Milos Forman, du Printemps de Prague au Flower Power

30/10/1970-New York, le réalisateur Milos Forman derrière la caméra sur un plateau de tournage dans Esat Village, testant une scène pour le film 'Taking off'

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Milos Forman. Un grand réalisateur. Citez-moi ses films ! Vol au-dessus d’un nid de coucou’ ! ‘Amadeus’ ! Mais encore ? Il n’est pas de ceux qui ont marqué par un style reconnaissable entre mille, mais son savoir-faire a produit une série de films majeurs. En dix-sept films, le réalisateur s’est imposé dans l’histoire du cinéma avec treize récompenses. Un amour de la musique, et des personnages en marge de la société ou du système. Des thèmes de prédilection qui s’explique dans sa jeunesse.

Sa jeunesse : guerre et opérette

Milos Forman est né en 1932. Il se retrouve orphelin à douze ans, ses parents ayant été déportés en camps de concentration. Il va grandir sous l’aile de son grand frère qui va l’introduire aux mondes de l’opérette et du théâtre. Il se passionne pour ces deux genres, mais au moment de s’inscrire pour ses études, le destin le mènera dans une école de cinéma. En 1964, il commence sa carrière en Tchécoslovaquie en trois films : L’as de pique' qui décrit un personnage lunaire, totalement en marge avec la société. Le film suivant, ‘Les amours d’une blonde’, est sans doute le plus connu des films de la nouvelle vague Tchèque. Puis son dernier film au pays, ‘Au feu les pompiers’. Ces trois films seront reconnus à l’international, le dernier étant nominé aux Oscars et au Festival de Cannes en mai 1968, festival qui sera interrompu en raison des évènements.

Les prémices du Printemps de Prague

Au moment ou la carrière de Forman débute, le contexte historique à Prague est particulier. Une brèche entre deux époques. Dans les années soixante, la Tchécoslovaquie est sous la coupe de l’URSS, et peu à peu la contestation s’installe. Elle s’exprime dans les arts, et notamment au travers de cette nouvelle vague cinématographique qui tient tête au réalisme socialiste imposé par le parti. Le cinéma de Milos Forman respire la liberté, la liberté de filmer, de s’exprimer et de vivre tout simplement. Avant l’étouffement du Printemps de Prague en 1968.

Au feu les pompiers !

Mon intention n’était pas de tourner une allégorie politique – je ne les aime pas au cinéma – mais les représentants du Parti communiste se sont reconnus dans cette histoire de tombola pillée.

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Nous sommes dans une petite ville de province. On s’affaire pour l’évènement de l’année : le bal des pompiers. Un concours de beauté doit élire la plus charmante, mais les jeunes concurrentes refuseront de participer, ce sera la plus moche qui l’emportera. Les lots de la tombola vont peu à peu disparaître avant le tirage au sort. Tout le monde se surveille. Le fiasco se termine par une maison incendiée qui sera oubliée des hommes du feu. L’humour sarcastique de Milos Forman n’épargne pas ceux qui représentent le pouvoir. A la sortie du film, Milos Forman rencontrera des problèmes, le film sera banni à tout jamais dans son pays. C’est Claude Berri et François Truffaut qui viendront au secours du réalisateur en le distribuant en Europe. Le film y rencontrera un grand succès, clôturera le Festival de New York, ce qui lui amènera l’année suivante, une nomination pour le meilleur film étranger aux Oscars en 1969. Belle revanche.

Entre-temps, dans la nuit du 20 au 21 août 1968, six mille chars du pacte de Varsovie envahissent Prague pour réprimer l’élan de liberté. Le rideau de fer est tombé sur la carrière tchèque de Forman.

« Ready for take off »

Milos Forman vient de vivre des années de contestations en Tchécoslovaquie qu’il a dû fuir. Il pose maintenant son regard critique sur la société aux Etats-Unis. Au tournant des années soixante et septante, les générations s’opposent. Son film ‘Taking off' met en scène une jeune fille en fugue, et ses bourgeois de parents lancés à sa recherche. Une série de situations absurdes s’en suit, comme un strip-poker sous influences, ou cette séquence culte où un psychologue initie à l’art de fumer la marijuana un parterre d’adultes largués.

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La carrière américaine

'Taking off' n’a pas rencontré le succès. Il a été le trait d’union entre ses deux carrières, tchèque et américaine. Avant les chefs-d’œuvre comme la comédie musicale ‘Hair’, le film historique ‘Valmont’, le sulfureux ‘Larry Flint', l’inclassable ‘Vol au-dessus d’un nid de coucou’. Dans Entrez sans frapper, Dick Tomasovic (Attaché scientifique de la BiLA et professeur à l’Université de Liège) revient sur sa carrière.

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