Qui dit 1er mai, dit fête du Travail. Un jour férié dans plusieurs pays, dont la Belgique, qui tire ses origines dans un mouvement syndical, en 1886, à Chicago. Aujourd’hui, les manifestations et la politique sont au cœur de cette journée spéciale. Mais dans d’autres pays, les dates de la fête du Travail ne sont pas toujours les mêmes, et les traditions qui y sont associées sont parfois bien différentes. On vous emmène à travers un tour du monde des traditions du 1er mai.
Belgique
Pas de surprise, en Belgique (et en France), premier mai rime avec muguet.
Offrir de muguet aux gens que l’on aime, c’est leur apporter un brin de bonheur, de pureté, de joie et de renouveau. Cette fleur était déjà très appréciée dans l’antiquité. Mais la tradition qui consiste à offrir du muguet remonterait au 16ème siècle. Une tradition désormais devenue un business, autour de cette fleur qui, on le rappelle, est toxique.
Mais comme en France, le 1er mai belge est également marqué par l’histoire syndicale. Si les Français sont plutôt tournés vers les manifestations, en Belgique ce sont les discours politiques et les rassemblements intra-partis qui ont la cote. Ce dimanche, le MR s’est donné rendez-vous à Herstal, sur l’ancien site A.C.E.C. Le président du PS, Paul Magnette, a choisi de s’exprimer dans son fief, à Charleroi. Le président du PTB, Raoul Hedebouw, a lui choisit de se rendre à Bruxelles, place Annessens. C’est également à Bruxelles que s’est donné rendez-vous le parti Ecolo, plus précisément au Mont des Arts, dans un " village associatif ".
Au programme de ce 1er mai 2022, on retrouve également des concerts et des activités en tout genre organisés par la FGTB.
France
Comme chez nous, le muguet est le roi du 1er mai chez nos amis français. Mais ce sont bien les manifestations qui rythment cette journée.
Au risque de paraître cliché, la France et les manifestations, c’est une longue histoire d’amour. Comme plusieurs pays à travers le monde, la France a été fortement marquée par les mouvements syndicaux, qui ont permis de faire avancer les droits sociaux et les droits des travailleurs. Depuis, des manifestations sont organisées les 1er mai à travers tout le pays.
Mais cette année, ces manifestations prennent une ampleur inédite chez nos voisins français. Une situation liée au contexte politique : au lendemain des élections présidentielles, et à la veille des élections législatives.
Allemagne
En Allemagne aussi, le 1er mai est un jour férié. Mais ici, cette journée est également marquée par des traditions ancestrales.
Et cela commence dans la nuit du 30 avril au 1er mai, avec la Nuit de Walpurgis, associé au sabbat des sorcières. Des bals et des fêtes sont aussi organisés pour " Tanz in den Mai " (traduction : danser jusqu’en mai). Pour l’occasion, les enfants s’amusent à faire des farces à leurs proches, notamment en déplaçant des objets.
Le premier mai c’est aussi une sorte de saint valentin pour certains Allemands, notamment dans la région de Cologne. Les amoureux peuvent déclarer leur flamme en déposant, au petit matin, une branche ou un petit arbre devant la porte ou la fenêtre de la personne aimée. Un arbre généralement accompagné de papier crépon coloré, et d’un cœur portant les initiales des deux amoureux.
Enfin, dernière tradition allemande : l’arbre de mai, ou MaiBaum. Une tradition ancestrale provenant des steppes orientales pour vénérer la nature et célébrer le début de l’été. Le 1er mai, certains villages allemands érigent un arbre décoré, autour duquel il pouvait danser pour chasser les mauvais esprits. La compétition fait rage entre villages pour savoir qui aura le mât le plus haut, et des tours de garde sont même menés pour éviter qu’ils ne soient détruits. Certains MaiBaum peuvent atteindre les 30 mètres de haut.
Pays-Bas
Contrairement à la Belgique, chez nos voisins du nord, le premier mai n’est pas un jour chômé.
Une exception que l’on retrouve également du côté de la Suisse. Pourtant, tous les Néerlandais ne se rendent pas forcément au travail lors du 1er mai. Pour célébrer la fête du Travail, certaines grandes entreprises, ou sociétés internationales décident d’accorder un jour de congé payé à leurs employés.
Royaume-Uni
Vous le savez, au Royaume-Uni, on aime faire les choses à l’envers. Que ce soit sur les routes, mais aussi lors des jours fériés.
