis était déjà rentré en Grèce, trois ans plus tôt, à la fin de la terrible dictature des colonels. Une partition ambitieuse qui marque l’originalité de Theodorakis mélangeant son amour des sonorités grecques avec un sens des masses orchestrales.
La vedette de ce film Iphigénie était encore une fois Irene Papas, incontournable en matière de tragédie grecque.
L’autre grande star grecque est sans conteste Melina Mercouri, actrice, chanteuse et politicienne grecque mondialement connue grâce au film Jamais le dimanche de Jules Dassin (1960), elle a célébré l’héritage culturel grec tout en prônant l’émancipation sous toutes ses formes.
Elle forme avec Theodorakis tantôt des icônes rassurantes, tantôt véhicules d’aspirations collectives, leur combativité exemplaire a fait d’eux de véritables héros contemporains qui n’ont rien à envier à ceux de la mythologie grecque.
Tout comme Theodorakis, Mélina Mercouri semble avoir particulièrement laissé son empreinte dans l’esprit des Grecs…
Au cinéma Theodorakis a croisé une fois la route de jules Dassin et Mélina Mercouri, c’était pour le film Phaedra. Un film dont l’action se déroule entre Paris, Londres et l’île grecque d’Hydra.
En 1973, Theodorakis travaille pour Sidney Lumet sur le film Serpico, dans lequel on retrouve Al Pacino dans le rôle-titre et qui raconte l’histoire d’un flic dans le New York des années 70.
La bande originale que signe Theodorakis est assez différente de l’image que l’on peut avoir du compositeur. Avec des petits côtés Lalo Shiffrin, Theodorakis est saisi par le funk.
Il persévère dans le cinéma aux côtés de Costa-Gavras pour un autre film, très politique, Etat de siège, avec Yves Montand dans le rôle principal. Le compositeur flirte un peu avec la musique des Andes et s’associe avec le groupe LOS CALCHAKIS
Au milieu des années 70, Theodorakis abandonne le cinéma peu à peu pour y revenir de temps en temps, mais ce ne sera plus vraiment une activité à part entière…
La fin de la dictature des colonels, en 1974, offre au compositeur un retour triomphal dans son pays natal. Depuis, il ne quitte jamais bien longtemps le devant de la scène politique. Il y participe activement dans les années 1980 et 1990, redevient député, et plus tard ministre d’Etat sans portefeuille dans le gouvernement de Konstantinos Mitsotakis, prônant le rapprochement entre Grecs et Turcs et le développement des structures culturelles.
Mais la figure sacrée s’effrite au fil du temps. A trop vouloir, selon ses mots, " être du côté des faibles " comme le peuple palestinien, Theodorakis en vient à tout mélanger : l’Etat d’Israël et les juifs, sionisme et sémitisme.
Míkis Theodorákis a traversé l’histoire. Sa présence nous rappelait au besoin une Europe pétrie de contradictions, de conflits, de guerres et de dictatures, de crises sociales et politiques. Enfant rare né de l’union entre musique et politique, il reste autant le compositeur du sirtaki de Zorba le Grec que l’une des plus grandes figures de la vie politique grecque.
Míkis Theodorákis est mort à Athènes, le 2 septembre 2021. Il avait 96 ans.