Football

Momo Dahmane n’a pas (encore) le réseau pour reprendre l’Olympic

La longue carrière de Momo Dahmane comme joueur n'est pas encore terminée.

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Par Philippe Bughin

Les Dogues sont bye ce week-end, en championnat. En coulisses, le directeur sportif Mohamed Dahmane réfléchit à l’orientation à donner au projet bientôt privé du moteur Patrick Remy.

L’Olympic de Charleroi est au repos ce week-end. Sortira-t-il dimanche soir des places qui donnent droit au tour final pour la montée en D1B ? Oui, puisqu’il y a un certain Dender-Visé au programme de ce samedi soir et qu’une de ces deux équipes reprendra le quatrième rang aux Dogues. "Ce n’est pas bien grave, commente Mohamed Dahmane, le joueur-directeur sportif d’une équipe hennuyère juste vaincue une seule fois en déplacement jusqu’alors dans le championnat. Vous verrez, ce top 4 évoluera pendant le dernier tiers de la compétition. Je m’attends, par exemple à voir Dender finir en force. Le RFC Liège, qui a un jeu très propre est parti pour rester dans le haut du tableau. Maasmechelen prend des points, mais son foot fait de longs ballons vers l’avant n’est pas celui que j’affectionne. A l’autre bout du classement, je me demande toujours ce que fait la belle formation d’Izegem Ingelmunster à l’avant-dernière place ? Et puis, le leader, Dessel n’a pas demandé la licence pour le foot pro. C’est aussi notre cas. Est-ce que cela jouera dans la tête des joueurs dans les prochaines semaines ?"

Chez les Dogues, Momo Dahmane assure que cette donnée ajoutée à l’annonce du départ au 30 juin du président-mécène Patrick Remy et du vice-président Akif Arikan n’aura pas un impact négatif sur les performances sportives de ses équipiers d’ici la fin du championnat.

Ces derniers jours, il a d’ailleurs passé beaucoup de temps à faire passer le message suivant : même s’il n’y a pas la montée au bout d’éventuelles grosses prestations, disputer un tour final reste la meilleure manière de se faire mieux désirer encore à un moment donné.

Entretemps, l’Olympic averti du départ de son président mécène s’est déjà imposé 0-1 à Rupel Boom et les rencontres de mars à l’URLC, face à Tirlemont, à Dender et contre Mandel sont autant d’autres belles et proches occasions de montrer que le groupe ne lâchera rien. "Nous avons construit un noyau qui a vraiment fière allure. Ce n’est sans doute pas la meilleure des idées d’en mettre l’un ou l’autre en exergue par rapport au reste de l’équipe, mais puisque vous me demandez ceux qui " crèvent " l’écran en ce moment, je me dois de citer notre capitaine Felix Kieran, qui a été pro à Mons et Mouscron. Il sort vraiment une grosse saison. Il y a aussi Victor Corneillie, notre défenseur central droit, Joël Ito, relayeur déniché au FC Bruges lors de mon passage à la Louvière Centre voire encore le déroutant Yassine Delbergue, formé avec Eden Hazard à Lille."

« A 40 ans, je peux encore donner et prendre du plaisir sur le terrain »

L'Olympic de Charleroi ne montera pas en D1B cette saison.
L'Olympic de Charleroi ne montera pas en D1B cette saison. © Tous droits réservés

Momo Dahmane, ancien pro de Genk, Mons, FC Bruges et Eupen en Belgique, passé également par des clubs français, turcs et algériens, sept fois international aura 40 ans le 9 avril prochain. Il n’a toujours pas raccroché les crampons. Ces dernières semaines, il joue pourtant beaucoup moins, n’apparaissant sur la feuille de match que comme responsable du matériel, une manière dit-il d’être sur le petit banc pour pousser ses copains vers l’objectif. "Je continue à m’entraîner chaque semaine comme si j’allais devoir disputer un match le week-end. Jusqu’ici, mon corps ne me lâche pas. J’ai une bonne hygiène de vie. Je sens que je peux encore donner et prendre du plaisir sur un terrain. Je suis donc à la disposition du coach Xavier Robert si c’est nécessaire. Ces dernières semaines, il y avait d’abord et avant tout de gros dossiers à gérer sur la table du directeur sportif. J’ai donc mis mon rôle de joueur en arrière-plan".

« J’ai sondé Mons, Tubize et Charleroi pour partager leur stade »

La joie dans le vestiaire. Les Dogues n'ont perdu qu'à trois reprises jusqu'ici en Nat 1.
La joie dans le vestiaire. Les Dogues n'ont perdu qu'à trois reprises jusqu'ici en Nat 1. ©

Gros dossiers. Les mots sont lâchés. Et si nous précisions la situation en compagnie de notre interlocuteur ?

1) Licence pro. "Pour mettre le stade de la Neuville aux normes du foot pro (places assises, élargissement du terrain…), il faut 1,2 million d’euros htva.