De l’autre côté de la manche, la fête du Travail n’est pas célébrée le 1er mai, mais le premier lundi du mois de mai.
Demain, les Anglais n’iront donc pas au travail, pour célébrer ce qu’ils appellent le " May Day ". Oubliez les traditionnelles manifestations, chez les Anglais, c’est la danse qui donne le pas lors de ce premier mai. Notamment la " Maypole Dance ". Les participants, le plus souvent des enfants, dansent autour d’un poteau sur lequel est attachée une série de rubans. Une tradition que l’on retrouve également dans d’autres pays à travers le monde.
Il existe également une autre danse anglaise typique : la " Morris Dance ", qui diffère selon les régions. Ici, la troupe de danseurs est vêtue d’un chapeau, de vêtements traditionnels agrémentés de clochettes, et agite des mouchoirs dans leurs mains.
Italie
En Italie, le 1er mai est rythmé par un traditionnel concert à Rome. Ce grand concert gratuit est organisé chaque année (hors covid) depuis 1990, sous l’impulsion de plusieurs syndicats de travailleurs (Cgil, Cisl et Uil). Ce " concerto primo maggio " est même le plus grand évènement musical gratuit d’Europe. L’an dernier, plus d’1.5 million de téléspectateurs ont suivi le concert.
Finlande
En Finlande, le 1er mai est baptisé " Vappu ". C’est le jour de la fête du Travail, accompagné de défilés politiques et syndicaux. Mais c’est également un jour de fête d’étudiants et de carnaval.
L’évènement débute dès le 30 mai. À Helsinki, le coup d’envoi est donné à 18h par le coiffage de la statue Havis Amanda. Les étudiants peuvent alors mettre leur casquette et faire couler à flots leur alcool pendant toute la nuit. Le lendemain, les familles se retrouvent habituellement dans des parcs, pour pique-niquer, ou dans des restaurants pour partager un bon repas en famille ou avec ses proches.
Enfin, dernière caractéristique finlandaise, le muguet est la fleur nationale en Finlande. Mais elle n’est pas associée au 1er mai, comme en Belgique ou en France.
Amérique du Sud
L’Amérique du Sud est également marquée par la fête du Travail.
Des manifestations sont traditionnellement organisées dans plusieurs pays, comme l’Argentine, le Chili, ou encore le Brésil. Mais ces défilés politiques ont peu à peu perdu de leur superbe, au profit de pique-niques et de rendez-vous sportifs.
Au Paraguay aussi, des rassemblements ont lieu, mais avec un caractère spécial. Comme le veut la coutume, ce sont les patrons qui invitent leurs employés pour un barbecue convivial.
Amérique du Nord
Les États-Unis et le Canada ne profitent pas d’un jour férié le 1er mai. A la place, le " Labor Day " nord-américain est organisé lors du 1er lundi de septembre.
En cause : une vieille volonté des syndicats américains à tendance libérale, de se différencier de leurs homologues européens, historiquement plus proches des tendances marxistes. Cette date différente permet également au " Labour Day " de ne pas faire référence à la manifestation du 1er mai 1886 dans l’usine McCormick de Chicago. Une manifestation violemment réprimée, qui marque l’origine de la fête du Travail telle qu’on la connaît aujourd’hui.
À noter qu’au Québec, certains syndicats manifestent tout de même le 1er mai par solidarité avec les Européens.
Japon
Au pays du soleil levant, le travail est presque devenu un univers impitoyable. Mais les Japonais peuvent tout de même profiter d’un peu de répit en cette période printanière.
Il n’y a pas de fête du Travail à proprement parler, lors du 1er mai. Mais à la place, les travailleurs profitent de la " Golden Week " (la semaine d’or). Une semaine de 4 jours de congé au début du mois mai.
Elle commence le 29 avril par le " Showa Day " pour commémorer l’Empereur Showa, décédé en 1989. Ensuite, les Japonais célèbrent le " Kenpokinenbi " (jour de la constitution) le 3 mai, puis le " Midori no hi " (jour vert) le 4 mai pour profiter de la nature. Enfin, le 5 mai, place au " Kodomo no hi " (fête des enfants). Une journée où l’on retrouve traditionnellement des banderoles en forme de carpes koï dans les jardins. Elles symbolisent la force et la détermination.
Les Japonais profitent généralement de cette période pour faire du tourisme dans le pays, et pour décompresser en famille.