Pour les autorités belges, ce sont les contrôles poussés et approfondis des conteneurs dans les ports qui porteraient leur fruit.
Ce sont aussi les sanctions infligées aux passeurs qui dissuaderaient ces derniers. Pour rappel, dans la tragédie qui a coûté la vie à 39 migrants vietnamiens, piégés dans un camion frigorifique, en 2019, le chef de la bande des passeurs, un Vietnamien, a été condamné à 15 ans de prison par la justice belge.
Depuis début 2019, 116 personnes ont été condamnées pour des infractions de trafic d’êtres humains organisé. 51 de ces dossiers concernaient du transport de migrants par "petits bateaux". Soit les bateaux ont été interceptés en mer, lors d’opérations de sauvetage, par exemple, soit il s’agissait de matériel saisi en Belgique, par exemple des bateaux et des gilets de sauvetage que les trafiquants faisaient passer par la Belgique, en provenance d’Allemagne ou des Pays-Bas à destination de la France. 65 autres dossiers concernaient du transport de migrants par camions ou conteneurs.
Selon les autorités belges, les condamnations pour intrusion dans l’enceinte du port de Zeebrugge dissuaderaient aussi les migrants de tenter la traversée au départ de la Belgique.
Toutefois, explique-t-on du côté des autorités judiciaires belges, la vigilance reste de mise. "Pour le moment, on voit moins de migrants, mais ce n’est pas pour autant qu’ils ne sont pas là", réagit Ann Lukowiak, Procureure fédérale. "C’est qu’ils ont trouvé d’autres moyens. C’est à nous de détecter quels sont ces moyens", ajoute-t-elle. Et de rappeler que la Belgique a toujours été un pays de transit. "On a aussi des organisations qui regroupent des migrants, par exemple à Bruxelles, pour ensuite les faire partir par les plages du nord de la France", explique Ann Lukowiak.
Alors, les autorités souhaitent étendre les moyens d’action de la police. Actuellement, les enquêtes sont menées en lisant les données des smartphones saisis auprès de migrants ou de trafiquants interceptés. L’an dernier, plus de 600 téléphones portables ont ainsi été saisis et examinés par l’équipe TransIT de la police judiciaire fédérale. Cela permet de découvrir des preuves sur les identités des personnes, les itinéraires d’approvisionnement, les maisons de transit, notamment. Cela a permis, par exemple, en juillet 2022, de faire arrêter 18 personnes en Allemagne sur ordre d’un juge d’instruction brugeois.
Pour le moment, cela concerne essentiellement les saisies effectuées par la zone de police Westkust. L’idée est à présent d’étendre le champ d’activité de cette équipe TransIT à d’autres zones de police de Flandre Occidentale.