Je suis le motocross depuis 1976 et il y a très longtemps que je n’ai plus été aussi optimiste sur les chances belges en championnat du monde de motocross. Avec les jumeaux Coenen, Geerts et Everts, on va vibrer !
Joël Smets: Lucas peut déjà gagner des manches
Circuit de Lommel cette semaine. 1 degré. Il neige. Fondant. Lucas Coenen entre dans la "crosskafetaria". 16 ans. Insensible au froid, en bermuda. La confiance de l’insouciance. La décontraction. C’est l’homme du début de saison ! Lucas vient de gagner 4 manches d’affilée sur des épreuves de pre-saison. Pourtant il arrive en championnat du monde. Il pourrait être intimidé. " Ça ne sert à rien d’avoir peur, me confie-t-il. Il faut être confiant. J’ai du bon matos. Je me suis entraîné dur cet hiver. Ça va aller."
L’après-midi sur la piste, il m’impressionne lorsqu’il revient sur et suit le rythme de pilotes confirmés comme l’ancien champion du monde Jorge Prado ou Jago Geerts. "Lucas peut déjà gagner des manches, me confie Jago le vice-champion du monde MX2". Ce que me confirme un peu plus tard Joël Smets. L’ancien quintuple champion du monde, aujourd’hui directeur sportif chez KTM – Husqvarna, n’hésite pas à utiliser des mots comme "exceptionnel" ou "jamais vu". Et pourtant il en a vu défiler des jeunes pilotes à qui l’on prédisait un bel avenir !
Je me souviens alors l’avoir rencontré lui et son frère jumeau Sacha, il y a 2 ans, en Italie. Ils évoluaient en championnat d’Europe 125. Personne, hormis les spécialistes, ne les connaissait. Aujourd’hui tous les meilleurs pilotes les craignent !
Sacha Coenen : "le risque est trop grand qu’elle se déboîte à nouveau"
Sacha, lui, n’ira pas en Argentine. Ce sera la première fois que les jumeaux ne seront pas ensemble sur une course. "Ça ne va pas être facile, m’explique leur maman Nathalie." Il s’est déboîté pour la troisième fois l’épaule dimanche dernier sur un cross inter en France. "J’aurais pu rouler en Argentine mais le risque est trop grand qu’elle se déboîte à nouveau, peste Sacha." Opéré cette semaine, il espère revenir dès le troisième ou quatrième GP. Et lorsque je lui demande s’il n’est pas jaloux de son frère, qui gagne tout pour le moment, Sacha me répond "non pas du tout ! Je suis aussi rapide que lui. C’est juste que je suis plus petit et plus léger que lui (ndr:11 cm et 14 kgs) et donc que c’est plus difficile de mettre les suspensions de la moto au point pour moi." Un problème qui explique ses chutes plus fréquentes comme nous le confirmera son papa Rafael.
Jago Geerts "Je ne serai pas à 100% en Argentine"
Ce week-end en Argentine, c’est l’ouverture du Mondial 2023. Aucun belge pour jouer le titre en MXGP. Peut-être Brent Van Doninck pour un top 10 ? Il est en forme. Le MXGP, pour Jago Geerts ce sera l’année prochaine. "Oui j’ai déjà signé avec Yamaha pour rouler en MXGP dès 2024. J’adore la 450cc. J’ai roulé avec au MX des Nations l’an dernier. J’ai adoré et ça m’a permis d’oublier la déception du titre MX2 qui m’a échappé au dernier GP." Cette année sera la dernière en MX2 après trois titres de vice-champion du monde consécutifs. Dernière chance pour un Jago qui, à 22 ans, m’a semblé plus ancré. Il a enfin quitté le cocon familial pour s’installer seul à Monaco. "C’est génial pour aller rouler dans la montagne à vélo !" Geerts super favori ? A voir car si le champion Tom Vialle est parti aux Etats-Unis, la nouvelle génération va de plus en plus vite ! Et puis Jago a été malade pendant trois semaines en ce début d’année. Il a repris l’entraînement moto, il y a 2 semaines seulement. "Je ne serai pas à 100% en Argentine." Il n’a aussi disputé qu’une seule course de préparation en Hollande où il a terminé troisième.
Et parmi cette nouvelle génération, il y a Liam Everts. Il a changé. Je l’ai trouvé plus affirmé. Moins renfermé dans sa timidité. A 18 ans et après une première saison en MX2 où il a terminé 10e malgré 6 GP loupés sur blessure, Liam doit pouvoir aller chercher mieux qu’une quatrième place (son meilleur résultat en 2022). Mais comme Geerts, il ne sera pas à 100% en Argentine : "je me suis blessé au poignet à l’entraînement. Un pilote amateur est tombé devant moi. J’espère ne pas avoir recours à une infiltration en Argentine !"
Liam a montré de belles choses l’an dernier. Sa courbe d’évolution est plus lente que celle de son illustre décuple champion du monde de père. Je me souviens que son grand-père Harry (4 fois champion du monde) m'en avait parlé. Je pense aussi, et il me l’a confirmé, qu’il déploiera seulement l’entièreté de son potentiel lorsqu’il passera en MXGP car "la 450cc correspond mieux à mon pilotage tout en finesse." Comme son père d’ailleurs !