Après plusieurs semaines d’audiences avec les témoignages de victimes des attentats de Paris, place à l’interrogatoire de personnalité des accusés ce mardi 2 novembre. Après l’intervention de Salah Abdeslam, c’est au tour de Mohamed Abrini, surnommé l’homme au chapeau de répondre aux questions de la cour.
"J’ai joué au football de mes 5-6 ans jusqu’à mes 20 ans, et puis se sont succédé l’échec scolaire, l’échec sportif et au final l’échec et mat", témoigne Mohamed Abrini sur le banc des accusés à propos de sa jeunesse.
Son premier passage en prison, c’était pour un vol de voiture avec effraction. "J’ai roulé 20 ans sans permis de conduire et je n’ai jamais eu d’accident", ajoute celui qu’on surnommait d’homme au chapeau lors de sa fuite après les attentats.
La mort d’un frère en Syrie
Après sa scolarité, il a enchaîné les périodes de détention et quelques jobs étudiant. Mais l’élément qui a visiblement déstabilisé Mohamed Abrini est la mort de son jeune frère dans les combats en Syrie.
"A une semaine de mon fond de peine, j’apprends que mon petit frère a été tué en Syrie. Je sors de prison et plus rien ne compte, je n’ai plus d’autres envies que de partir en Syrie", se confie-t-il.
Le président lui demande ensuite de définir à son tour la nature des liens avec les coaccusés. "Par rapport à Salah Abdeslam, nos deux mères elles se connaissaient avant qu’on soit né c’est vous dire. Vous comprenez qu’on a grandi ensemble dans le quartier".
La plupart de l’argent que je dépensais provenait d’activités criminelles.
Le président de la cour demande alors de décrire une journée typique à Molenbeek en 2014. "On se lève le matin et on traîne au quartier", réplique Mohamed Abrini. "La plupart de l’argent que je dépensais provenait d’activités criminelles."
Une des juges demande si l’accusé a bénéficié de programme de réinsertion ou d’appui des services d’aide à la jeunesse.
Avec un air résigné, Mohamed Abrini lève les épaules : "Il n’y a eu aucun projet de réinsertion. Vous n’imaginez pas l’ambiance dans les quartiers, toutes les maisons ont des paraboles branchées en permanence sur la guerre lointaine. On ne voit que cela en permanence, la guerre, on baigne là-dedans tout le temps."
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Mohamed Abrini et Salah Abdeslam, visiblement bien préparés par leurs avocats, ont adopté une attitude conciliante à l’égard des questions de la cour et des parties. Mais les aspects les plus délicats du dossier comme le processus de radicalisation et le contexte concret de leur participation aux attentats n’ont pas été abordés à ce stade du procès.
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