Mondiaux de cyclisme

Mondiaux de Cyclisme : De Merckx à Gilbert en passant par Boonen et Criquielion, focus sur les 18 champions du monde belges (1/2)

Mondiaux de Cyclisme : De Merckx à Gilbert en passant par Boonen et Criquielion, focus sur les 18 champions du monde belges (1/2)

© Belga

Avec 26 médailles d’or, la Belgique trône tout en haut du palmarès des championnats du monde de cyclisme. C’est bien simple, depuis la création des Mondiaux en 1921 et la première édition de la course sur route six ans plus tard, 18 Belges différents ont inscrit leur nom au palmarès.

Et alors qu’on fêtera les 100 ans des championnats du monde ce week-end sur les routes flamandes, revenons sur tous les triomphes belges aux Mondiaux avec une première salve autour des sacres d'Eddy Merckx, Rik Van Looy, Freddy Maertens ou Benoni Beheyt, entre autres.

1. 1927-1957 : 30 ans, 12 victoires, l’âge d’or du cyclisme belge

Jean Aerts après avoir remporté une étape sur le Tour de France 1933.

Créée en 1927, la course en ligne sourit très vite à la délégation belge. Une petite année plus tard, Georges Ronsse fait en effet la malle à la faible concurrence (16 coureurs seulement au départ… 8 à l’arrivée) pour offrir à notre pays sa première médaille d’or aux Mondiaux.

En 1928, l’Anversois de naissance réalise un formidable doublé pour déjà placer la Belgique au sommet du trône des médailles. Et si Alfredo Binda (2x, en 1930 et 1932) et Learco Guerra (1931) permettront à l’Italie d'enrichir son palmarès, les Belges reprendront leur dû grâce à Karel Kaers (1934), Jean Aerts (1935), Eloi Meulenberg (1937) et Marcel Kint (1938).

Par la suite, Albert Schotte glânera lui aussi deux victoires sur trois ans (1948-1950) alors que Rik Van Steenbergen raflera trois fois la mise. Il reste d’ailleurs à ce jour le seul Belge, avec Eddy Merckx, à avoir remporté les Mondiaux à trois reprises.

"Jusque dans les années 1980, il n’y avait que 3-4 nations qui se disputaient la victoire. Puis, les Pays-Bas ont commencé à arriver tout doucement. À noter que le premier champion du monde espagnol, ce n'était qu'en 1995. Il y a eu 2-3 phénomènes suisses, les Américains sont arrivés dans les années 80 et les pays de l’est concourraient en amateur, donc ils ne sont arrivés qu’après. Donc pendant très longtemps, grosso modo ça se jouait entre la Belgique, l’Italie et la France. Il y avait très peu de nations, aujourd’hui le mérite est beaucoup plus grand pour les Belges d’être performants, il y a des nations qui arrivent, comme le Danemark, la Slovénie ou l’Australie, ce qui n’était pas le cas avant", raconte notre collègue RTBF Rodrigo Beenkens.


►►► À lire aussi : Mondiaux de cyclisme: le palmarès, les vidéos


 

1960-1961 : Le doublé de l’insatiable Rik Vanlooy

Rik Van Looy aux Mondiaux de cyclisme 1961.

Vainqueur de plus de 350 courses dans sa carrière professionnelle, Rik Van Looy était quasiment intouchable à la fin des années 50 et au début des années 60. Lauréat du Tour des Flandres, de Paris-Tours, du Tour de Lombardie, 3e de la Vuelta et 4e du Giro la même année, en 1959, l’Empereur d’Herentals se présente aux Mondiaux de 1960 avec un palmarès (déjà) long comme le bras.

Parfaitement emmené par son précieux coéquipier Pino Cerami, l’insatiable Van Looy devance André Darrigade au sprint pour s’adjuger ses tous premiers Mondiaux. L’année qui suit, le Belge poursuit son hégémonie puisqu’il remporte Paris-Roubaix et Liège-Bastogne-Liège. C’est donc en toute logique qu’il est proclamé favori à sa propre succession aux championnats du monde 1961.

