Proclamé sans doute trop vite comme le successeur d’Eddy Merckx, Freddy Maertens avait de la dynamite dans les jambes mais souffrait psychologiquement. Des tourments qui lui ont sans doute coûté une carrière encore plus riche. Toujours est-il qu’il est malgré tout parvenu à rafler deux titres de champions du monde.
Son premier sacre, en 1976, ne souffre d’aucune contestation. Aux prises avec Fransesco Moser, le Belge souffle la victoire à son rival au terme d’un sprint haletant et d’une course interminable (288 kilomètres, la plus longue de l’histoire des Mondiaux).
Tout juste auréolé d’un premier maillot arc-en-ciel et alors qu’on le pense promis à un avenir radieux, Maertens retombe dans ses travers, plombé par la pression du public et par celle qu’il se met lui-même.
Son 2e sacre mondial, cinq ans plus tard, revêt donc une saveur particulière. Parce que beaucoup d’observateurs le pensaient fini pour le plus haut niveau. Rodrigo Beenkens raconte : "Il était un peu à Merckx ce que Merckx était à Van Looy, donc le petit jeune qui arrivait et qui voulait tout gagner. Maertens avait une pointe de vitesse incroyable mais qui était assez instable dans sa tête. Il a fait des bêtises, il n’a pas toujours fait les bons choix, je ne sais pas où il en serait aujourd’hui s’il n’avait pas eu sa femme. Il a sombré…
On n’a malgré tout pas été surpris quand il a gagné son premier mondial puisqu’on le présentait comme le successeur de Merckx, mais après c’est la descente aux enfers, on croit plus du tout qu’il va revenir.
Puis, il y a un truc assez dingue, une sélection surprise pour le Tour, il remporte quelques étapes et sort de là avec le maillot vert. On se dit qu’il est ressuscité, et il gagne le Mondial à Prague. Dingue ! C’est vraiment l’un des retours les plus marquants. Un come-back à la Cavendish ? Non, c’est encore plus fort, Cavendish avait une maladie physique, ici c’est différent, c’était mental. On pensait qu’il était fini…"
Fini, Maertens ne l’est pas et il a à cœur de le prouver au monde entier. Sa course est parfaite et il s’impose devant Giuseppe Saronni et Bernard Hinault.
Retrouvez les récits des victoires de Criquielion, Dhaenens, Museuuw, Boonen et Gilbert dans un 2e article ici