Les années 60 riment avec naissance et renaissance. En 1960, Mouloudji est papa d'un petit garçon, Grégory. Un an après, allergique à la chanson commerciale, il fonde sa propre firme de disques, une coopérative. Hyperactif, Mouloudji se bat sur tous les fronts et si il s'adonne régulièrement à la peinture, il ouvre aussi un salon de coiffure. Il est vrai que l'artiste arbore une chevelure bouclée et abondante. En 1967, un second bébé vient égayer l'équilibre familial. C'est une fille cette fois, Annabelle. Arrive ensuite, mai 68. Mouloudji, comme en 1934, se sent porté par ses opinions de gauche. Il n'a guère envie de sacrifier ses convictions sur l'autel de l'industrie du disque. A partir de là, il commet plusieurs textes engagés, sachant que de toute façon, il sera censuré. Sur la scène aussi, l'artiste est fidèle à ses opinions. Il participe entre autres au gala de soutien à la gauche chilienne en 1974. Malgré cela et à son grand étonnement, le public répond présent. Un enthousiasme qui l'incite et l'invite à écrire encore et encore. En 1975, il est sur la scène de l'Olympia. Il reprend Prévert ou Bruant mais chante aussi ses propres textes : "Merci la vie", "Le bar du temps perdu" ou "Comme une feuille en automne". En 1980, il sort un nouvel album "Inconnus, inconnues" et repart en tournée. Les médias faisant peu de cas de ses concerts, Mouloudji, lassé, laisse de côté la chanson pour ses premières amours, la peinture. Il remonte toutefois sur la scène du festival Chorus en Haute Seine en 1994 et donne un dernier concert à Nancy. L'artiste tire sa révérence le 14 juin 1994 et jouit aujourd'hui encore d'une gloire posthume. On ne le répètera jamais assez : "Aimons-nous vivants".