Décédé dimanche, Dominique Lapierre, qui a fait de l’Inde sa seconde patrie, était autant philanthrope qu’écrivain à succès ayant vendu, avec son "frère de plume" américain Larry Collins, quelque 50 millions d’exemplaires de leurs six romans, dont "Paris brûle-t-il ?".
"Ce n’est pas suffisant d’être un auteur de best-sellers, il faut se battre contre ces injustices que vous dénoncez dans vos livres", disait cet ancien journaliste, baroudeur énergique aimant la belle vie.
Sa veuve a annoncé au quotidien régional Var-Matin "sa mort de vieillesse" à l’âge de 91 ans.
C’est ainsi qu’après avoir écrit, seul, "La cité de la joie" (1985), sur un bidonville de Calcutta, il donna une bonne part de ses droits d’auteurs aux miséreux qui l’avaient inspiré. La somme fut rondelette : le roman s’est au total vendu à 12 millions d’exemplaires et fit l’objet d’un film, réalisé par Roland Joffé, en 1992.
En 2005, il assurait que, grâce à ses droits d’auteur, des dons de lecteurs et les gains de conférences prononcées dans le monde entier, son action humanitaire "avait permis de guérir en 24 ans 1 million de tuberculeux, soigner 9.000 enfants lépreux, construire 540 puits d’eau potable et armer quatre bateaux hôpitaux sur le delta du Gange".
Dans l’état indien du Bengale-occidental, il était "érigé au rang d’idole", comme le montrait un saisissant reportage de Paris-Match en 2012 alors qu’il recherchait de nouveaux financements à ses centres humanitaires pour pallier la baisse de dons, à cause de la crise financière européenne et américaine.
Quand il ne voyageait pas, il occupait une demeure de Ramatuelle (Var), séparée de celle de Collins, décédé en 2005, par un court de tennis, acquise avec les droits d’auteur de "Paris brûle-t-il ?", (1964, 20 millions de lecteurs, 30 éditions internationales).
René Clément a fait un film de ce récit de la Libération de Paris, le 25 août 1944, avec une pléiade de stars. Les Américains Francis Ford Coppola et Gore Vidal avaient cosigné le scénario.
Dominique Lapierre était né le 30 juillet 1931 à Châtelaillon, dans l’ouest de la France, d’un père diplomate et d’une mère journaliste. Lycéen à Condorcet, à Paris, il devint au début des années 50 journaliste à Paris-Match, parcourant les points chauds de la planète.