Cinéma

Mostra 2020 : Deux portraits de femme dans deux films en compétition

Vanessa Kirby à la Mostra

© ALBERTO PIZZOLI - AFP

Heureuse coïncidence ? Ce samedi, les festivaliers ont pu découvrir deux films au féminin, l’un contemporain, l’autre historique.

Pieces of a Woman

Vanessa Kirby à la Mostra
Vanessa Kirby à la Mostra © TIZIANA FABI - AFP

Le cinéaste hongrois Kornél Mundruczó et sa scénariste Kata Wéber (déjà remarqués à Cannes avec "White dog" et "Jupiter’s moon") sont en compétition cette fois à Venise avec leur premier film américain. "Pieces of a woman" démarre par une très longue scène d’accouchement : Martha a décidé de vivre l’événement à son domicile de Boston avec son compagnon Sean, et l’aide d’une sage-femme. Mais les choses se déroulent plus difficilement que prévu, ce qui, pour la jeune mère, va bouleverser l’équilibre de son couple…

Mundruczo ne quitte pas ses personnages d’une semelle – en cela, il rappelle un le cinéma de John Cassavetes – et offre un bel espace de jeu à ses acteurs. Si Shia LaBeouf, en homme fruste et mal dégrossi, ne surprend guère, la Britannique Vanessa Kirby trouve ici LE rôle qui pourrait l’imposer au cinéma, après avoir été révélé dans la série "The Crown" (elle y incarnait la princesse Margaret dans les deux premières saisons). Allant au cœur des émotions sans pour autant tomber dans le pathos, ce "Pieces of a Woman" témoigne d’une vraie patte de metteur en scène et agite des questions morales profondes. Cadeau supplémentaire pour les cinéphiles : dans le rôle très fort de la mère de Martha, on retrouve Ellen Burstyn, immense actrice des seventies, lauréate de l’Oscar en 1975 pour "Alice doesn’t live here anymore" de Martin Scorsese (Scorsese qui est par ailleurs crédité comme producteur exécutif de ce film, histoire de lui apporter encore plus de visibilité au prochain Festival de Toronto, énorme plateforme de lancement sur le territoire américain). Une place au palmarès de la Mostra est très probable.

Pieces of a Woman new clip official from Venice Film Festival 2020

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Miss Marx

Romala Garai à la présentation de "Miss Marx"
Romala Garai à la présentation de "Miss Marx" © TIZIANA FABI - AFP

La réalisatrice Susanna Nicchiarelli s’était fait remarquer à la Mostra il y a trois ans avec "Nico, 1988", portrait assez inspiré de la célèbre chanteuse égérie du Velvet Underground. Elle revient cette année en compétition avec un autre "biopic" : celui d’Eleanor Marx, fille cadette de l’auteur du "Capital". Surnommée " Tussy ", celle-ci déploya une belle énergie à diffuser le testament politique de son père, mais s’imposa aussi comme une figure de proue du féminisme dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Si on comprend ce qui a pu séduire la réalisatrice dans le parcours atypique et courageux de Tussy, on reste par contre assez embarrassé par le traitement qu’elle en fait dans "Miss Marx", biopic pesant, terriblement didactique et ennuyeux. Et l’idée d’avoir commandé une bande originale anachronique à un groupe de rock – sans doute pour souligner la modernité de son héroïne – se révèle assez rapidement désastreuse. L’actrice britannique Romola Garai (vue dans "Angel" de François Ozon et "Atonement") déploie des efforts méritoires pour faire vibrer son personnage, mais rien n’y fait : "Miss Marx" a plus sa place au musée Tussaud que sur grand écran, hélas !

MISS MARX - Official Trailer

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Hors compétition : Mandibules

Roméo Elvis, en second rôle dans "Mandibules"
Roméo Elvis, en second rôle dans "Mandibules" © TIZIANA FABI - AFP

Après "Le Daim" avec Jean Dujardin, le réalisateur français Quentin Dupieux engage cette fois le duo comique Grégoire Ludig/David Marsais (créateurs du "Palmashow" à la télé française) pour "Mandibules". Soit les péripéties de deux losers qui pensent pouvoir se faire du fric facile en servant de coursier pour un colis suspect… Mais dans la vieille bagnole qu’ils ont volée, ils ont la surprise de découvrir une mouche géante, grosse de près d’un mètre…

Dupieux est ce qu’il est convenu d’appeler un cinéaste "clivant". Pour ses fans, son univers "décalé" et son humour "absurde" sont tout bonnement irrésistibles. Pour ceux qui – comme votre serviteur – sont imperméables à ses blagues de potache, ce "Mandibules", même s’il ne dure que 77 minutes (génériques compris) semble très long tellement il est indigent. Mais force est d’avouer qu’il y avait des rires fréquents à la vision de presse.

Parmi les curiosités du casting, un second rôle pour le rappeur Roméo Elvis qui, grâce à ce film, va découvrir les charmes du Lido de Venise.

MANDIBULES de Quentin Dupieux / BANDE-ANNONCE

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