Bim, bam, boum, Van Looy devance le reste de la meute sur le circuit de Berne pour s’imposer devant Nino Defilippis et le Français Raymond Poulidor. Un chef d'oeuvre personnel avant la désillusion de 1963...

1963 : La trahison de Renaix

Mondiaux : L'emballage final entre Van Looy et Beheyt.

Voici probablement l’une des courses les plus dantesques de l’histoire des Mondiaux. Pour resituer les faits, Rik Van Looy, tout juste auréolé d’un doublé (1960-1961) est logiquement le grand favori pour réaliser le triplé, à domicile, sur les routes de Renaix. En tout cas, il est l’homme à (a)battre.

Alors que le sprint final se profile, Van Looy demande donc à son coéquipier Benoni Beheyt de l’amener le plus loin possible. Celui-ci refuse, prétextant des crampes qui l’empêchent d’accélérer. Beheyt reste ainsi dans la roue de son leader Van Looy avant… de le coiffer dans les derniers hectomètres et de s’offrir la victoire devant une foule médusée… qui se range derrière le très charismatique Van Looy. Beheyt est ainsi hué sur le podium par l’immense majorité du public dans une course qui restera dans les annales comme étant la "trahison de Renaix."

"Il y a eu des mots terribles, certains ont parlé de crime parce que Beheyt bat son propre leader. On ne va pas refaire l’histoire mais donc Beheyt aurait eu des crampes et ça force Van Looy à emmener son sprint lui-même d’un peu trop loin. A une centaine de mètres de la ligne, il perd de la vitesse et là il voit Beheyt passer. Tout a été provoqué par Tom Simpson qui avait attaqué de plus loin. Donc Van Looy a été obligé de combler le trou et il aurait aimé que ce soit Beheyt qui le fasse…", analyse Rodrigo Beenkens.

1970 : le récital du regretté Jean-Pierre Monseré

Jean-Pierre Monseré lors des 6 jours de Gand en 1970.

Le Robin des Bois du Cyclisme. Voilà comment on aimait appeler Jean-Pierre Monseré dans le peloton. Gentil, affable et globalement très populaire dans le monde du cyclisme, le natif de Roulers a connu la consécration en 1970 quand il est devenu champion du monde à Leicester au terme d’un final palpitant, s’imposant devant les favoris Leif Mortensen et Felice Gimondi.

Fier de cet exploit retentissant, il porte son maillot arc-en-ciel pendant 6 mois, remporte même le Tour d’Andalousie, avant de perdre la vie sur les routes du Grand Prix de la kermesse de Retie, où il fauche malheureusement une voiture à l’arrêt. 

1967 - 1971 – 1974 : L'ère du Cannibale Eddy Merckx

Eddy Merckx sur le podium après les Mondiaux 1967.

En 1967, Eddy Merckx n’a que 22 ans et n’a montré que des bribes du formidable phénomène qu’il va devenir par la suite. Vainqueur de Milan-San Remo cette année-là, Merckx reste malgré tout dans l’ombre de Jan Janssens, le local de l’étape néerlandais et grand favori de l’époque. Pourtant, c’est bien Merckx qui va remporter un sprint de costauds à 5 et écrire la première ligne de son imposant palmarès aux Mondiaux. A 22 ans 2 mois et 16 jours, le Cannibale devient le 2e plus jeune vainqueur de la course derrière… Karel Kaers (20 ans), un autre Belge.

