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MotoGP : Fabio Quartararo, l’irrésistible ascension du pilote niçois

MotoGP : Fabio Quartararo

© Belga

Le 4 mai 2019, sur le circuit de Jerez de la Frontera, en Andalousie, Fabio Quartararo devient le plus jeune pilote de l’histoire des Grands Prix à signer une pole position, effaçant des tablettes un certain Marc Marquez.

Le Niçois est âgé de vingt ans et quatorze jours, un record de précocité qui le propulse sous les feux des projecteurs. Mais avant d’en arriver là, le parcours du pilote français fut loin d’être un long fleuve tranquille.

Une enfance heureuse à Nice

Né d’un père fraiseur-ajusteur qui se mettra à son compte en ouvrant un magasin de serrurerie dans le centre-ville, plus tard et d’une mère couturière, Fabio voit le jour le 20 avril 1999. Un bonheur absolu pour des parents qui avaient perdu un autre fils à la naissance. Avant de faire ses premiers pas, le petit Quartararo est sage comme une image. Il mange, il dort, l’enfant parfait.


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Mais très vite aussi, en grandissant, il devient turbulent et se montre aussi mauvais perdant. Déjà, il est contaminé par le virus de la compétition. C’est sur le parking d’un centre commercial de l’ouest niçois qu’il fait ses premiers tours de roue. L’histoire est en marche mais le gamin l’ignore encore.

Les débuts en course

En 2006, il n’a que sept ans et donc pas encore l’âge de participer aux courses mais malgré tout, il est admis au départ d’une épreuve au Creusot. Il est trop petit, il doit partir de la dernière place et comme il ne peut pas mettre les pieds par terre, c’est son papa qui doit le tenir. Dix tours plus tard, il met un boulevard à tous ses adversaires et remporte la course.

S’il est à fond au guidon de sa petite moto, à l’école, il assure le service minimum. Les études, ce n’est pas vraiment son truc même s’il s’en accommode. Il préfère les stages réservés aux enfants sur le circuit d’Alès, non loin du domicile familial et c’est tout naturellement qu’il est au départ d’une course à quelques kilomètres de Sienne. Pour pouvoir prendre le départ de sa première course à l’étranger, il obtient une dérogation.

Le gamin est pressé…et se voit déjà dans la peau de son idole, Valentino Rossi, avec lequel il pose en 2009 à Valence. Ses origines italiennes n’y sont pas étrangères.

MotoGP : Fabio Quartararo
MotoGP : Fabio Quartararo © AFP or licensors

L’univers des Grands Prix

Longtemps, les allers retours entre Nice et l’Espagne rythment la vie de la tribu Quartararo. Les parents ne disposent de moyens financiers alors pour aider leur fiston, ils se sacrifient pour lui donner toutes ses chances . De l’autre côté des Pyrénées, le jeune ado se frotte à une concurrence très rude, c’est le prix à payer pour se faire remarquer. Très vite, Aspar Martinez, Michael Bartholemy, Pablo Nieto, Aleix Espargaro s’intéressent à lui. Mais il y a aussi, Emilio Alzamora, actuel manager de Marc Marquez.

En 2015, tout s’accélère. Fabio Quartararo est au départ du Grand Prix du Qatar au guidon d’une Moto3 du team Estrella Galicia 0,0. Il marque ses premiers points à Doha en obtenant une prometteuse septième place puis il enchaîne avec un premier podium quelques jours plus tard à Austin. Un podium qu’il rejoint encore à Assen. Il termine sa première saison en Moto3 à la dixième place. L’année suivante, il ne confirme pas au sein de l’équipe Leopard Racing. Une saison sans beaucoup de relief. Fabio en profite pour rejoindre le Moto2 au sein du team Amarillas HP40. Nous sommes en 2017.

Cette année-là, celui qui sera plus tard son équipier chez Petronas, Franco Morbidelli est sacré champion du monde, Quartararo n’est que treizième. Quelques mois plus tard, notre homme qui a visiblement la bougeotte rejoint une nouvelle équipe et découvre la Speed Up. La saison n’est pas la plus aboutie malgré une pole et une victoire à Barcelone, un accessit aux Pays-Bas…et une disqualification au Japon pour une pression de pneu non conforme, alors qu’il s’était imposé sur le circuit de Motegi. L’avenir semble bouché.

A la conquête du MotoGP

Contre toute attente et avec la persuasion de son manager, Eric Mahé, Fabio Quartararo décroche un guidon dans l’équipe satellite Yamaha, le team Petronas où il retrouve Franco Morbidelli. Si les débuts sont un peu laborieux au guidon de sa puissante machine, il va ensuite se mettre en évidence. Une première pole, le 4 mai 2019 à Jerez, une deuxième à Barcelone avec en prime un premier podium, le Français est en osmose avec sa moto et il va se battre à plusieurs reprises avec Marc Marquez pour la victoire à Barcelone, à Misano, à Burinam, à Motegi et à Valence lors d’un final d’anthologie.

La première victoire, ce sera pour la saison suivante. Une saison chamboulée par le Covid. Le calendrier subit de sérieux ajustements mais cela ne perturbe pas "El Diablo", impérial lors des deux premiers rendez-vous de la saison en Andalousie. Deux pôles et autant de victoires, le doute n’est plus permis. Blessé à Jerez, Marquez est out, Quartararo fait figure de candidat tout désigné à sa succession. Mais la suite de la saison ne confirme  ce statut.

Brno, Spielberg, Misano, les résultats décevants s’enchaînent. Le Français ne supporte pas la pression. L’éclaircie en Catalogne avec une troisième victoire est sans lendemain. Quartararo termine au fond du trou. Mir est champion du monde et son équipier Morbidelli termine à la deuxième place. Rideau sur 2020.

Pendant l’hiver, le pilote Yamaha se remet en question. Il consulte un psy, il veut retrouver la confiance et sait aussi qu’en 2021, il sera attendu. Il hérite du guidon de son idole, Valentino Rossi au sein de l’équipe officielle Yamaha. L’homme a mûri, il a grandi. En tête du championnat depuis sa victoire à Portimao, Quartararo a appris de ses erreurs. Cinq pôles, cinq victoires, dix podiums en quinze Grands Prix jusqu'ici, une marche triomphale s’offre à lui. Quartararo pourrait devenir le premier pilote français a être sacré champion du monde en MotoGP (ndlr : Patrick Pons, décédé tragiquement lors du Grand Prix de Grande-Bretagne à Silverstone en 1980, avait été champion du monde l’année précédente en 750cc).

L'avenir

Au soir du 14 novembre à Valence, Valentino Rossi va mettre un terme à sa fabuleuse carrière. Quartararo peut-il incarner le futur de la discipline ? L’avenir nous le dira. Cette année, Francesco Bagnaia a montré qu’il avait l’étoffe d’un candidat à la couronne mondiale.

Victorieux au Sachsenring, à Austin et sur le podium en Aragon, Marc Marquez annonce aussi son retour en première ligne. S’il retrouve la plénitude de ses moyens physiques, il faudra à nouveau compter avec lui… sans oublier les jeunes loups, bien décidés à bousculer la hiérarchie établie.

Et comment ne pas terminer par ce parallélisme qui s’impose désormais dans le paddock MotoGP : Fabio Quartararo est à Yamaha, ce que Marc Marquez est à Honda… incontournable !

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