C’est une initiative de l’ONG Amnesty International qui donne la parole aux jeunes. "Mon cri" a été lancé début de l’année 2021 dans l’urgence. En effet, après presque une année en mode "covid", Amnesty International s’inquiète de l’état de santé mentale des jeunes mais aussi de l’absence de leur point de vue dans le débat public. Concrètement, "'Mon Cri' permet de formuler des propositions de changements afin d’améliorer la vie de jeunes, pour la leur rendre plus agréable ou supportable selon les cas."
"Mon cri" est un formulaire en ligne par lequel les jeunes communiquent leur message écrit, vocal, en image ou en vidéo. La question qui leur est posée est la suivante : "Si vous étiez un ou une responsable politique, d’une école, d’une université, d’une entreprise, que feriez-vous pour améliorer la situation des jeunes ?"
Leur donner la parole
L’opération "Mon cri" est réalisée avec plusieurs partenaires, dont la RTBF, au travers d’une série de reportages qui donnent la parole aux jeunes. "Mon cri" a été lancé en février et depuis 11.000 personnes se sont connectées au site et 300 jeunes ont pris le temps de formuler des propositions concrètes. La moitié des participants a plus de 15 ans et l’autre moitié a plus de 18 ans. Ils viennent de partout en Belgique francophone. Un des objectifs principaux était de : "permettre à des mineurs de se saisir de leur droit à la participation, droit fondamental de la Convention relative aux droits de l’enfant" explique l’ONG Amesty International
Mieux communiquer avec les jeunes
Ce besoin d’être écouté et entendu est clairement mis en avant dans les propositions des jeunes. Ils demandent de renforcer les canaux par lesquels ils peuvent communiquer leurs besoins, leurs avis et leurs propositions aux autorités politiques et académiques. Concrètement, ils proposent des ateliers d’intelligence collective pour faire émerger des solutions en accord avec leur quotidien. Des vidéos dans lesquelles ils témoigneraient de leur quotidien pourraient aussi être un moyen d’expression.
Être mieux informés
L’information est également un point central. Les jeunes disent que la communication autour des restrictions sanitaires manque de clarté. Au collège Notre-Dame de Bellevue à Dinant, les jeunes de rhétos nous confient dans un reportage dans le cadre de "Mon cri" : "Les mesures changent tout le temps, on n’y comprend plus rien et quand on ne comprend pas, c’est plus difficile d’adhérer aux mesures." Les jeunes sont bien conscients qu’elles servent à se protéger et protéger les autres mais ont besoin de mieux les comprendre. Ils souhaitent également qu’il s’agisse plutôt de "conseils" que d’obligations. Ils plaident pour une politique plus incitative que répressive. Ils demandent de mettre en évidence les effets, positifs ou négatifs, des restrictions sur la situation pandémique globale.
Être représentés au Parlement
Des participants proposent d’instaurer la présence d’un représentant des jeunes au Parlement, élu par les jeunes et pour les jeunes. Il faut, selon eux, donner davantage de responsabilités aux jeunes.
Plus de soutien psychologique
Les jeunes subissent de plein fouet les conséquences des différentes mesures destinées à lutter contre le coronavirus. Une étude de l’UMons indiquait qu’entre la première et la seconde vague de l’épidémie, le niveau d’anxiété et de dépression des jeunes a significativement augmenté. Entre autres, 80% des 18-25 ans présentent un niveau de dépression supérieur à la moyenne. Il faut donc agir. Les jeunes proposent que les établissements scolaires organisent une rencontre gratuite avec une psychologue.
Rembourser les soins de santé et créer des moments de discussions
Au niveau du supérieur, les étudiants devraient pouvoir être remboursés de la quasi-totalité de leurs soins de santé mentale. L’aide psychologique sur les campus universitaires devrait également être renforcée. Dans les écoles, un système de soutien pourrait être mis en place par des vidéos qui s’adressent directement aux jeunes. Pour ceux qui suivent la majorité de leur cours en distanciel, il faudrait proposer des séances en ligne pour échanger et maintenir les liens sociaux. C’est aussi ce que demande Ornella dans l’un de nos reportages. Elle a 19 ans, est française et en 2e année en gestion d’entreprise à l’ICHEC. Elle passe ses journées derrière son ordinateur pour suivre les cours : Avant on voyait nos amis, on faisait des rencontres. Maintenant tout se fait à distance et on ne rencontre plus personne." Elle a donc fait une proposition à son école : "Je voudrais créer des groupes de discussion entre étudiants. On a besoin de donner nos ressentis, de dire ce qui va, ce qui ne va pas. C’est important aussi de parler de nos projets."
Prendre en compte les inégalités dans les difficultés d’apprentissage
Autre demande, adapter la quantité de travail afin de rééquilibrer les inégalités nombreuses qui se creusent entre les différentes situations (espaces de travail, santé mentale, jobs étudiants, problèmes familiaux, etc.). Lors d’un tournage au Foyer des Jeunes des marolles à Bruxelles, Khadija 17 ans, nous expliquait : "Quand on a une famille nombreuse et qu’on doit partager une chambre avec ses petits frères, c’est compliqué de suivre les cours sur l’ordinateur quand nos frères dorment." Victoire, 16 ans, s’inquiétait des répercussions sur sa scolarité : "Quand on apprend avec les cours en ligne, on apprend moins bien. J’ai peur que les profs ne se rendent pas bien compte qu’on a du mal et qu’ils n’en tiennent pas comptent dans nos évaluations."