Hainaut

Mons : le secteur de l’aide à la jeunesse crie son manque de moyens

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Par Corentin Laurent

Ils étaient une petite centaine à se réunir sur la Grand-Place de Mons ce jeudi midi. C’est assez rare pour le souligner : tous les maillons de la prise en charge infantile étaient présents pour dénoncer un problème commun. L’écueil, c’est le manque de moyens et les réactions en chaîne que cela provoque.

Depuis 2019 et l'entré en vigueur du nouveau décret de l’Aide à la Jeunesse, les services d’aide à la jeunesse (SAJ) disent constater un appel d’air dans leurs institutions. Sur le papier, plus d’enfants sont protégés, dans les faits, les structures n’ont pas les moyens de proposer un accueil aussi qualitatif qu’elles le souhaiteraient. D’autres enfants restent sur la touche, faute de places disponibles.

" Il y a un manque de moyens pour qu’on puisse mettre en œuvre l’aide à apporter à ces familles, à ces enfants en danger", réagit Véronique Pieters, avocate confrontée à des jeunes qui évoluent dans structures familiales "dangereuses". Quand une solution est trouvée, il y a parfois plusieurs mois qui s’écoulent avant que la mise en œuvre ne se concrétise pour l’enfant.

Alors quand les SAJ sont débordées, les autorités judiciaires se tournent parfois vers d’autres structures, quitte à ce qu’elles ne soient pas adaptées. "Finalement, on fait appel à des partenaires qui ne devraient pas être sollicités comme les hôpitaux. Les hôpitaux n’arrêtent pas de dire qu’ils ne sont pas en capacité d’accueillir ces enfants qui en soi ne sont pas malades mais qui doivent simplement être protégés", déplore Marie-Dominique Ruffin, la directrice du service d’Aide à la jeunesse de Mons.

L’hôpital, prison pour enfant

"Je deviens fou d’être ici", "moi aussi", "sortez-moi d’ici", "besoin de voir mes copains", ces phrases c’est un petit garçon qui les a écrites sur une grande feuille avec ses frères à l’école du service pédiatrie du CHU Ambroise Paré de Mons. La fratrie est placée ici par le juge depuis plusieurs mois. Les garçons décrivent et écrivent sur la feuille le mot "prison", c’est comme ça qu’ils ressentent leur séjour à l’hôpital.

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L’hôpital, prison pour enfant

Le Dr Adrien Cailleaux, pédiatre, déplore de devoir héberger ces enfants sans pouvoir leur offrir tous les services dont ils ont besoin, "ils n’ont pas de jardin, ils n’ont pas de balançoire, ils n’ont pas de terrain foot. Ce sont des gamins ! Il faudrait qu’ils puissent sortir s’aérer, même ça, on ne peut pas le faire". Deux mois que ces enfants errent dans les couloirs, en décrochage scolaire, sans contact humain sain.

Sur la vingtaine de lit disponible dans le service, 6 sont occupés par des enfants qui n’ont pas de besoin médical. "Ça déforce le service, on ne peut fonctionner qu’à 75% de notre rendement". Quand les uns ont besoin de soins, les autres ont surtout besoin d’attention. Les enfants se reposent sur le personnel infirmier du petit-déjeuner au pyjama du soir. "Vu qu’ils n’ont pas besoin de soins réels, ils sont un petit peu mis au second plan. Souvent on leur dit qu’on n’a pas le temps", s’émeut Valérie Foucart, l’infirmière responsable, qui confie rentrer le soir chez elle avec ces destins dans un coin de la tête.

Si, émotionnellement parlant, la situation n’est pas toujours facile à vivre pour le personnel, les enfants, eux, "dépriment". Catherine Urbain, l’assistante sociale le constate, " ce sont des enfants qui vont se dégrader psychologiquement".

Le personnel du service pédiatrie a signé une carte blanche et interpelle les ministres de quatre gouvernements. Le 15 mai prochain, la ministre Valérie Glatigny recevra une délégation du front syndical commun du secteur.

 

"Je deviens fou d’être ici", "moi aussi", "sortez-moi d’ici", "besoin de voir mes copains", ces phrases c’est un petit garçon qui les a écrites sur une grande feuille avec ses frères à l’école du service pédiatrie du CHU Ambroise Paré de Mons. La fratrie est placée ici par le juge depuis plusieurs mois. Les garçons décrivent et écrivent sur la feuille le mot "prison", c’est comme ça qu’ils ressentent leur séjour à l’hôpital.

Sur le même sujet : Extrait JP Viva Mons (21/04/2023)

Mons : le secteur de l’aide à la jeunesse crie son manque de moyens (C. Laurent - 21/04/2023)

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