Le stade appartient à la Ville, mais celle-ci n’a jamais budgétisé un tel investissement dans la période 2018-2024. C’est compliqué de faire du neuf avec de l’ancien. Que ce soit très clair : nous n’en voulons absolument pas aux édiles. Charleroi, qui ne roule pas sur l’or dans une période de reconstruction nous aide ponctuellement quand il le faut. Nous avons d’ailleurs une oreille attentive en la personne de l’Echevin des sports, Mr Karim Chabaï. Sans doute avons-nous voulu aller trop vite. La fusion entre Olympic-Châtelet et Farciennes n’est pas si vieille que cela après tout.

Le souci ? La Nationale 1 est un mouroir ! 50.000 euros de droits TV à ce niveau, c’est une rentrée dix fois moins importante qu’en D1B. On me dit parfois que la masse salariale sera plus lourde à supporter dans l’antichambre de l’élite. Nous avons déjà beaucoup de contrats semi-pros. L’idée, c’est de travailler avec des pros protégés par un contrat de base. En 2005-2006, lorsque j’étais pro à Mons, j’ai joué avec un contrat de 1500 € par mois. Il y a énormément de bons joueurs sur le marché. A commencer par le marché français. Se mettre en vitrine est une option à ne pas négliger. Patrick Remy me suivait dans mon raisonnement. Il avait d’ailleurs un partenaire prêt à le suivre pour moderniser la Neuville, mais la marge de manœuvre dans le temps était devenue trop étroite.

Même en cherchant une solution d’attente. Oui, nous avons négocié avec les dirigeants de Renaissance Mons pour partager le Tondreau une semaine sur deux. Mais comme cette enceinte accueille déjà Symphorinois, cela devenait compliqué. Je suis également allé voir les dirigeants de Tubize-Braine et puis, forcément Mehdi Bayat pour partager le stade du pays de Charleroi. Mais là, il y a un souci avec la pelouse qui est, pour une partie mal exposée à la lumière. Il fallait alors apporter un bon budget pour envisager une cohabitation. On a préféré reculer et ne pas demander la licence pro pour la saison prochaine".

« Être le président d’un club, c’est un peu être patron d’un restaurant ; on devient vite esclave de son business »

2) Le départ de Patrick Remy et Akif Arikan. "Notre président et notre vice-président ont annoncé leur départ de l’Olympic de Charleroi au 30 juin 2022. On peut regretter la décision, mais on doit d’abord la comprendre et la respecter. Si l’Olympic est aujourd’hui sain financièrement, c’est à Patrick Remy qu’on le doit. Rien à voir avec l’état des finances de mon ancien club l’URLC, lequel survit je ne sais comment avec un passif supérieur à 700.000 € !

Patrick Remy a une entreprise dans l’alimentaire qui lui prend beaucoup de temps, et qui se développe encore. Lorsqu’il venait à l’Olympic, il ne comptait pas ses heures non plus. Résultat, c’est sa famille, ses proches qui sont lésés. Une santé, on n’en a qu’une aussi. Les saisons " Covid ", le public qui ne suit plus comme par le passé, les soucis de stade et surtout le fait d’être continuellement obligé de combler les trous dans les finances, cela a fini par user.

Il a vraiment besoin d’une grosse bouffée d’oxygène. Il assumera le budget jusqu’en juin, avant de céder le flambeau. Mais c’est un vrai Dogue, il viendra encore au club en supporter et comme partenaire, mais avec un tout autre poids sur les épaules.

Depuis l’annonce de son départ, quatre candidats repreneurs se sont manifestés. Il faut prendre du temps pour vérifier les dossiers et en même temps, la prochaine saison se prépare déjà, 80% du noyau est en fin de contrat dans quelques mois.

Racheter le club ? La rumeur circule. J’ai la capacité financière pour le faire, mais je ne veux pas me retrouver dans le même état d’esprit que Patrick Remy à un moment donné. Être le président d’un club, c’est un peu être patron d’un restaurant. On devient esclave de son business. C’est trop de responsabilités sur le dos d’un seul homme.

L’expérience connue à l’URLC me sert. J’y ai investi en temps et en argent auprès de gens qui n’ont pas respecté leur parole et je me suis retrouvé coincé. Quitter l’Olympic aussi ? Je ne suis pas dans cette optique-là en ce moment, mais cela va dépendre de la personnalité du repreneur.

Si le feeling est bon, je reste disponible comme joueur et comme directeur sportif. Aujourd’hui, je n’ai pas encore le réseau à Charleroi pour devenir l’homme fort des Dogues en coulisses. Or, c’est le mot-clé. Apporter l’argent est essentiel, avoir le réseau à côté est tout aussi important. J’ai été sollicité par mon ancien club algérien, le FC Constantine pour y devenir directeur sportif. J’ai décliné poliment. J’aurais pu trouver une fonction au centre de formation du FC Bruges. Et demain, si Karim Belhocine me propose d’être son T2 à Courtrai, je ne suis pas prêt non plus. Ce que je vis à l’Olympic de Charleroi, c’est ce qui me fait vraiment vibrer. J’aide à la construction d’une équipe, je joue encore de temps à autre et je peux m’appuyer sur un homme de confiance qui a les moyens de ses ambitions. Si demain, je me retrouve dans la même situation sur place, je reste partant bien sûr. Mais avant cela, la meilleure manière de passer le témoin, c’est de continuer à montrer sa richesse sportive. On a 645 jeunes et une équipe A de haut tableau de Nationale 1".

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