4 ans plus tard, en 1971 donc, Eddy Merckx vient de remporter son 3e Tour de France consécutif. Et s’il est au sommet de son art, son corps, lui, chancelle quelque peu, des récurrentes blessures au dos et au bassin l’empêchant d’être à 100%. Pourtant, c’est sans scrupule qu’il devance sur la ligne d’arrivée, le chouchou du fervent public local, Felice Gimondi. Une attaque, parfaitement sentie dans la côte du Novazzano, lui permet de réduire au silence les 200.000 tifosis massés sur les routes. Quelques années plus tard, il avouera : "Je n’ai jamais vendu une course. Et pourtant, j’en ai eu l’occasion. Si vous saviez combien Gimondi m’a proposé pour lui permettre de devenir champion du Monde à Mendrisio en 1971 alors que nous étions échappés dans le dernier tour !" Une autre époque…

Echaudé par une frustrante 4e place en 1973, Eddy Merckx aborde l’édition 1974 avec une déroutante envie de revanche. A Montréal, au terme d’une course particulièrement éprouvante (170 partants, 18 coureurs arrivés), le Cannibale devance finalement l’éternel second, Raymond Poulidor, et s’adjuge un 3e Mondial en 8 éditions. Il devient le seul coureur de l’histoire du cyclisme (il sera finalement rejoint par Stephen Roche) à remporter le Tour de France, le Tour d’Italie et les Mondiaux la même année.

"Je passais mes vacances au Portugal, donc je ne voyais pas les championnats du monde quand j’étais petit. Et ce jour-là, on avait crevé un pneu dans les Pyrénées. Du coup, on écoutait la course sur une radio française où tout le monde était évidemment pro-Poulidor. En termes d’émotions, j’ai dix-onze ans, je commence à comprendre le phénomène Merckx, bien qu’il était déjà à la fin", indique notre collègue Rodrigo Beenkens.

1976 et 1981 L’improbable come-back du tourmenté Freddy Maertens

Freddy Maertens avec le maillot de champion de Belgique.

Proclamé sans doute trop vite comme le successeur d’Eddy Merckx, Freddy Maertens avait de la dynamite dans les jambes mais souffrait psychologiquement. Des tourments qui lui ont sans doute coûté une carrière encore plus riche. Toujours est-il qu’il est malgré tout parvenu à rafler deux titres de champions du monde.

Son premier sacre, en 1976, ne souffre d’aucune contestation. Aux prises avec Fransesco Moser, le Belge souffle la victoire à son rival au terme d’un sprint haletant et d’une course interminable (288 kilomètres, la plus longue de l’histoire des Mondiaux).

Tout juste auréolé d’un premier maillot arc-en-ciel et alors qu’on le pense promis à un avenir radieux, Maertens retombe dans ses travers, plombé par la pression du public et par celle qu’il se met lui-même.

Son 2e sacre mondial, cinq ans plus tard, revêt donc une saveur particulière. Parce que beaucoup d’observateurs le pensaient fini pour le plus haut niveau. Rodrigo Beenkens raconte : "Il était un peu à Merckx ce que Merckx était à Van Looy, donc le petit jeune qui arrivait et qui voulait tout gagner. Maertens avait une pointe de vitesse incroyable mais qui était assez instable dans sa tête. Il a fait des bêtises, il n’a pas toujours fait les bons choix, je ne sais pas où il en serait aujourd’hui s’il n’avait pas eu sa femme. Il a sombré…

On n’a malgré tout pas été surpris quand il a gagné son premier mondial puisqu’on le présentait comme le successeur de Merckx, mais après c’est la descente aux enfers, on croit plus du tout qu’il va revenir.

Puis, il y a un truc assez dingue, une sélection surprise pour le Tour, il remporte quelques étapes et sort de là avec le maillot vert. On se dit qu’il est ressuscité, et il gagne le Mondial à Prague. Dingue ! C’est vraiment l’un des retours les plus marquants. Un come-back à la Cavendish ? Non, c’est encore plus fort, Cavendish avait une maladie physique, ici c’est différent, c’était mental. On pensait qu’il était fini…"

Fini, Maertens ne l’est pas et il a à cœur de le prouver au monde entier. Sa course est parfaite et il s’impose devant Giuseppe Saronni et Bernard Hinault.

Retrouvez les récits des victoires de Criquielion, Dhaenens, Museuuw, Boonen et Gilbert dans un 2e article ici

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous