Mons : les enfants de l'école maternelle organisent leur propre Ducasse

"C’est le Doudou, c’est l’Mamaaaaa…" Le célèbre "hymne de la Ducasse" résonne dans la cour de l’école. En file, les enfants de la classe "accueil" apprennent à marcher en procession. "Ohlàlàlàlà, les copains ! Ça ne va pas du tout ! Il faut se suivre !" On reprend, et c’est déjà beaucoup mieux. La fierté se lit sur les petits visages. "Ils vont représenter les Anges de Mons", nous explique Madame Laura. "Ca va être très mignon..."

Dans le hall, la directrice nous montre un lieu stratégique: "la grotte du dragon". La "bête" se repose juste à côté de l’armoire aux cartables et des escaliers. "Il a fallu faire quelques réparations. Réparer des dents cassées, par exemple", raconte Marjorie Harmegnies. "Il fait dodo en attendant le jour J".

C’est parti pour une visite des classes, où les couleurs de Mons sont à l’honneur évidemment. "C’est du rouge et du blanc. Et le doudou, il a des autocollants noirs, jaune et rouge sur son corps, parce que c’est les couleurs de la Belzique", nous dit un élève de première maternelle. "Madame Frédérique elle nous parle tous les jours un peu du Doudou" raconte une de ses petites copines. Et en effet, dans la classe, la Ducasse et ses personnages emblématiques sont partout. "Je suis partie de leurs connaissances à eux, puis on a étoffé", nous explique l’institutrice. Leur rôle, lors du "mini Doudou"? "On sera des petits pages ! Avec des plumes sur le costume et un chapeau !"

En deuxième année, "Et rik ! Et rak !…", une répétition de chants est en cours. L’air des remparts fait trembler les murs de la classe. Tout le monde ne connaît pas encore par cœur les couplets de l’Air du Doudou, mais c’est peut-être de notre faute. "Je pense que le micro les a intimidés", précise Madame Aurore. Comme ses collègues, elle utilise le folklore comme vecteur, pour les apprentissages. "On calcule avec les personnages de la Ducasse. Il y a 11 diables, 12 chinchins...On apprend à compter grâce à ça. En français, on explique les syllabes avec des mots comme Doudou. Dou-Dou. Deux syllabes. On peut faire des leçons de vocabulaire, etc. C’est pédagogique et folklorique. Et les enfants partagent un vécu commun, ce qui est très important".

Un étage de plus, et nous voici chez Madame Laetitia. Les enfants ont décoré la porte avec les personnages du combat. Une affiche d’une longueur impressionnante représente le Dragon et semble courir le long des escaliers. Baptiste et ses copains nous expliquent comment les festivités vont se dérouler à l’école. "Il y aura même le car d’or, et la châsse de Sainte-Waudru". Pour la descendre, tout est prévu. "Des institutrices vont la descendre par la fenêtre". La directrice confirme, et nous montre la poulie qui permet à ce grand moment d’avoir lieu.

Encore un étage et nous voici chez "les stars". "Hé oui, en troisième maternelle, ils ont beaucoup de chance car ils vont être acteurs du combat". Les rôles ont été tirés au sort. On imagine, sans cela, les interminables disputes pour savoir qui sera Saint-Georges, homme blanc, diable ou homme de feuilles…"Moi je serai diable, et je suis très contente, parce que je vais pouvoir taper les autres avec ma vessie !" prévient un petit acteur. "Mais ce ne sera pas une vessie, évidemment", nous rassure une "diablesse". "Ce sera un ballon…"

Les costumes sont fournis par l’école, sauf… Ceux des hommes de feuilles. "C’est ma maman qui va le faire", précise un "grand" de 3e. Et Saint-Georges ? Où se cache-t-il ? "C’est Joshuaaaaaaaaa !" crient les enfants en chœur. Joshua semble encore un peu étonné d’avoir tiré au sort le rôle le plus convoité. "Ma mission sera de terrasser le dragon !". Il est très fier.

Qui des enfants ou des enseignants a le plus envie d’y être ? Difficile à dire ! Les yeux pétillent, dans les deux camps. "On a vraiment hâte, chaque année c’est notre grand moment", conclut Madame Peidge Deux années de suite, les festivités n’ont pas eu lieu, pour cause de Covid. "Qu’est-ce qu’on a pleuré !", racontent les institutrices. "Ça nous a tellement manqué, on ressentait un grand vide !" Cette année, rien ne devrait gâcher la fête de l’Externat Saint-Joseph. L’école a déjà fait naître des vocations. Plusieurs petits acteurs ont, bien plus tard, joué un rôle de premier plan dans le Combat dit Lumeçon !