Depuis plus de vingt-cinq ans, Michel Turco, journaliste spécialisé en moto couvre l'actualité des Grands Prix. Il collabore aux magazines Moto-Revue, GP Racing et au journal L'Equipe. Il a consacré plusieurs ouvrages à la carrière de Valentino Rossi. Dès lors, Michel Turco était la personne toute désignée pour revenir sur la carrière exceptionnelle du Doctor. Une carrière dont le point d'orgue sera le Grand Prix de la Communauté de Valence, ce dimanche.
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Ce dimanche, sur le coup de 14h00, Valentino Rossi va prendre le départ de 372é Grand Prix, mettre un terme à 26 saisons au plus haut niveau.
Une carrière qu'il avait entamée le 31 mars 1996 à Sepang en Malaisie. Il avait terminé à une prometteuse sixième place à un peu plus de sept secondes de son compatriote, Stefano Perugini.
Une longévité qui ne sera jamais égalée. L'Italien laisse une trace. Désormais, il y aura un avant et un après Valentino Rossi, ce que confirme Michel Turco :" Rossi est celui qui aura fait connaître ce sport au monde entier. Je n'ai pas connu Mike Hailwood, champion du monde à neuf reprises entre 1961 et 1967. A cette époque, vous pouviez être sacré dans deux catégories (ndlr: en 250cc et 350cc pour le Britannique en 1966 et 1967). Gamin, j'ai suivi les exploits de Giacomo Agostini, intouchable sur les circuits et omniprésent dans les magazines, les émissions de télévision...mais le grand public ne connaissait pas vraiment la moto."
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Au même moment, un autre "phénomène" apparait, il s'appelait Barry Sheene. Un British, un rien excentrique qui arrivait dans le paddock au volant de sa Rolls Royce et qui avait un trou dans son casque pour griller une cigarette quelques instants avant le départ d'un Grand Prix.
Nous sommes dans les années septante, l'époque d'une certaine insouciance...Michel Turco ne veut pas s'attarder sur cette décennie. Pour lui, Rossi rester à jamais le plus grand :" Rossi s'est battu sur la piste avec les Japonais, les Américains et les Européens. Dès son arrivée, son charisme n'a échappé à personne. On aimait ou on détestait Rossi mais, il ne laissait personne indifférent. Encore à Misano pour son dernier Grand Prix à domicile, cette marée jaune m'a donné des frissons. Aucun pilote avant lui n'a provoqué autant d'hystérie sur les gradins. Je me suis rendu dans son village à Tavullia, à quelques kilomètres du circuit. J'ai rencontré le président de son fan club. Il m'a dit que lors de son neuvième titre en 2009, 6000 membres étaient affiliés. Aujourd'hui, ils sont plus de 18000...douze ans après son dernier sacre. Il reste un phénomène auprès de ses supporters. Après 2015 et son duel avec Jorge Lorenzo, il a toujours concentré l'intérêt des médias. A chacun de ses retours dans le paddock, on était au bord de l'émeute. Tout cela va manquer dès la saison prochaine. Le championnat promet d'être passionnant avec Marc Marquez, s'il retrouve la plénitude de ses moyens physiques, Francesco Bagnaia, l'homme de la fin de saison et Fabio Quartararo, le nouveau champion du monde qui aurait pu être le fils de Rossi. Avec les réseaux sociaux, il m'est impossible de préjuger de l'avenir et de l'intérêt que va susciter le MotoGP auprès des jeunes mais ce dont je suis certain c'est que Valentino Rossi parlera longtemps encore à de nombreuses personnes passionnées...ou pas par la moto."
Un personnage qui ne laissait personne indifférent, alors je me permets de terminer avec une anecdote personnelle. Nous sommes en juin 2014 en pleine Coupe du Monde. La Belgique vient de sa qualifier pour les huitièmes de finale. A Assen, à la veille du Grand Prix des Pays-Bas, je rencontre, enfin, Valentino Rossi pour un entretien espéré de longue date. Alors que mon cadreur prépare son matériel et apprenant que nous sommes de la télévision belge, Rossi me parle du parcours des Diables Rouges...alors que la Squadra Azzura a été éliminée par l'Uruguay quatre jours plus tôt. Cela ne s'invente pas. Un moment, je dois l'arrêter...pour que nous évoquions son actualité moto. Un moment que pourtant, j'aurai souhaité prolonger. Quand nous vous parlions de son charisme.
Ce dimanche 14 novembre 2021, une page va définitivement se tourner...