MotoGP : Un avant et un après Valentino Rossi

En 1996, la 125cc constitue la rampe de lancement pour Valentino Rossi. Au guidon d'une Aprilia, il se fait déjà remarquer et l'année suivante, il goûte déjà au sacre mondial. L'homme est pressé. Il rejoint la catégorie intermédiaire pour deux nouvelles saisons, le temps d'un nouveau titre et fort de vingt et une victoires, il entre par la grande porte dans le cercle fermé des pilotes 500cc. Nous sommes en 2000.

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"Pour Rossi, les planètes sont bien alignées" se souvient Michel Turco."Rejoindre la 500cc, c'est le graal. Doohan vient de se blesser. La voie est royale, pour lui, chez Honda. Son défi est de maîtriser une machine réputée compliquée. Au début, il chute, beaucoup, mais la moto progresse et il performe. Sa tâche est quelque peu facilitée par le manque de "stars". Dès sa première saison, il est déjà vice-champion du monde. Les Japonais ont misé sur le bon cheval." L'année suivante, il décroche son premier titre dans la catégorie ultime.

"Rainey, Schwantz sont des sources d'inspiration pour Rossi. Gagner en 500cc le fait kiffer. Mais très vite, l'Italien s'emm... et estime qu'il ne reçoit pas la reconnaissance méritée pour les services rendus." Des propos trash de notre interlocuteur mais qui traduisent le mal-être du pilote, homme de défi.

Très proche de son compatriote, Davide Brivio, Rossi se laisse convaincre par l'aventure Yamaha. Un nouveau défi pour lui... à moins que ça ne soit un challenge forcé ? Michel Turco opte pour la première possibilité. "Depuis 1992 et Wayne Rainey, le titre constructeur échappe à la marque aux diapasons. Une traversée du désert de plus de 10 ans qui est insupportable pour les Bleus. Après les trois titres avec Honda, le Doctor frappe à deux reprises avec Yamaha. Et de cinq, déjà. Mais comme dans le camp adverse, l'Italien ne se sent pas reconnu. Superstitieux, il a besoin de stabilité dans ses relations. ce n'est pas un hasard si ses amis de la première heure sont toujours à ses côtés aujourd'hui, comme son équipe technique. Il veut se sentir rassuré en permanence, il veut aussi à tout moment avoir le contrôle de son image." 

Rossi obtient son septième et dernier titre dans la catégorie reine, mais il ne le sait pas encore...

En 2010, Rossi se blesse et son équipier, Jorge Lorenzo est sacré champion du monde. Rossi n'est plus l'objet de toutes les attentions et il l'a bien compris. Et donc il quitte le giron japonais pour rejoindre l'équipe basée du côté de Bologne." Ce sera mais plus grosse erreur" confiera Rossi plus tard.

Les résultats ne seront jamais au rendez-vous mais le pilote restera digne dans la défaite. " Il prend beaucoup d'argent" résume notre interlocuteur, " Mais, il reste maître de sa communication. Il n'est pas question de critiquer le matériel mis à sa disposition. Tout juste, il concède ne pas s'adapte à la machine. Il bouffe son chapeau pendant deux ans, mais jamais, il ne pète les plombs."

Rideau sur cette idylle manquée.

Même s'il se défend d'avoir eu la bougeotte, Rossi retourne chez Yamaha. un retour qu'il veut victorieux." En 2013, Rossi est à nouveau compétitif mais un certain Marc Marquez vient de débarquer." propos prémonitoires de Michel Turco Les choses se compliquent pour le transalpin. Il remporte encore des Grands Prix, il est encore vice-champion du monde à trois reprises...et il y a 2015 où, il domine le championnat, se dirige vers un dixième titre toutes catégories confondues. Mais c'est avant le clash avec Marquez lors du Grand Prix de Malaisie à Sepang. Quelques jours plus tard, Rossi s'élance en fond de grille à Valence. Lorenzo s'impose et devient champion du monde. L'Italien rate le dixième titre, celui qui aurait consacré sa carrière mais qui ne l'aurait pas empêcher de continuer. La moto, c'est sa vie. Il est tous les jours au ranch avec les jeunes pour s'entraîner. Il a tout le monde à ses pieds. Ce dixième titre n'aurait rien changé à ses habitudes."

" Cette dernière année, il devait la faire. Même s'il savait qu'avec Petronas, ce serait compliqué." Michel Turco insiste " Partir en 2020 n'avait pas de sens pour Rossi. Avec la pandémie, sans son public, sans les fans, l'histoire aurait eu un goût d'inachevé. Dimanche, lorsqu'il prendra le départ, il le fera sans frustration. Il pourra une dernière fois communier avec le public qui le regrette déjà. L'hommage qui va lui être rendu à Valence va être grandiose. Après la mise en scène de la célébration du titre Quartararo à Misano, le tapis...jaune va lui être déroulé en Espagne. Dimanche soir, celui qui à jamais aura marqué l'histoire ne sera plus pilote moto. Bientôt papa, Rossi se lancera un autre défi, celui de participer aux 24 Heures du Mans. Mais, c'est déjà une autre histoire."