Mobilier fixé au sol, brouillage téléphonique… Quelles sont les conditions de détention de Salah Abdeslam ?

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Le 8 septembre, s’ouvre le procès historique des attentats de Paris. Vingt hommes sont renvoyés devant la cour d’assises spécialement composée de Paris dont Salah Abdeslam, le seul terroriste encore en vie du commando. En prison depuis plus de cinq ans, il est l’homme le plus surveillé de France.

Le 13 novembre 2015, neuf terroristes sèment la mort au Stade de France, aux terrasses de cafés et restaurants et au Bataclan. Bilan : 130 morts et plus de 400 blessés. Ce jour-là, Salah Abdeslam porte, lui aussi, une ceinture explosive. Mais elle est défectueuse. S’ensuit sa fuite vers la Belgique et une cavale qui mobilise toutes les forces du pays jusqu’au 18 mars 2016. Il est arrêté alors qu’il tente de quitter sa planque de Molenbeek.

À l’isolement dans la plus grande prison d’Europe

Salah Abdeslam est incarcéré depuis plus de cinq ans. Après son arrestation, il passe un mois dans le quartier de haute sécurité de la prison de Bruges. Il n’a aucun contact avec les autres détenus et ne peut sortir de sa cellule qu’une heure par jour. Des agents pénitentiaires sont chargés de le tenir à l’œil.


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Cette surveillance rapprochée permettra de capter les échanges entre Salah Abdeslam et son voisin de cellule Mehdi Nemmouche, l’auteur de l’attentat du Musée juif de Bruxelles. Ce dernier conseille à Abdeslam de se taire face aux enquêteurs.

Éviter la chaise vide au procès

Aujourd’hui, Salah Abdeslam est détenu à la prison de Fleury-Mérogis, la plus grande prison d’Europe. Il vit dans une cellule d’une dizaine de mètres carrés avec le mobilier fixé au sol. Son régime de détention est très strict. Il est à l’isolement et ses faits et gestes sont suivis 24h/24 par des caméras de surveillance. Une surveillance exceptionnelle qui a fait l’objet d’un arrêt ministériel voté au Parlement et justifiée par le ministre français de la justice de l’époque pour "éviter la chaise vide au procès".

Salah Abdeslam avait d’ailleurs saisi la haute juridiction administrative pour contester cette atteinte excessive à sa vie privée. Celle-ci a considéré que le caractère exceptionnel des faits terroristes justifie toutes les précautions prises pour éviter son suicide ou son évasion.


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Abdeslam conserve, par ailleurs, toute une série de droits via ce régime d’isolement comme le droit à l’information, à des visites, à une correspondance écrite et téléphonique, à l’exercice du culte et à au moins une heure de balade à l’air libre par jour.

En 2017, un rapport de l’administration pénitentiaire faisait état de la dégradation de la santé mentale du détenu le plus surveillé de France. Dans ce rapport, on pouvait lire les termes suivants : prostration, paranoïa et irritabilité. À la suite de ce bilan de santé, le plexiglas qui recouvrait la fenêtre de la cellule d’Abdeslam a été retiré. De même que la vitre qui le séparait de ses proches lors des visites.

Salah Abdeslam coûte 430.000 euros par an à la France

En février dernier, le ministre français de la justice, Eric Dupont-Moretti, a donné des précisions sur le coût de cette détention. Elle s’élève à plus de 430.000 euros par an dont une large partie est liée aux frais de personnel. Huit agents pénitentiaires se relaient nuit et jour pour assurer cette surveillance.

Par ailleurs, des investissements ont été faits pour sécuriser l’environnement autour de la cellule de Salah Abdeslam. Un système de brouillage de téléphones portables a été installé pour un coût de 190.000 euros. Le système de vidéosurveillance a, quant à lui, coûté 16.000 euros.

En plus de la cellule occupée par Salah Abdeslam, quatre autres cellules sont réquisitionnées. L’une pour installer le matériel de vidéosurveillance. Une autre également sous vidéosurveillance où sont installés un rameur et un vélo d’appartement. Et finalement deux autres cellules sont laissées vides par sécurité.

Salah Abdeslam comparaîtra devant la cour d’assises spécialement composée dès le 8 septembre. On peut déjà imaginer que les transferts quotidiens de la prison vers le palais de justice situé sur l’île de la Cité à Paris se feront sous très haute surveillance policière.

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